Lutte contre les cyberviolences : l’action de l’association Zoomacom
A l’heure où près d’une personne sur deux en France déclare avoir été victime de violences en ligne, le Pôle Ressource Contre les Cyberviolences de l’association Zoomacom forme et outille les professionnels qui accompagnent les victimes dans le département de la Loire.

Créé en 2005, Zoomacom aide citoyens, associations et territoires à s’approprier les usages et outils numériques pour en faire des leviers d’autonomie, d’inclusion et de solidarité. Pour cela, l’association propose formations, ateliers, événements de sensibilisation mais aussi mise à disposition de matériel.
Les outils numériques au service de la lutte contre les cyberviolences
En janvier 2025, elle a renforcé son offre en créant le Pôle Ressource Contre les Cyberviolences (PRCC), avec le soutien de la Fondation de France. A l’origine du projet, un constat posé par Delphine Duriaux, coordinatrice de projets numériques au sein de l’association : « Les professionnels du social et du médico-social ne savaient pas vraiment identifier les cyberviolences et n’avaient pas conscience de l’importance des outils numériques pour les contrer. Mais les pratiques et usages du numérique explosent et à chaque évolution, il y a des aspects positifs et négatifs. Dans le cadre des cyberviolences, l’aspect négatif est exponentiel. Derrière un écran, n’importe qui peut harceler, n’importe où, n’importe quand, et les conséquences des violences sont bien réelles ».
Selon l’enquête « Cyberviolence et cyberharcèlement : état des lieux d’un phénomène répandu » , réalisée en 2021 par IPSOS pour l’association Féministes contre le cyberharcèlement, 41 % des personnes interrogées déclarent avoir été victimes de violences numériques, qu’il s’agisse de cyberharcèlement, de diffusion d’images intimes non consenties, de surveillance numérique, ou de divulgation de données personnelles.
Former les professionnels
« Face à la multiplication des cyberviolences, notre priorité est de former un maximum de professionnels à pouvoir les identifier afin qu’ils puissent accompagner ensuite au mieux les victimes. Cette première année, nous avons donc concentré nos efforts sur la création d’outils et de contenus de formation », précise Delphine Duriaux.
Le PRCC s’articule autour de quatre axes complémentaires.
L’Observatoire des cyberviolences mène une veille sur les pratiques et outils permettant de mieux comprendre l’évolution des violences en ligne. « On analyse les tendances de tous les pays francophones et anglosaxons. Ça permet de rassembler, tester et compléter les outils - les fiches du collectif féministe Echap par exemple - et de les recommander », explique la médiatrice numérique.
Un Groupe de travail pluridisciplinaire réunit quant à lui acteurs du médico-social, de la justice, de l’éducation et du numérique pour évoquer des cas concrets de cyberviolences et réfléchir ensemble à des solutions adaptées aux réalités du terrain. « On s’est rendu compte lors de notre diagnostic de territoire en début de projet que la solution pour prévenir et lutter efficacement contre les cyberviolences devait passer par un travail collectif des acteurs locaux, l’échelle départementale permettant une interconnaissance des acteurs », résume Delphine Duriaux.
Le Pôle de ressources diffuse des outils pédagogiques comme des fiches pratiques ou des vidéos, accessibles aussi bien aux acteurs engagés dans la lutte contre les cyberviolences qu’au grand public. Des formations et des ateliers sont par ailleurs proposés afin de permettre aux professionnels de monter en compétences sur cette problématique. Parmi les thématiques abordées : « Cyberviolences et législation », « Repérer un logiciel espion sur les smartphones », ou encore « Demander la suppression de données personnelles ».
Enfin, le PRCC a mis en place un Hackerspace . Ce pôle d’expérimentation technique permet de tester, de détourner et même de fabriquer en open source des outils utiles dans la lutte contre les cyberviolences. Parmi les projets en cours : une « mallette pédagogique » destinée à aider les professionnels à reconnaître les dispositifs d’espionnage (caméras dissimulées, traceurs GPS, etc.) ou encore une cage de Faraday pour bloquer toute communication à distance et donc neutraliser les appareils suspects qui pourraient espionner.

À moyen terme, le PRCC souhaite élargir son action pour proposer d’ici trois ans ses ressources et ses outils directement aux victimes. « L’idéal serait de pouvoir proposer des permanences sur le département, d’avoir un camion qui puisse aller au-devant des victimes, hors des centres urbains », imagine Delphine Duriaux. Le pôle ambitionne également de faire de la Loire un territoire pilote dans la lutte contre les cyberviolences et d’aider les départements qui le souhaitent à développer sur leur territoire des initiatives similaires.