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Par Fondation Groupe LBP AM - Publié le 15 avril 2025 - 10:01 - Mise à jour le 17 avril 2025 - 17:11
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Fri For Mobberi : le vivre ensemble dès l'école maternelle

Le harcèlement scolaire touche près d'un million d'enfants chaque année en France, avec des conséquences parfois dramatiques. La prévention dès la petite enfance est essentielle pour enrayer ce fléau. L'enjeu principal ? Développer les compétences psychosociales des enfants et leur offrir un environnement sécurisant. Margot Neuvialle, fondatrice et directrice du programme Fri For Mobberi en France, nous en dit plus.

Classe de moyenne section de l’école Mille Visages à Chanteloup (Yvelines)
Classe de moyenne section de l’école Mille Visages à Chanteloup (Yvelines)

 

Margot, vous êtes psychologue et pédagogue. Qu'est-ce qui vous a menée à diriger un projet associatif en France contre le harcèlement scolaire ?

Margot Neuvialle : J'ai travaillé pendant plus de 10 ans au Danemark en tant que pédagogue en maternelle. C'est là que j'ai découvert Fri For Mobberi (« Libéré du harcèlement » en danois), un programme créé il y a 20 ans par la Fondation Mary et l'ONG Save the Children. Il est incontournable au Danemark, où 60 % des établissements scolaires y sont formés.

Ayant observé son impact positif sur le terrain, j'ai voulu l'importer en France. En 2022, j'ai donc lancé Vivre-ensemble Fri For Mobberi afin de proposer cette approche préventive aux élèves et aux professionnels de l'éducation français.

 

Le harcèlement scolaire touche principalement les élèves du primaire et du collège. Pourquoi intervenir si tôt ?

Parce qu'attendre que l'enfant ait 12 ans, c'est trop tard.

Le harcèlement n'est pas un problème individuel, mais un phénomène de groupe. Il survient dans des collectifs fragiles, où certains enfants, se sentant exclus ou menacés, adoptent des comportements négatifs pour s'assurer une place. Pour agir efficacement sur le long terme, il faut développer dès le plus jeune âge la capacité à bien vivre ensemble. Cela commence dès les premières expériences de socialisation, à la crèche ou chez l'assistante maternelle.

 

Comment apprend-on à vivre ensemble avant même de savoir parler ?

Un enfant qui ne parle pas sait pourtant s'exprimer. Entre 0 et 3 ans, il développe la conscience de soi, l'empathie, la gestion des émotions, l'adaptation aux règles sociales, etc. Ce sont les compétences psychosociales (CPS), essentielles pour des interactions positives et la prévention de l'exclusion.

Et il est également important d’agir sur les dynamiques de groupe. En effet, les recherches montrent à quel point celles-ci influencent la santé mentale et physique à long terme. En les renforçant dès la petite enfance, on agit efficacement contre le harcèlement scolaire futur.

 

Tout repose donc sur les professionnels de l'éducation ?

Oui et non.

Les professionnels de l’éducation jouent évidemment un rôle central. C'est pourquoi nous leur proposons une formation clé en main et un ensemble d’outils pédagogiques pour renforcer leur posture et animer des activités adaptées à chaque tranche d'âge (0-3 ans, 3-6 ans, 6-9 ans) : discussions, jeux collaboratifs, activités de bien-être... Cette formation initiale est complétée par un accompagnement continu.

J’apprécie particulièrement l'approche, qui repose sur la création d’un environnement bienveillant et inclusif, où les enfants apprennent l’importance de l’empathie, du respect et de l’entraide. Cette méthode vise à instaurer une véritable culture de la bienveillance et du respect mutuel dès le plus jeune âge.  Les outils proposés pour la maternelle me semblent bien adaptés à l’âge des élèves. J’ai pu identifier plusieurs leviers essentiels, notamment l’utilisation de la mascotte, les jeux coopératifs, les histoires et les échanges sur les émotions. Ces dispositifs participent pleinement au développement des compétences sociales et émotionnelles des enfants, essentielles pour les aider à mieux gérer les conflits de manière pacifique. Didier Pastor, Inspecteur de l’Education Nationale de Cahors

Mais sans l'implication des parents, rien ne fonctionne. Ils assurent la continuité entre l'école et la maison. C'est pourquoi nous les intégrons activement via des rencontres, conseils et échanges réguliers. C’est en intégrant les 3 acteurs - enfants, professionnels et parents - que nous pourrons avoir un impact positif et systémique sur le harcèlement scolaire et plus largement sur le bien-être des enfants.

 

Cela fait 2 ans que le programme Fri for Mobberi a été lancé dans notre pays. Comment se passe le déploiement en France ?

En arrivant en France, j'ai eu la chance d'être soutenue par la Ligue de l'enseignement de Paris, un acteur majeur de l'éducation, présent dans tous les départements du territoire.

Être porté par la Ligue de l’enseignement est une grande force pour Vivre-ensemble Fri For Mobberi car son expertise et sa présence locale nous permettent de tisser des liens solides avec les collectivités et institutions, qui nous font confiance et participent à la dynamique du programme.

Nous avons commencé en Île-de-France en septembre 2022. Aujourd'hui, nous sommes implantés dans 250 établissements, avons formé 2 500 professionnels et impactons 45 000 enfants. D'ici 2028, notre ambition est d'atteindre 1 500 établissements scolaires et périscolaires.

Notre implantation parisienne est forte et notre objectif est de capitaliser sur l’empreinte géographique de la Ligue de l’enseignement pour étendre le programme à l’échelle nationale. 15 départements sont déjà activement engagés.

En cela, le soutien de la Fondation Groupe LBP AM est très important pour nous. Grâce à leur don, nous avons pu déployer le programme dans une dizaine d’écoles pilotes à Perpignan, Cahors, St Jean de Védas, La Fouillade et Sanvensa. Cela nous a permis d’amorcer le déploiement du programme en Occitanie.

 

Comment mesure-t-on l’impact d’un tel programme ?

C'est une excellente question ! Et la réponse n'est pas si simple.

Mesurer l'impact d'un programme qui intervient dès la petite enfance demande du temps et des outils adaptés. On ne peut pas simplement poser la question aux enfants : « Alors, ça va mieux ? ».

C'est pourquoi nous collaborons avec Thomas Villemonteix (Université Paris 8) et la Direction générale de l’enseignement scolaire (la DGESCO pour mener une étude scientifique d'une ampleur inédite : 260 écoles, 9 000 enfants suivis pendant 8 ans. Ces écoles bénéficieront du programme gratuitement. L'objectif de cette démarche est de comprendre comment le programme influe sur le bien-être des enfants, les faits de harcèlement et leur parcours scolaire. Et surtout, d'apporter des preuves tangibles que la prévention dès le plus jeune âge fait la différence.

Pour rendre cela possible, nous cherchons encore des partenaires financiers engagés. Si vous souhaitez participer à cette aventure et aider à changer la donne, contactez-nous !

Au sein de la Fondation Groupe LBP AM, notre questionnement portait sur l’adaptation d’outils danois à la France. Lors du processus de sélection, nous avons visité une école à Perpignan, elle était assez complexe de par sa localisation géographique, sa situation socioculturelle et socioéconomique. Nous avons eu alors la preuve de la grande adaptabilité du programme. Nous avons été convaincus aussi de sa pertinence dans un territoire comme l'Occitanie, avec toute la diversité que ce territoire comporte, du rural, de l'urbain, des métropoles, du périurbain, des petites villes, des moyennes villes. Cécile Jouenne-Lanne, déléguée générale Fondation Groupe LBP AM

Chez Okola, nous sommes convaincus que la prévention du harcèlement scolaire passe par une approche globale et de long terme. Fri For Mobberi est une véritable solution pour construire des environnements bienveillants et sécurisants pour les enfants. Et il agit non seulement contre le harcèlement scolaire, mais il renforce également la confiance en soi des enfants, favorise une meilleure acquisition des fondamentaux (lire, écrire, compter), contribue à la prévention des addictions… Son impact est vaste et touche de nombreux aspects du développement des enfants. Nous sommes fiers de soutenir ce projet ambitieux. - Alexandra Boulin, directrice générale d'Okola

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