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Par Carenews INFO - Publié le 6 décembre 2024 - 10:59 - Mise à jour le 6 décembre 2024 - 12:38 - Ecrit par : Léanna Voegeli
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Comment l'ESS peut-elle se réapproprier les « données » ?

Comment l'économie sociale et solidaire peut-elle se réapproprier les données des utilisateurs de services numériques pour les utiliser à des fins d'intérêt général ? C’est la question qui a jalonné la conférence d’ouverture de la semaine Numérique en commun[s] organisée par Social good accelerator. Les discussions ont eu lieu le 26 novembre, au Cedias-Musée social, à Paris.

Victoria Mandefield (Solinum), Constance Garnier (Fondation de France), Lou Welgryn (Data for good) et Raphaël Moreau (Uniopss) lors de la conférence d'ouverture de Numérique en commun[s], le 26 novembre. Crédit : Léanna Voegeli
Victoria Mandefield (Solinum), Constance Garnier (Fondation de France), Lou Welgryn (Data for good) et Raphaël Moreau (Uniopss) lors de la conférence d'ouverture de Numérique en commun[s], le 26 novembre. Crédit : Léanna Voegeli

 

 

Comment reprendre le pouvoir sur les données, pour les mettre au service de l'intérêt général, dans un monde dominé par les Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ? C’est la problématique dont se sont emparés les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) présents pour inaugurer la semaine Numérique en commun[s], le 26 novembre.

Les géants du numérique monétisent les données privées de leurs utilisateurs, souvent récoltées à leur insu. Ces données représentent par exemple 98 % des revenus de Facebook. « Les Gafam capturent ainsi une grande partie de la valeur économique générée par les citoyens, sans que leur consentement soit toujours éclairé et sans la redistribuer via l’impôt », plaide Social good accelerator, à l'origine de l'organisation de l'événement Numérique en commun[s], dans un billet de blog récent

Face à cela, « des associations, coopératives, fondations proposent des alternatives numériques qui éclairent les citoyens sur leurs usages, accompagnent la transition environnementale, rétablissent la justice sociale… Ces organisations issues de l'ESS se positionnent en alternative capable de redonner aux citoyens le contrôle de leurs données personnelles et de remettre la technologie au service de l’intérêt général », souligne Social good accelerator. 

 

Créer une base de données solidaire : exemple du soliguide

 

Comment faire des données un bien commun ? « L’idée du rapport à la donnée dans le secteur associatif pose la question des enjeux démocratiques et de l’appropriation du numérique par tous », déclare d’emblée Emmanuel Porte, chargé d’études et de recherche au sein de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep). La gestion des données représente en effet un défi collectif pour les acteurs de l’ESS.

Victoria Mandefield, directrice générale et fondatrice de l’association Solinum en a bien conscience. Elle commence à développer le site et l’application Soliguide en février 2017 avec l’objectif de mettre à disposition des personnes en situation de précarité une véritable base de données comprenant toutes les adresses qui peuvent leur être utiles : hébergements ou encore lieux de distribution alimentaire. « Les données sont capables de répondre aux crises, d’où l’importance de données associatives mises à jour », affirme-t-elle.  

Victoria Mandefield évoque par exemple la traduction de Soliguide en ukrainien et en russe suite à l’arrivée de réfugiés ukrainiens en 2022. Traduction qui a permis d’adapter les aides proposées aux besoins des personnes. « La période du Covid a aussi été très significative », ajoute-t-elle. « Alors que 83 % des structures sociales ont dû fermer leurs portes, nos équipes et notre communauté de bénévoles ont mis à jour plus de 5000 fiches en une semaine ! », peut-on lire sur le site de l’association. 

 

« créer un pont entre les associations et les experts de la tech »

 

Pour que le secteur associatif se saisisse davantage de la question des données, Lou Welgryn évoque l’activité de l'association Data for good, dont elle est la co-présidente : « l’objectif de Data for good est de créer un pont entre les associations et les experts de la tech qui souhaitent mettre leurs compétences au service de l’intérêt général ». Pour cela, elle note l’importance d’aller au contact des associations et d’étudier avec elles l’impact qu’elles souhaitent avoir. Elle souligne également qu'une juste utilisation des données permet aux citoyens d'avoir une vision plus éclairée des services dont ils disposent.

La Commission européenne a initié le Code de conduite des données de l'ESS en novembre dernier. Ce guide entend redonner du pouvoir à l'usager de la structure numérique en matière de données personnelles par le biais « d'un ensemble de principes sur la manière dont les données doivent être gérées et utilisées au profit de l'économie sociale, en s'appuyant sur le cadre réglementaire européen existant et sur les valeurs qui sous-tendent l'économie sociale ». 

D'autres avancées réglementaires sont évoquées par Nicole Alix, présidente de la Coop des communs, qui visent à mieux appréhender la notion d'intérêt général. Elle évoque notamment l'« open data act », qui définit les donnée de forte valeur comme celles « dont la réutilisation est associée à des bénéfices importants pour la société, l'environnement et l'économie », et impose leur ouverture gratuite pour réutilisation. 

« Nous appelons à une mobilisation collective – société civile, ESS et services publics – pour une gestion des données et un modèle numérique centrés sur l’intérêt général, conclut Social good accelerator dans son billet de blog. C’est à cette condition que nous pourrons préserver l’Europe et la France du péril démocratique qui s’intensifie. »

 

Léanna Voegeli  

 

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