GIEC : quelles sont les solutions pour contenir le réchauffement climatique à 1,5°C ?

Alors que les émissions annuelles moyennes de gaz à effet de serre sont à leur plus haut niveau de l’histoire – 12 % plus élevées qu’en 2010 et 54 % de plus qu’en 1990 –, le GIEC a publié le 4 avril, avec deux jours de retard, le dernier volet très attendu de son sixième rapport sur les changements climatiques. Après en avoir présenté les bases et ses effets sur la planète, le groupe d’experts onusien expose les solutions pour contenir le réchauffement climatique et limiter ses conséquences. 

« Nous sommes à la croisée des chemins », a prévenu Hoesung Lee, le président du GIEC. 

3 ans pour agir

Principal enseignement : pour atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris, les émissions de carbone doivent atteindre leur niveau maximum en 2025 et diminuer de près de la moitié (43 %) d’ici 2030 pour maintenir les températures à +1,5°C et d’un quart pour de pas dépasser les +2°C. 

Les prochaines années sont décisives, mais ce n’est pas impossible, comme le démontre le ralentissement de la croissance des émissions, passée de 2,3 % à 1,3 % par an. « Sans une réduction immédiate et radicale des émissions dans tous les secteurs, ce sera impossible », a précisé l’un des co-auteurs, James Skea. 

S’appuyer sur les politiques climatiques existantes

Du secteur de l’énergie, à celui de l’industrie, de l’agriculture ou encore du bâtiment, il s’agit désormais de « prendre les bonnes décisions », comme l’a rappelé le président du GIEC qui fait preuve, malgré tout, d’optimisme. En effet, il rappelle que 18 pays ont réussi à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pendant plus de dix ans. Il invite aussi la scène internationale et les gouvernements à s’appuyer sur les politiques climatiques existantes « qui se révèlent efficaces ». En effet, en 2020, 56 pays couvrant plus de la moitié des émissions mondiales, ont mis en place de nouvelles lois et réglementations en faveur du climat.

Investir dans les technologies bas-carbone

Le message est clair : l’action climatique doit reposer sur la réduction de l’utilisation des énergies fossiles, combinée au développement des technologies bas-carbone ou de captage du CO2.

« Si nous opérons les bons choix en matière de politique, d'infrastructures et de technologies, nous pourrons changer nos modes de vie et nos comportements, avec à la clé une diminution de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 », a déclaré Priyadarshi Shukla, coprésident du groupe de travail.

Le GIEC préconise, entre autres, de diminuer, respectivement, de 95 %, 60 % et 45 % par rapport à 2019, l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz. Autre « mesure de transition », une plus grande efficacité énergétique et un accroissement des énergies renouvelables qui sont, selon le groupe d’experts, de moins en moins coûteuses.

Multiplier par 3 à 6 fois les ressources financières

Ces mesures de transition ont toutefois un coût. Le GIEC anticipe un léger ralentissement du PIB mondial, mais prévient que l’inaction climatique serait bien plus onéreuse. Selon les experts, nous devons multiplier par 3 à 6 fois les investissements pour limiter la hausse des températures d’ici 2030. « Le volume de capitaux et de liquidités disponibles à l’échelle planétaire est suffisant pour atteindre le montant à investir », précise tout de même le GIEC.

La justice climatique 

Les solutions ne pourront pas seulement être technologiques ou sectorielles. Elles devront être sociales. En effet, la répartition des émissions de carbone est inégale selon le niveau de vie. Les 10 % les plus riches contribuent ainsi à 34 à 45 % de l’empreinte carbone des ménages contre 50 % des moins aisés qui n’y contribuent qu’à hauteur de 13 à 15 %. Dans ce dernier volet, le GIEC pose une nouvelle fois la question de la justice climatique et la nécessité de penser la lutte contre la crise climatique de pair avec la réalisation des objectifs de développement durable. 

Lisa Domergue