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Par Carenews INFO - Publié le 23 juin 2022 - 17:04 - Mise à jour le 23 juin 2022 - 17:17
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La sensibilisation des députés aux questions climatiques peut-elle accélérer la transition écologique ?

L’objectif de l’opération #MandatClimatBiodiversité est simple : former les acteurs politiques pour qu’ils s’engagent dans la transition écologique. Du 20 au 22 juin, les députés élus ou réélus aux dernières législatives étaient invités à rencontrer des scientifiques experts des enjeux de climat et de biodiversité au cours d’ateliers organisés sur l’Esplanade des Invalides. Un pari gagnant ?

La sensibilisation des députés aux questions climatiques peut-elle accélérer la transition écologique ? Crédit photo : dutourdumonde
La sensibilisation des députés aux questions climatiques peut-elle accélérer la transition écologique ? Crédit photo : dutourdumonde

 

Une première. 40 scientifiques, 154 députés dont au moins un parlementaire pour chaque groupe politique. Christophe Cassou et Matthieu Orphelin sont satisfaits du résultat de l’opération #MandatClimatBiodiversité qu’ils ont lancée le 20 juin dernier. Pour le climatologue et l’ex-député écologiste du Maine-et-Loire, les ateliers ont permis « un vrai partage » qui « irriguera »  l’exercice du mandat de ces députés nouvellement élus. Mais ces temps d’échange autour de l’environnement suffiront-ils à faire la différence ?

 

TRANSMETTRE LE CONSENSUS SCIENTIFIQUE DES ENJEUX CLIMATIQUES 

 

Expliquer aux élus la nécessité urgente d’agir pour lutter contre le changement climatique ? L’idée peut sembler farfelue alors que les rapports du Giec réclament déjà depuis plusieurs années une réaction politique rapide pour éviter un désastre. Pourtant, une étude de l’ADEME pointe du doigt leur manque d’information sur les questions environnementales. En 2020, 20 % des députés français estimaient que le changement climatique était une « hypothèse sur laquelle les scientifiques [n’étaient] pas tous d’accord. »

 

Les scientifiques participant à l’opération #MandatClimatBiodiversité sont nombreux à pointer le problème du doigt. Au micro de FranceInfo, Wolfgang Cramer, contributeur au Giec déplore : «  Nos rapports ne sont pas lus. » Une seule solution selon Sophie Szopa, directrice de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement interrogée par RFI : « Accompagner cette science auprès des décideurs. »

 

Dans les ateliers, les scientifiques et les bénévoles de l’association Pour un réveil écologique prennent le temps d’échanger avec les élus, de répondre à leurs questions et leur distribuent également de très courts résumés des rapports du Giec. Un moyen de provoquer une prise de conscience chez les députés. « Les rapports que l’on écrit ne sont utiles que si les décideurs s’en emparent », justifie Christophe Cassou, membre du Giec et coorganisateur de l'événement interrogé sur franceinfo.

 

UN RÉSULTAT EN DEMI-TEINTE ?

 

Malgré tout, il semble qu’il faille relativiser les effets de l’opération. Si plus de 150 députés se sont déplacés, ils ne représentent qu’un quart de l’hémicycle. De plus, si chaque groupe parlementaire était représenté, ceux des Républicains et du Rassemblement National ne l’ont été que par un unique député.

 

D’un bout à l’autre de l’échiquier politique, le contraste est frappant : d’après FranceInfo, seul 1 % des députés RN se sont déplacés contre plus de la moitié des députés Nupes. Dès lors, on peut se demander si les députés qui se sont rendus aux ateliers ne sont pas ceux qui étaient déjà sensibilisés sur le sujet.

 

Comme le rappelle le journaliste Thomas Baïetto, l’opération #MandatClimatBiodiversité part du principe que le manque d’information sur les questions climatiques est responsable du manque de réaction des élus. En réalité, ce dernier est souvent imputable à des choix politiques bien conscients. Certains députés comme Nicolas Dupont-Aignan ne cachent par exemple pas leur hostilité au Giec.

 

Indéniablement, ces trois jours consacrés au climat et à la biodiversité ne parviendront pas à eux seuls à changer la donne. Mais faut-il pour autant considérer l’opération comme un échec ?

 

« UN PREMIER RENDEZ-VOUS » AVANT DE PROCHAINES FORMATIONS PLUS APPROFONDIES ?

 

Comme le précisent Matthieu Orphelin et Christophe Casson, il s’agit là d’une grande première. Jamais une session de formation sur les questions écologiques n’avait été ainsi offerte aux nouveaux parlementaires.

 

Les organisateurs eux-mêmes présentent l’opération comme une « formation premiers secours ». Une fois ces « premières graines » semées, reste à « pérenniser la formation des parlementaires ». De nombreuses pistes peuvent être envisagées comme des mises à niveau annuelles, des séminaires dans les cabinets ministériels ou encore des interventions par groupe ou par commission parlementaire.

 

Les événements des prochains mois comme la COP15 Biodiversité d’octobre 2022 ou la publication en fin d’année de la synthèse du dernier rapport du Giec pourraient être l’occasion de nouvelles opérations de sensibilisation. Si ces trois premiers jours de formation ne permettront sans doute pas de faire la différence, ils ouvrent la voie à d’autres échanges entre les acteurs politiques et le milieu scientifique en faveur de la transition écologique.

 

Maxime Dhuin 

 

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