EXCLUSIF - Quelles sont les entreprises mécènes les plus généreuses en France ?

Quels sont les 20 mécènes les plus importants parmi les entreprises françaises ? C’est ce qu’ont cherché à identifier Equanity et Carenews, en exclusivité pour le Guide pro de l’intérêt général réalisé par Carenews. Verdict : grâce à son dividende sociétal, c’est le Crédit Mutuel Alliance Fédérale qui arrive en première position, avec 80 millions d’euros consacrés au mécénat financier en 2023, suivi par TotalEnergies (54 millions d’euros) et le groupe L’Oréal (53 millions d’euros).

Ce classement a été construit à partir de notre connaissance du secteur, des rapports publics disponibles pour l’année 2023 (rapport d’engagement, document d’enregistrement universel, etc.), et des retours des entreprises concernées. Il présente les entreprises en fonction du montant de mécénat financier qu’elles ont réalisé, exclusivement ou majoritairement en France, qu’il ait été déclaré fiscalement ou non.

Le montant de mécénat indiqué concerne l’ensemble des structures dédiées (fondations d’entreprise, fonds de dotation, fondations sous égide) ainsi que le mécénat en régie directe, c’est-à-dire réalisé directement par l’entreprise.

Les montants présentés dans ce tableau ont tous été confirmés par les entreprises concernées, sauf celui d’Engie, qui est issu de sa déclaration d’enregistrement universel.

Premier enseignement : une information complexe à collecter

La collecte de ces données a révélé des disparités dans la logique de consolidation du mécénat des entreprises elles-mêmes, celles-ci ne disposant pas systématiquement des chiffres agrégés des différentes structures concernées par le mécénat financier.

De ce fait, trois principaux défis ont émergé :

• le mécénat financier de ces groupes est souvent réparti entre différents périmètres géographiques et organisationnels, et piloté par des interlocuteurs parfois peu connectés entre eux ;
• les montants du mécénat en régie directe, c’est-à-dire donné en dehors des véhicules juridiques dédiés, sont plus difficiles à identifier car très épars ;
• selon les groupes, leurs activités et leurs implantations, la distinction entre mécénat réalisé en France et mécénat international varient en fonction de leurs déclarations d’engagement sociétal, en lien avec leurs enjeux de développement.

Deuxième enseignement : un mécénat très diversifié et plus riche qu’il n’y parait

Le mécénat de ces grands groupes est très fortement corrélé à la structuration de leur modèle économique, donnant lieu à une répartition dans des entités variées et pas toujours comparables les unes avec les autres. Certains groupes définissent leurs politiques de mécénat au plus près du terrain : par exemple, les banques mutualistes comme le Crédit Agricole, les Caisses d’Epargne ou le groupe Banque Populaire ont des structures de mécénat régionalisées. La politique de mécénat est ainsi très fortement connectée au territoire, mais n’est pas toujours mise en avant sur le plan national.

Les groupes qui ont diverses activités (Bouygues, Société Générale, L’Oréal…) ont souvent des structures de mécénat distinctes par entité ou marque. De plus, il est important de rappeler que le mécénat en régie directe, bien que moins mis en avant que les fondations, représente toujours des sommes très significatives. Il est davantage l'objet de décisions stratégiques de ces grands groupes et n'a pas pour obligation de s'insérer dans l'objet social de la fondation ou des véhicules juridiques dédiés au mécénat.

Ainsi, certaines entreprises, à travers leurs directions générales ou agences locales, peuvent soutenir des projets sans cadre strict. Environ 40 % de l’enveloppe globale de mécénat passe encore par cette voie.

Troisième enseignement : une nette progression des dotations des fondations d’entreprise

Depuis une étude menée par Carenews en 2018 sur les dotations des grandes fondations d’entreprise, les montants de mécénat ont connu une belle progression. Les 10 premières entreprises mécènes de cette nouvelle liste représentent aujourd’hui 483 millions d’euros (contre 102 millions en 2018 pour les 10 premières fondations).

Certaines fondations ont même doublé leurs dons annuels, comme la Fondation TotalEnergies, passée de 20 à 40 millions d’euros, ou encore Société Générale, qui a vu ses dons annuels passer de 4 à 11 millions d’euros. D’autres fondations, comme celle d’Orange, de Michelin ou de Carrefour, ont plutôt stagné, ce qui ne signifie pas une absence de progression globale du mécénat dans ces entreprises.

Les montants les plus importants de dotation sont atteints lorsque le mécénat s’intègre dans une stratégie business de l’entreprise. Par exemple, le dividende sociétal du Crédit Mutuel Alliance Fédérale a permis à sa fondation de devenir le premier mécène en France en 2023. De la même manière et plus ponctuellement, un rachat massif d’actions par BNP Paribas a permis de verser 20 millions d’euros en mécénat cette même année.

Pour aller plus loin dans l’analyse

Ces premiers enseignements traduisent une évolution rapide et structurelle du mécénat des entreprises. Sans se limiter strictement à une vision comptable de celui-ci, nous notons une transformation des pratiques et des motifs d’engagement dans ces grands groupes qui nous poussent à investiguer davantage ces dynamiques.

Pour en saisir toutes les tendances, Equanity et Carenews s’associent pour lancer une grande étude, à la fois quantitative et qualitative, sur l’engagement sociétal des entreprises.

Cette étude viendra compléter les travaux de référence, comme ceux de la Fondation de France, Admical ou Les Entreprises pour la Cité / Centre français des fonds et fondations. L’étude complète sera présentée en exclusivité aux répondants fin avril 2025, avec une publication prévue courant mai 2025.

Nous interrogerons les entreprises sur six dimensions clés de leur engagement :

• les champs d’intervention ;
• les ressources mobilisées ou allouées ;
• le dialogue avec les parties prenantes ;
• l’aire géographique d’intervention ;
• son intégration à la stratégie de l’entreprise ;
• la mesure des résultats et de l’impact.

Toutes les entités impliquées dans des actions de mécénat peuvent participer à cette étude, dont la collecte des données se déroulera de mi-novembre 2024 à mi-janvier 2025.

La rédaction