Les Pays-Bas, pays le plus généreux d’Europe ?
Quel est le pays le plus généreux d’Europe ? La Grande-Bretagne avec sa culture anglo-saxonne ? La Suisse et ses milliardaires ? L’Allemagne et ses nombreuses fondations ? Les Pays-Bas ont de beaux arguments à faire valoir dans ce vrai/faux. Dans un pays où la générosité représente 5,7 milliards d’euros, comment donne-t-on ? Plongée dans la philanthropie de nos voisins bataves.
Des donateurs particulièrement nombreux
Si l’on ne regarde que le nombre de personnes donatrices, les Pays-Bas arrivent en tête du classement des pays d’Europe. Près de 85 % de la population déclare ainsi faire un don à un organisme sans but lucratif et la collecte auprès des individus atteint 2,4 milliards d’euros.
Au-delà de ce chiffre impressionnant (en augmentation constante depuis 2011), la réalité est évidemment plus contrastée.
Comme le précise “Giving in the Netherlands”, une loi de Pareto s’applique et 20 % des foyers contribuent pour 80 % des montants donnés. Ainsi, 26 % des foyers donnent moins de 25 euros et seuls 1,5 % des foyers donnent plus de 2 000 euros par an. Ce champ particulièrement hétérogène explique, pour partie, un don moyen relativement bas : 204 euros (pour 540 en France).
Cette générosité, à la fois large par son public et parfois modeste dans ses montants, s’explique peut-être en partie par le mode de collecte préféré des Hollandais : le porte-à-porte ! En 2013, 78 % des répondants au sondage indiquent avoir donné par ce biais.
Les organisations religieuses, premières collectrices
Ce mode de collecte est à ce point populaire qu’il existe des permis de sollicitations délivrés par l’association néerlandaise de référence pour juguler le nombre de collecteurs et éviter les abus.
Les causes préférées des Néérlandais sont la santé (74 % déclarent avoir fait un don à une organisation active dans ce domaine), l’environnement (une catégorie qui inclut aussi le soutien aux animaux, à la nature et qui séduit 44 % des donateurs), l’aide internationale (41 % des donateurs) et les actions de lutte contre la pauvreté (35 %).
Si elles ne sont plébiscitées que par 29 % des donateurs, les organisations religieuses récoltent, quant à elles, 841 millions d’euros sur les 2,4 milliards d’euros donnés par les individus, le plus gros montant pour cette catégorie de donateurs.
Mécénat d’entreprise : une confusion avec le sponsoring
Du côté des entreprises, les montants donnés fluctuent énormément d’une année sur l’autre. Le montant pris en compte passe ainsi de 1,3 milliard en 2013 à 2 milliards en 2015 puis à 1,9 milliard en 2018, sans que l’on puisse expliquer simplement ces variations.
Un élément d’explication se trouve peut-être dans la définition fluctuante du mécénat d’entreprise. En effet, 60 % des entreprises ne font pas la différence entre le mécénat et le sponsoring. Une confusion qui explique pour partie le nombre important d’entreprises donatrices (70 %) et le premier récipiendaire de ces subsides : le sport (456 millions d’euros). La contribution moyenne s'établit à 1 988 euros (1 500 euros pour la France).
D’un point de vue fiscal, on estime la répartition à deux tiers de sponsoring, un tiers de mécénat sans que les données que nous avons pu consulter nous permettent de mieux comprendre pourquoi une telle confusion existe.
Notons enfin que 24 % des entreprises donnent via le volontariat d’entreprise : un mode de don cohérent lorsque l’on sait que 40 % des Néerlandais ont donné du temps au cours de l’année écoulée.
Les loteries, legs et fondations, trois contributeurs en plein essor
Autre spécificité de la générosité aux Pays-Bas : les loteries ! Si plusieurs initiatives ont récemment familiarisé les Français avec le don par le jeu, pour les Néerlandais, donner c’est jouer ! Les loteries représentent ainsi 10 % des dons du pays. Les montants collectés (près de 600 millions d’euros) vont principalement à l’aide internationale et à l’environnement. En 20 ans, les montants donnés ont augmenté de 60 %.
Le legs connaît lui aussi une popularité grandissante avec 323 millions d’euros donnés, en augmentation de 70 % depuis 2003. Quant aux fondations, ces dernières sont nombreuses, il existe 45 601 structures, selon les autorités fiscales néerlandaises. Là encore, leur nombre élevé cache des disparités importantes et un secteur en plein essor tiré vers le haut par quelques 500 “grosses” fondations collectrices.
A ce panorama d’une générosité à la fois importante en chiffres et partagée en acte, il convient d’ajouter la taille du secteur sans but lucratif néerlandais. Un véritable mastodonte qui contribue au PIB à hauteur de 31 milliards d’euros et représente 660 000 ETP soit 12,3 % de l’ensemble de l’emploi salarié du pays.
Un chiffre auquel il faut rajouter l’équivalent de 400 000 ETP par le biais du volontariat. Alors quel est le pays le plus généreux d’Europe ?
William Renaut
