Chez Emmaüs Défi, les matelas et le mobilier des JOP seront redistribués à des personnes en situation de précarité
À l’issue des Jeux olympiques et paralympiques, la structure Emmaüs Défi s’occupera du réemploi de plus de 4 000 matelas et de mobilier en provenance du village des athlètes. Les dons serviront à la Banque solidaire de l’équipement, un dispositif qui aide à se meubler les personnes en situation de précarité accédant pour la première fois à un logement pérenne.
Près du métro Riquet, dans le 19e arrondissement de Paris, 1 000 mètres carrés de magasins regroupent des meubles, de la vaisselle, des livres ou encore du textile d’occasion. À l’ouverture, les clients qui formaient une longue queue dans la rue pénètrent dans les locaux, accueillis en musique par quelques-uns des 150 salariés en insertion employés par la structure Emmaüs Défi.
La scène bien qu'un peu impressionnante est ordinaire pour la plus grande ressourcerie de la capitale, qui s’apprête, après les Jeux olympiques et paralympiques (JOP), à recevoir un nouvel afflux de matelas et de mobilier, en provenance directe du village des athlètes.
Du mobilier du village et 4 000 à 5 000 matelas
Identifié par deux fournisseurs des JOP, Emmaüs Défi a discuté pendant deux ans avec ces derniers pour bénéficier de la promesse faite par Paris 2024 d’un héritage social positif et durable des Jeux, explique Gwendoline Lafarge, chargée de projet Jeux olympiques et paralympiques chez Emmaüs Défi.
Le pari de l’association semble réussi. Sur les 17 000 matelas fabriqués à partir de filets de pêche pour le village des athlètes et des médias par l’entreprise japonaise Airweave, 4 000 à 5 000 seront donnés à Emmaüs Défi à l’issue des Jeux. Un don qui s’inscrit dans l’obligation pour Airweave, partenaire premium du CIO, de donner une seconde vie à la literie fournie. Le reste des matelas sera distribué à d’autres bénéficiaires, dont l’école de ballet de l’Opéra de Paris, l’armée française et l’école hôtelière Tsuji.
L’autre partenaire avec lequel Emmaüs Défi a conclu un accord est la société australienne RGS Events, sélectionnée comme fournisseur officiel du mobilier pour Paris 2024. De ce côté, l’association récupérera des produits de première nécessité et du mobilier de la chambre des athlètes, dont des tables, des fauteuils, des canapés clic-clac et des produits de salle de bain.
Les objets trouvés et placés dans le « bric-à-brac » viendront compléter les dons faits à la structure.
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Des dons à destination de la banque solidaire de l’équipement
Les matelas et le mobilier récupérés alimenteront les réserves de la Banque solidaire de l’équipement, explique quant à elle Léa Genies, directrice de la communication de la structure.
Créé en 2011, ce dispositif est un système qui permet de fournir des équipements neufs à des personnes ayant trouvé un logement pérenne après être sorties de la rue ou d’un foyer. Dirigées vers Emmaüs par des travailleurs sociaux, ces dernières peuvent obtenir à un prix solidaire du mobilier ou des appareils électroménagers provenant d’invendus des entreprises partenaires.
Parmi les bénéficiaires, la majorité sont des familles monoparentales, principalement des femmes seules avec un ou plusieurs enfants. Pour se fournir, chaque famille peut se rendre jusqu’à trois fois dans l’appartement témoin mis en place par Emmaüs et choisir ce dont elle a besoin, en fonction de son budget. En moyenne, les équipements proposés par Emmaüs sont entre cinq et vingt-cinq fois moins chers que les prix du marché.
Un défi logistique
En 2023, 5 000 personnes ont bénéficié du dispositif de la Banque solidaire de l’équipement, désormais présent dans cinq villes de France, dont Lyon et Toulouse, explique Gwendoline Lafarge.
Pour Emmaüs Défi, la récupération du mobilier des JOP est un enjeu de taille. « Nous estimons à 1,2 million d’euros les économies représentées par le mobilier et les matelas qui vont nous être donnés », met en avant Gwendoline Lafarge. « Les dons issus des Jeux olympiques vont représenter quatre à cinq ans de stock. C’est une très belle opportunité mais qui constitue un vrai défi logistique », ajoute-t-elle.
L’association est encore en recherche de partenaires pour assurer le transport et le stockage des dons, qui équivalent à 2 300 palettes et 80 camions semi-remorques.
Élisabeth Crépin-Leblond