Impact Tank encourage la recherche sur l'innovation sociale à l’échelle européenne
Dans le cadre de la PFUE, Agnès Audier, présidente de l’Impact Tank, à l'initiative du ministère de la Recherche, a réuni un parterre d’universitaires européens lors d'une conférence, vendredi 11 mars, pour échanger sur les promesses de l'innovation sociale.
La conférence « Encourager l’innovation sociale en Europe, de la recherche à l’action » a eu lieu ce vendredi 11 mars en présence de plusieurs universitaires européens, impliqués dans le secteur de l'économie sociale, pour penser l'innovation sociale à l’échelle de l’Europe.
Chez Impact Tank, nous sommes convaincus que pour développer l’innovation sociale et la passer à l’échelle, nous avons besoin que des chercheurs se mobilisent tant pour évaluer, réfléchir, expliquer et diffuser que pour réussir à rassembler les financements et les politiques publiques nécessaires », explique Agnès Audier, Présidente de l’Impact Tank.
Des thèmes majeurs ont émergé
Pendant la conférence, certains thèmes sont apparus comme clés. Tout d’abord, le rôle des États ou de la Commission sur ces sujets, que font-ils et comment pourraient-ils faire plus ? La formation des jeunes universitaires et des fonctionnaires sur ces sujets de l'innovation, a été évoquée. En effet, pour développer l'innovation sociale, il faut que les anciennes et nouvelles générations soient formées pour les faire changer et passer à l’échelle, précise la présidente de l'Impact Tank. Et démontrer l’impact des actions pour pouvoir les financer. « Si on veut passer à l’échelle et modifier les réglementations et les lois, il faut arriver à démontrer l’impact et définir les conditions du déploiement de la mise à échelle de ce qui fonctionne déjà », indique Agnès Audier.
Autre constat, ce n’est pas le secteur de l’ESS qui peut le faire, mais des tiers de confiance, comme le sont les universitaires et il faut également entraîner les entreprises. « Il faut “cross fertiliser” entre ce que font les entreprises et le secteur de l’ESS. Les universitaires pourraient ainsi évaluer les projets de l’économie sociale et ceux des entreprises avec les mêmes méthodologies », précise-t-elle.
Il y a eu un échange sur la participation des citoyens à l'innovation sociale et le fait que l'innovation technologique est très descendante. L'innovation sociale s’inscrit dans une démarche où elle commence par exister sur le terrain et remonte vers les acteurs. « C'est d’ailleurs un sujet pas encore vraiment formalisé », relève-t-elle.
Des entrepreneur.se.s, tel.le.s que Lisa Hehenberger, placent l’innovation sociale au cœur des modèles économiques des entreprises, Yuna Chiffoleau, Anna Seravalli, et Frank Moulaert ont questionné le cadrage de l’innovation sociale par les décideurs publics européens autour du secteur privé. Selon elles et eux, et Jürgen Howaldt rejoint cette vision, « les initiatives citoyennes doivent être mieux prises en compte et encouragées. »
La question de la mesure d’impact
Les intervenant.e.s sont revenus également sur la nécessité de mesurer l’impact de l’innovation sociale sur différentes périodes temporelles, en particulier sur le long-terme. « L’Union Européenne dispose d’un rôle clé dans l’élaboration de lignes directrices ainsi que d’outils accessibles permettant aux acteurs d’évaluer facilement leur impact. »
De même que l’innovation sociale doit être conçue et mise en œuvre dans une démarche participative, le processus de mesure d’impact doit également être collaboratif. Les intervenant.e.s affirment que les indicateurs doivent être pensés en accord avec les porteur.se.s de l’innovation sociale afin de définir des critères qui répondent à leurs différents besoins.
Les outils de mesure d’impact doivent inclure des indicateurs, mais également des temps d’échange et des actions participatives avec les populations locales.
Cela est notamment nécessaire lorsqu’il s’agit de mesurer le changement dans les comportements et les relations. La mesure d’impact social n’est pas, du moins pas seulement, la simple évaluation du succès économique des innovations sociales.
Les principaux défis de l’Union Européenne
Les participants ont ensuite évoqué le rôle de l’Union Européenne en tant que « coordinateur et financeur ». Elle doit permettre de co-construire les lignes directrices de l’innovation sociale, sans pour autant ignorer les spécificités de chaque contexte. Les innovations sociales étant principalement pensées au niveau local, il s’agit ici de capitaliser sur les projets de recherche européens, de combiner les approches des différents pays et de réfléchir à une mise à l’échelle des différentes initiatives existantes.
Enfin, l’un des principaux défis de l’Union Européenne est d’encourager chaque entreprise à s’engager à relever les défis sociaux et environnementaux actuels, via la législation, la taxonomie ou encore les incitations financières.
« Il faut que cela soit inscrit dans leurs objectifs de créer de la richesse et de se développer tout en créant des offres ou actions qui concernent des publics fragiles. Ce lien est encore trop ténu entre l’ESS et le monde de l 'entreprise », conclut Agnès Audier.
La rédaction