Soutenons l'ESS à la hauteur de son utilité !
Comme chaque année en novembre, le mois de l’Economie Sociale et Solidaire revient. L’ESS est mis sur le devant de la scène, et c’est tant mieux ! Mais cette année, il résonne différemment, parce qu’il relève d’un paradoxe : jamais les acteurs de l’ESS n’ont été aussi indispensables à notre société et à notre avenir, et pourtant jamais il n’a été aussi impératif de les soutenir.
L’ESS n’est pas seulement une économie vivante de près de 200 000 entreprises ou organisations et de 2,7 millions de salariés. Les acteurs de l’ESS dans leurs formes multiples, qu’il s’agisse des associations, des mutuelles, des fondations, des coopératives ou des sociétés commerciales de l’ESS représentent surtout une économie à part entière, durable et juste, qui montre le chemin vers ce qui pourrait devenir une norme. C’est d’ailleurs le thème choisi par le Forum mondial de l’Économie Sociale et Solidaire (GSEF) pour sa 7ème édition, qui s’est tenu pour la première fois en France, à Bordeaux, du 29 au 31 octobre 2025 : faire de l’ESS « la norme qui régulera l’économie de demain ».
Cette économie singulière, qui cherche à concilier solidarité, performance économique et utilité sociale, est en effet bien souvent LA solution dans une société qui ne manque pas d’enjeux sociaux, environnementaux, économiques. En se mobilisant pour remettre l’humain au cœur de leur modèle économique, les entreprises de l’ESS prouvent chaque jour leur efficacité à relever les défis d’aujourd’hui, tels que l’inclusion, l’insertion par l’activité économique, la réduction ou valorisation des déchets, la promotion de l’économie du partage, la lutte contre le décrochage scolaire, la transition énergétique du patrimoine immobilier… Elles sont une force d’innovation économique et sociale formidable, expérimentant et proposant de nouvelles voies à explorer dans les territoires, aux côtés des acteurs économiques « classiques » et des pouvoirs publics.
Alors oui, l’ESS est majeur pour nous tous, au présent et à l’avenir : on ne le répètera jamais assez. Et pourtant…
… Nous devons collectivement être attentifs au soutien de cette économie essentielle dans le contexte actuel, éminemment contraint et complexe. Les signaux d’alerte se multiplient. La Cour des comptes souligne dans un récent rapport sur les aides à l’ESS que ce secteur représentant 14 % de l’emploi privé ne perçoit que 7 % des aides publiques aux entreprises. Les financeurs de l’ESS constatent une baisse des demandes de prêts pour investir et à l’inverse une augmentation des demandes de crédits pour consolider la trésorerie face aux difficultés. Et les représentants de l’ESS dont l’UDES alarment sur la montée des plans de licenciement ou des liquidations.
À ne pas suffisamment soutenir l’ESS, nous ne risquons pas seulement d’affaiblir des acteurs porteurs de solutions innovantes, concrètes, locales, pour aujourd’hui et plus encore pour demain, partout en France, mais nous risquons aussi de briser l’accélérateur le plus puissant de transition vers une économie durable et résiliente. Soutenir l’ESS, ce n’est pas dépenser mais investir… Investir dans un modèle réducteur de fractures sociales, dans un modèle transformateur de la société, dans un modèle créateur de solutions innovantes. En tant que financeur majeur de l’ESS, nous en sommes convaincus.
Soutenons celles et ceux qui soutiennent un mode économique vertueux, socialement salvateur et responsable.
Pierre Macé, directeur général de la Fédération nationale des Caisses d’Epargne Sylvain Vial, directeur du développement Caisse d’Epargne – Groupe BPCE
