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Par Carenews INFO - Publié le 10 novembre 2023 - 11:00 - Mise à jour le 26 janvier 2024 - 01:13 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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One Planet-Polar Summit : Comment adapter les villes côtières à l’élévation du niveau de la mer ?

Le projet Sea’ties, porté par la plateforme Océan et Climat, publie, à l’occasion du One Planet-Polar Summit qui se tient du 8 au 10 novembre à Paris, ses recommandations pour l’adaptation des villes côtières à l’élévation du niveau de la mer. Une « coalition mondiale » pour l’adaptation des littoraux est lancée.

La ville de Nice accueillera la conférence des Nations-Unies sur les océans en juin 2025.  réduit photo : StockByM, iStock
La ville de Nice accueillera la conférence des Nations-Unies sur les océans en juin 2025. réduit photo : StockByM, iStock

 

La hausse de la température des océans associée à la fonte des glaces de la planète provoque l’augmentation du niveau des mers. Dans son dernier rapport publié le 20 mars 2023, le GIEC estime que la montée du niveau moyen des océans atteindra au minimum 28 cm d'ici à 2100. Dans l’hypothèse où le monde conserve sa trajectoire actuelle, cette augmentation pourrait dépasser un mètre.

Or, la montée des eaux mondiales aura des conséquences sur les villes implantées en bord de mer « telles que la perte temporaire ou permanente de terres, des inondations chroniques dues aux marées, l’accélération de l’érosion côtière, la salinisation des sols et des réserves d’eau douce, ainsi qu’une dégradation accrue des écosystèmes », décrit le rapport publié par le projet Sea’ties jeudi 9 novembre. Le texte ajoute que « l’urbanisation et les activités humaines ont tendance à renforcer l’exposition et la vulnérabilité des populations côtières ».

Pour étudier les solutions possibles d’adaptation des villes côtières, le projet Sea’ties a réuni pendant trois ans des scientifiques issus de différentes disciplines et a organisé cinq ateliers dans différentes régions du monde. À l’issue de ce travail, Sea’ties établit quatre priorités d’actions pour les villes et les territoires ainsi qu’un appel à l’action internationale. Une « coalition mondiale » intitulée « Ocean Rise and Resilence » est lancée à l’occasion du sommet et placée sous la présidence du maire de Nice, Christian Estrosi.

 

Relocaliser les villes 

« La seule solution à long terme est la relocalisation des villes. Les protections intermédiaires comme les digues ne seront pas suffisantes », explique Raphaël Cuvelier, vice-président de la plateforme Océan et Climat. Même si l’objectif fixé par l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique en dessous de 2° était tenu, l’eau des mers de la planète continuera à monter longtemps après la fonte des glaces déjà entamée. Pour faire face aux conséquences du changement climatique, la politique des villes côtières devra être « adaptée au contexte local » détaille le rapport de Sea’ties dans sa première priorité. « La relocalisation des villes implique de fonctionner avec l'arrière-pays. On doit se demander où sera le trait de côte dans cinquante ans », appuie Raphaël Cuvelier. 

Mais l’adaptation au contexte local implique de pouvoir récolter des données scientifiques à l’échelle de chaque territoire. Pour cela « il faut construire des observatoires et partager les données », soutient le vice-président d’Océan et Climat. Par ailleurs, « il faut aussi réfléchir à la manière d’intégrer les connaissances locales et des autochtones », ajoute-t-il.  

Prendre en compte la Justice sociale

La montée du niveau des mers concerne à l’échelle de la planète plus d’un milliard d’habitants, avec des niveaux de richesse inégaux. Pour prendre en compte cette donnée, Sea’ties a consacré la deuxième priorité de son rapport à la justice sociale. « Il s’agit de tenir compte des différences de revenus. Par exemple à Marseille, la montée des eaux entraîne la réduction des plages qui sont majoritairement les zones de bord de mer accessibles aux populations les plus pauvres de la ville », explique Raphaël Cuvelier. 

« La vulnérabilité aux événements climatiques est exacerbée pour les types de populations les plus précaires », assure quant à elle Maina Sage, membre du comité d’orientation de Sea’ties et ancienne ministre du Tourisme et de l’Environnement dans le gouvernement de Polynésie française. Dans certaines régions de la planète, comme le détroit de Palk, qui relie le golfe du Bengale à la mer des Laquedives, les habitants ne disposent pas toujours des ressources financières suffisantes pour se déplacer en cas de submersion. L’anticipation est donc nécessaire pour préserver toutes les populations y compris les plus fragiles. 

Mais l’adaptation des villes et la construction d’observatoires capables de récolter des données locales nécessitent des investissements conséquents de la part des États.  « L’idée est de créer un fonds global qui aidera les villes concernées », explique Romain Troublé, président de la plateforme Océan et Climat et directeur général de la Fondation Tara Océan

 

Financer l’adaptation

Les montants nécessaires pour relocaliser les villes peuvent être colossaux. « L’énorme sujet, ce sont les financements publics et la solidarité internationale », résume Raphaël Cuvelier. La quatrième priorité du rapport de Sea’ties appuie donc sur cette nécessité de « construire un modèle financier solidaire et adapté aux villes côtières ».

Présent lors du One Planet-Polar Summit, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires évoque lui aussi des « mécanismes de solidarité ». Interrogé sur le sujet des financements pour l’adaptation des villes françaises à la montée des mers, Christophe Béchu mentionne notamment le « Fonds vert » et le « Plan national d'adaptation au changement climatique » mis en place par le gouvernement. 

Le sujet de l’adaptation à l’élévation du niveau des mers a été confié en amont du sommet par Emmanuel Macron au maire de Nice Christian Estrosi, qui doit accueillir dans sa ville la conférence des Nations-Unies sur les océans en juin 2025. Il était présent ce jeudi à Paris pour annoncer le lancement de cette mission, aux côtés des membres de la plateforme Océan et Climat, de membres de l’Organisation météorologique mondiale, du ministre de la Transition écologique, de l’ambassadeur pour les pôles et les enjeux maritimes Olivier Poivre d’Arvor et de Kiren Riju, le ministre indien de la terre et des sciences.

 

Elisabeth Crépin-Leblond 

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