Aller au contenu principal
Par Carenews INFO - Publié le 18 novembre 2025 - 16:30 - Mise à jour le 18 novembre 2025 - 17:49 - Ecrit par : Léanna Voegeli
Recevoir les news Tous les articles de l'acteur

La Break poverty foundation s’intéresse à l’insertion dans l’emploi des jeunes issus de la voie professionnelle

Dans une étude rendue publique ce lundi 17 novembre, la Break poverty foundation aborde les difficultés d’insertion dans l’emploi des jeunes qui optent pour la voie professionnelle. Cette filière qui prépare directement à un métier concerne 700 000 élèves chaque année.

Chaque année 700 000 jeunes empruntent la voie professionnelle, dont 70 % d'élèves issus de milieux dits défavorisés. Crédit : iStock
Chaque année 700 000 jeunes empruntent la voie professionnelle, dont 70 % d'élèves issus de milieux dits défavorisés. Crédit : iStock

 

 

Près d’un jeune sur quatre issu de la filière professionnelle ne parvient pas à intégrer le marché de l’emploi. C’est le constat de l’étude « Les décrochés de la voie professionnelle – comprendre et agir », publiée par la Break poverty foundation, dont l’objet est de prévenir la pauvreté des enfants et des jeunes. Restituée au Conservatoire national des arts et métiers à Paris, ce lundi 17 novembre, l'enquête aborde les inégalités qui frappent les élèves passés par cette voie majeure du système scolaire. L’ouvrage a été réalisé en partenariat avec huit autres fondations, notamment la Fondation AlphaOmega ou encore la Fondation groupe EDF. 

Pour rappel, ces formations (certificat d’aptitude professionnelle – CAP –, bac professionnel, etc.) préparent directement à un métier. Et chaque année, 700 000 jeunes empruntent ce chemin, dont près de 70 % d’élèves issus de milieux dits défavorisés. La filière accueille donc un tiers des élèves qui poursuivent leurs études après la troisième. Or parmi eux, 180 000 ne parviennent pas à s’insérer dans le monde du travail par la suite.  

Deux catégories se dessinent parmi ceux qui ont du mal à s’insérer sur le marché du travail. La première qui concerne les jeunes qui n’ont pas obtenu leur diplôme (c’est le cas de 54 % des « décrochés » de la voie professionnelle)) et la seconde relative à ceux qui malgré leur diplôme ne parviennent pas à s’insérer (46 %)).  

Les élèves issus de la voie professionnelle représentent ainsi 61 % des 500 000 jeunes éloignés de l’emploi.  

  

Des associations peu mobilisées auprès des jeunes empruntant la voie professionnelle 

  

Les auteurs de l’enquête citent deux raisons qui pourraient expliquer ce faible taux d’insertion. Figure tout d’abord le niveau des jeunes à l’entrée de la formation. Les jeunes en voie professionnelle sont en effet six fois plus nombreux qu’en voie générale à être en grande difficulté scolaire (30 % contre 5 %). De fait, une majorité a été orientée vers une filière professionnelle car leur niveau ne permettait pas d’intégrer un cursus général et technologique.  

Ensuite, c'est l’insuffisance des moyens éducatifs par rapport aux besoins qui est pointée. En effet, les moyens que déploient l’Éducation nationale pour un jeune sont seulement 10 % plus élevés que dans la voie générale. Cela pose question, étant donné la présence importante d’élèves en difficulté. 

Autre fait notable : les associations qui œuvrent dans le champ de l’égalité des chances agissent peu auprès des élèves de la voie professionnelle. Par exemple, ces jeunes représentent seulement 3 % des 160 000 mentorés dans le cadre du plan « 1 jeune 1 mentor ». 

 

92 000 jeunes sans diplôme par an : 60 % issus de la filière professionnelle 

 

La proportion de jeunes sans diplômes est aussi beaucoup plus élevée que dans la voie générale. Les auteurs de l'enquête prennent en compte les dernières données de l'Éducation nationale qui s’appuie sur le parcours d'élèves de la sixième jusqu'à l'obtention d'un diplôme. Trois observations peuvent être faites. Tout d'abord, la part de jeunes sans diplômes dans la voie professionnelle atteint 25 %, alors qu'ils sont seulement 6,1% dans la voie générale et technologique. Les premiers ont donc quatre fois plus de risques que les seconds de ne pas obtenir le précieux sésame. 

Ensuite, ce sont les jeunes issus de la filière CAP qui rencontrent le plus de difficultés. Près d'un tiers n'obtient pas son diplôme contre un sur cinq en bac professionnel. Dans cette optique, les auteurs de l’enquête soulignent que le CAP est le dernier diplôme dans la hiérarchie scolaire professionnelle. Si un élève échoue, il n’a pas de diplôme « inférieur » vers lequel se réorienter, contrairement aux bacs généraux ou aux bacs professionnels. C’est pourquoi le taux d’échec y est plus élevé.  

Enfin, sur les 92 000 jeunes qui n'obtiennent pas leur diplôme chaque année, 60 % viennent de la voie professionnelle« Un poids qui confirme à quel point [cette filière] constitue un enjeu majeur en matière de lutte contre le décrochage scolaire », peut-on lire dans le rapport. 

 

Faire de l’apprentissage un outil d’insertion et de prévention  

 

C'est justement pour lutter contre ce décrochage que la Break poverty foundation émet cinq recommandations. Parmi elles, figure une césure préparatoire à l'entrée en voie professionnelle, dispositif qui a déjà fait ses preuves au Portugal. L’objectif est de « remobiliser les jeunes » avant leur entrée en formation, à l’issue de la troisième. Une certification à la fin de la césure permettrait de valoriser leurs compétences, que ce soit pour continuer leurs études ou pour entrer dans le monde du travail.  

Une autre recommandation invite à transformer l’apprentissage en outil d’insertion et de prévention du décrochage pour les élèves en difficulté. En effet, l’apprentissage reste peu accessible aux élèves issus de milieux défavorisés, alors qu’il permet une meilleure insertion professionnelle : 67 % des élèves en CAP avec apprentissage sont en emploi 6 mois après l’obtention de leur diplôme, contre 33 % des élèves en CAP sans apprentissage. Par ailleurs, l’apprentissage peut être source de décrochage : ainsi, le taux de sortie sans diplôme pour les apprentis en dernière année de formation atteint environ 25 %.  

Le rapport propose donc, l’instauration d’un dispositif de prépa-apprentissage ciblé sur les élèves les plus en difficultés sociales et scolaires. Les autres recommandations visent entre autres à mobiliser davantage la société civile et les entreprises, à sécuriser l’entrée des jeunes sur le marché du travail après le diplôme, et à renforcer les moyens alloués aux personnels éducatifs pour mieux soutenir les élèves en difficulté. 

76 % des enseignants se disent en effet insuffisamment formés pour réaliser certaines tâches, comme personnaliser le suivi des élèves les plus en difficulté. Ils notent également que les temps d’échanges de bonnes pratiques entre pairs restent limités.  

 

Léanna Voegeli  

Fermer

Cliquez pour vous inscrire à nos Newsletters

La quotidienne
L'hebdo entreprise, fondation, partenaire
L'hebdo association
L'hebdo grand public

Fermer