Musique : les festivals au cœur de la philanthropie
Après deux années blanches en raison du Covid-19, les festivals de musique font leur retour cet été en France, dont certains grâce au soutien de fondations abritées à la Fondation de France.
Encourager des projets à la croisée de l’art et de l’écologie, sensibiliser à la musique classique ou rendre hommage à un grand compositeur du XXe siècle... Les causes défendues par les fondations abritées à la Fondation de France sont variées mais l’envie des fondateurs est commune : favoriser la création artistique et partager leurs passions avec le public. Qu’ils invitent à la méditation, à l’engagement ou au romantisme, les festivals soutenus par la philanthropie sont placés sous le signe de la rencontre et de l’échange. Tour d’horizon.
Méditer en redécouvrant l’œuvre d’Olivier Messiaen
Air pur et vent frais de la création souffleront dans les Alpes fin juillet. Comme tous les ans, le Festival Olivier Messiaen au Pays de la Meije résonnera du village de La Grave jusqu’à Briançon, sur les terres chères au compositeur Olivier Messiaen, disparu il y a tout juste 30 ans. « Il venait y méditer, s’y ressourcer, relever le chant des oiseaux. Toute son œuvre est inspirée par un lien très profond avec la religion et la nature », explique Catherine Massip, directrice de la Fondation Messiaen qui fait vivre sa mémoire et soutient la création contemporaine. Dans cet esprit, plusieurs œuvres de Messiaen seront revisitées, dont Vingt regards sur l’Enfant-Jésus, interprété au piano par Bertrand Chamayou dans la petite église de La Grave.
« L’église est juste en face du glacier de la Meije, c’est écrasant tellement c’est beau ! La magie du lieu incite à la méditation et au partage », s’émeut-elle. Aux concerts sont associées conférences, randonnées et balade musicale au son du cor des Alpes. « On peut venir avec sa corde et son piolet, s'amuse Catherine Massip, ce festival est une expérience globale. »
S’engager en s’amusant au Festival Danaus
Plus au sud, sur les hauteurs de Nice, à Tourrette-Levens, le Danaus Festival célébrera l’écologie en musique. Soutenu par la Fondation Stin’Akri, qui promeut des projets artistiques et culturels aux limites des genres, Danaus met l’art au service de l’environnement. « L’idée est de faire la fête en famille tout en développant une conscience écologique », déclare Gilles Benejam, fondateur de Stin’Akri. « Il ne faut pas oublier que nous sommes en sursis », ajoute-t-il, plus grave. Au programme de cette première édition qui a lieu début août, des artistes inclassables comme les Humanophones, joueurs de percussions corporelles, ou Max Vandervorst, musicien et « luthier sauvage » qui fabrique des instruments à partir d’objets du quotidien. « On espère surprendre tout en gardant un esprit ludique. On ne veut pas être sinistres », insiste Gilles Benejam.
Spectacles de rue, marché du terroir, village d’artistes et conférences, tout incitera à la rencontre et à l’échange à Tourrette-Levens. « L’art peut servir la planète en créant de l’écoute et du partage, assure Gilles Benejam, nous aimerions que le public reparte avec des questions de fond et des sons plein la tête. »
Rêver en s’abandonnant à Saint-Tropez
À Saint-Tropez, Les Nuits du château de la Moutte feront la part belle au classique et au jazz. Loin des paillettes associées au célèbre village de la Côte d’Azur, ce festival invite au romantisme et au souvenir. « On ne s’attend pas à écouter du classique à Saint-Tropez. Pourtant, ce festival est l’héritier du passé culturel de la ville et de tous les artistes qui l’ont peuplée », assure François Michiels, délégué général de la Fondation La Palmeraie, qui soutient l’événement. Organisé depuis 46 ans dans la majestueuse cour du château de la Moutte, le festival mêle cette année artistes de renom, comme Renaud Capuçon et Avishai Cohen, et jeunes talents. « On a voulu apporter de la fraîcheur et de l’originalité », explique François Michiels. Deux artistes géorgiennes sont aussi invitées dans une volonté « d’ouverture au monde », tout en restant dans l’esprit du festival, soit de petites formations et de la musique « qui fait rêver ».
Tous les ans, un concert est organisé sur la plage des Canebiers. « On installe un piano sur le ponton, le public a les pieds dans le sable, face au couchant. Le Golfe se calme, les lumières de Sainte-Maxime s’allument au loin et les notes de musique se propagent sur l’eau, décrit le Tropézien, c’est magique. »