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Par Fondation Bouygues Telecom - Publié le 24 novembre 2025 - 14:09 - Mise à jour le 24 novembre 2025 - 14:15
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Association Auxilia, une nouvelle chance – « Les bénévoles sont notre grande richesse »

Portée par plus de 700 bénévoles engagés dans le soutien scolaire par correspondance auprès des personnes incarcérées, l’association Auxilia, lauréate de l’appel à projets de la Fondation Bouygues Telecom, rappelle combien l’énergie citoyenne demeure le socle de l’action associative. Le bénévolat n’est pas un simple appui : c’est la condition même de son impact. Le point de vue de Bérangère Eldin, directrice adjointe d’Auxilia.

Crédits : Auxilia
Crédits : Auxilia
  • Pourriez-vous présenter l’association Auxilia ?

Bérangère Eldin : L'association Auxilia - une nouvelle chance, fondée en 1926, intervient aujourd’hui dans trois domaines et auprès de trois publics différents : la reconversion professionnelle de personnes reconnues travailleurs handicapés, l’hébergement des personnes en situation de très grande précarité, et enfin, le soutien scolaire et les cours par correspondance auprès des personnes incarcérées – pôle dont j’ai la responsabilité. Cette troisième activité, que nous exerçons depuis 1959, repose sur une communauté de 700 bénévoles, dont deux tiers de femmes, investis auprès de 2 000 apprenants chaque année. Les bénévoles sont notre grande richesse. Notre petite équipe salariée a besoin de leur énergie et de leur volonté.

  • Comment recrutez-vous vos bénévoles ?

Bérangère Eldin : Nous avons mis en place un processus de recrutement exigeant, car il y a beaucoup de représentations autour du milieu carcéral et des personnes détenues. Il y a un travail de déconstruction à faire d’emblée, non pas pour décourager, mais pour exposer la réalité des prisons et du type de relation pédagogique qui va unir le bénévole et son apprenant. Le soutien que nous proposons se fait exclusivement par courrier, donc à distance et de manière asynchrone. Ce n’est pas un soutien scolaire comme un autre : la question du lien y est tout aussi centrale que l’apprentissage. Il faut pouvoir trouver la bonne distance et s’en tenir au rôle de bénévole, même si souvent la relation est intense car la relation épistolaire crée un lien fort, sur lequel s’appuie les apprenants pour se reconstruire.

  • Comment accompagnez-vous les bénévoles au fil du temps ?

Bérangère Eldin : Nous avons une psychanalyste spécialisée en écoute épistolaire. Aujourd’hui, elle est régulièrement sollicitée pour savoir comment répondre ou expliquer un contenu dans les courriers. Grâce à elle, nos bénévoles ont quelqu’un à qui parler de leurs questionnements hors du champ de la pédagogie.

Ces dernières années, nous avons également développé, en collaboration avec d’anciens conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation et une formatrice à l'École nationale de l'administration pénitentiaire, des webinaires sur les spécificités des personnes détenues et de la vie carcérale, animées de manière très dynamique. Ces rendez-vous vidéo ont à chaque fois beaucoup de succès. Cela répond à l’envie de nos bénévoles de s’enrichir de connaissances plus théoriques et de comprendre comment vit une personne qu’ils ne vont jamais rencontrer ni entendre – et ce qui peut faire obstacle à la relation pédagogique.

Nous avons aussi tout un panel d’outils pour les aider à chaque étape, par exemple au début de l’accompagnement, lorsqu’il faut rompre la glace et apprendre à mieux connaître l’apprenant. Enfin, nous organisons des réunions territoriales et un grand séminaire annuel, pour que les bénévoles se rencontrent et échangent.

  • Quels bénéfices ont justement ces temps collectifs auprès des bénévoles ?

Bérangère Eldin : Le fait que tout se fasse à distance peut générer des inquiétudes chez les bénévoles. Au sein de notre association, le sentiment d’appartenance se construit clairement dans les rencontres et les échanges. Ce sont des moments où, au-delà des intervenants que l’on propose, les bénévoles peuvent se parler entre eux et s’apporter mutuellement des réponses. Ces échanges de pratiques sont très appréciés.

Pour notre rendez-vous annuel, nous avons convié cette année Yannick Deslandes, un ancien apprenant qui intervient en détention et en dehors pour témoigner de son parcours, dans le cadre de l’association Mur’mures. Ces moments forts nous permettent de montrer à tous qu’une nouvelle chance est possible et que notre programme fonctionne.

  • Comment évolue la communauté bénévole d’Auxilia ?

Bérangère Eldin : La fidélité de nos bénévoles est impressionnante ! Nous fêtons régulièrement quarante voire quarante-cinq ans d’engagement bénévole. C'est assez inédit. Près de la moitié de nos 700 bénévoles ont plus de cinq ans d’ancienneté et un tiers a plus de dix ans d’engagement. Je crois que cette stabilité est surtout due au lien créé par la correspondance avec des personnes souvent très isolées, le sentiment d'utilité vient très vite pour nos bénévoles.

Mais tout cela s’applique surtout à la génération des bénévoles baby-boomers. C’est un peu différent pour les trentenaires, quarantenaires voire cinquantenaires qui nous rejoignent, en majorité des actifs pour qui le bénévolat à distance est adapté à leur mode de vie. Ils s’engagent quelque temps, nous quittent parce qu’ils construisent une vie de famille ou ont un travail trop prenant, puis ils reviennent. Pour ma part, je suis confiante : ils vont peut-être faire des sauts de puce, mais ils sont là.

  • Selon vous, comment évolue le bénévolat en général ces dernières années ?

Bérangère Eldin : Ses évolutions sont liées aux évolutions de la société. Nous sommes dans des années un peu difficiles parce que les baby-boomers étaient très nombreux et portaient souvent plusieurs fonctions différentes. Vous devez donc le remplacer par au moins deux personnes, qu’il faut accueillir, intégrer, former, outiller. Mais les associations doivent s’adapter, nous n’avons pas le choix car nous avons besoin d'avoir chaque année un certain volume de bénévoles. Heureusement que les fondations comme la Fondation Bouygues Telecom comprennent que l’animation du bénévolat est une fonction stratégique qu’il faut soutenir. Chez Auxilia, nous continuons à recevoir des profils incroyables, alors que ce n’est pas évident de se lancer dans le bénévolat avec des personnes détenues. Peut-être que ce sont des engagements plus courts, mais quelques années suffisent déjà !

  • Quelle est l’actualité d’Auxilia en cette fin d’année ?

Bérangère Eldin : Nous menons une réflexion sur les personnes détenues de moins de 25 ans, qui sont aujourd’hui sous-représentés dans nos effectifs. Ils sont moins à l'aise à l'écrit, ont un passé scolaire difficile, voire sont en colère contre l'institution. La rencontre doit se faire physiquement, avec des bénévoles aguerris. Nous venons donc de lancer, avec le soutien de l'administration pénitentiaire et du ministère de la Jeunesse et Sports, une expérimentation de mentorat auprès de 70 jeunes incarcérés. Il y a des publics pour lesquels les cours par correspondance seront toujours utiles – notamment les détenus très isolés ou plus âgés. Mais je pense que pour les plus jeunes, on doit évoluer et mener de nouvelles actions avec nos bénévoles pour construire Auxilia demain.

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