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Par Fondation des solidarités urbaines - Publié le 11 janvier 2023 - 15:51 - Mise à jour le 11 janvier 2023 - 16:56
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Fondation AgroParisTech : étudier la biodiversité des toits en zone urbaine pour éclairer les politiques et projets de végétalisation

La Chaire Agricultures Urbaines de la Fondation AgroParisTech mène une recherche-action sur la biodiversité des toits végétalisés en milieu urbain. Décryptage et bilan à mi-parcours d’un travail visant in fine à partager des connaissances, des protocoles, des outils et méthodes pour évaluer et favoriser la biodiversité en ville.

Une recherche-action pour combler les lacunes de connaissances sur la biodiversité des toits végétalisés. / Crédit photo : Gilles Arbwick
Une recherche-action pour combler les lacunes de connaissances sur la biodiversité des toits végétalisés. / Crédit photo : Gilles Arbwick

 

Face aux enjeux environnementaux, les initiatives visant à réintroduire des espaces verts dans les zones urbaines se multiplient. Mais que sait-on des impacts réels qu’ils ont sur la biodiversité ? La Chaire Agricultures Urbaines de la Fondation AgroParisTech, constatant une lacune des connaissances, a décidé de mener une recherche-action, en partenariat avec l’Adivet*, sur la biodiversité et les services écosystémiques liés aux infrastructures vertes en milieu urbain. Un projet qui figure parmi les lauréats du 3e appel à projets de la Fondation Paris Habitat qui avait pour thème “Préservation et développement de la biodiversité”.

Cette recherche-action s’intéresse plus particulièrement aux toitures végétalisées, dans le but de produire de la connaissance et des indicateurs utiles à tous ceux qui œuvrent ou ont le pouvoir d'œuvrer pour la biodiversité en zone urbanisée : pouvoirs publics, bailleurs, constructeurs…

 

Sur l’ensemble des publications scientifiques portant sur la biodiversité urbaine globale, seules 2% concernent la biodiversité des toits.»

 

Sekou Coulibaly, post-doctorant membre de la Chaire Agricultures Urbaines de la Fondation AgroParisTech, explique : “Notre projet vise à dresser un état des lieux et à identifier précisément les lacunes en termes de recherche. Cela signifie par exemple déterminer les taxons – familles, espèces, sous-espèces… – peu étudiés, et repérer les indicateurs manquants.” Première étape : la recherche bibliographique. “Via Web of Science, grâce à une combinaison de mots-clés, nous avons focalisé notre recherche sur près de 2 400 articles scientifiques. Parmi eux, nous avons isolé 154 études pertinentes qui ont fait l’objet d’une recherche bibliographique plus approfondie en 2021.” Le soupçon se vérifie, personne ne s'intéresse vraiment au sujet qui l'occupe : “Sur l’ensemble des publications scientifiques portant sur la biodiversité urbaine globale, seules 2 % concernent la biodiversité des toits.

 

Les plantes sont les plus étudiées avec les invertébrés aériens, mais la diversité souterraine est sous-étudiée, alors qu’elle représente 25% de la biodiversité terrestre !»

 

Viennent ensuite l’état des lieux des connaissances puis la méta-analyse des données pour mettre à plat les différentes études et en faire une synthèse statistique. En examinant les 154 études recensées, Sekou Coulibaly met ainsi notamment en évidence un enseignement important qui va guider la suite de la recherche-action : “Les plantes sont les plus étudiées avec les invertébrés aériens, mais la diversité souterraine est sous-étudiée, alors qu’elle représente 25 % de la biodiversité terrestre !” En regardant toujours plus précisément ces études, le chercheur découvre par ailleurs que pour un même taxon étudié – par exemple les arthropodes, famille comprenant les mille-pattes, araignées, cloportes… – les résultats sont parfois contradictoires. Il ne trouve pas non plus de consensus dans la comparaison des toits verts par rapport aux autres habitats urbains situés au sol.

Parallèlement à ce travail, l’équipe s’est penchée, au cours du premier semestre 2022, sur la prise en compte de la biodiversité par les collectivités. Concrètement, une quarantaine d’entretiens ont été menés avec des décideurs locaux. Les chercheurs observent là-aussi une méconnaissance de l’écosystème des sols. Ce qu’explique Sekou Coulibaly : “Dans les projets d’agriculture urbaine, on se focalise beaucoup sur le premier paramètre qui va apporter de la biodiversité : les plantes. Il y a aussi davantage d’experts et donc plus de connaissances, partagées y compris par les non spécialistes. Par ailleurs, l’étude des sols est plus complexe car elle nécessite des observations et travaux en laboratoire.

 

Nous allons mener une campagne d’échantillonnage sur 25 toits au total, Paris Habitat nous fournissant le terrain de recherche.»

 

Toutes ces étapes de recherche guident l’action complémentaire qui viendra clore le projet au cours de l’année 2023 avec une expérimentation test, sur le terrain, et l’analyse de ses résultats. Sekou Coulibaly, qui est spécialiste de l'écologie des sols, détaille le protocole : “Nous allons mener une campagne d’échantillonnage sur 25 toits au total, Paris Habitat nous fournissant le terrain de recherche. Différents toits seront ainsi étudiés en fonction notamment de la quantité de substrat présente : les toits extensifs comprenant un substrat allant de 4 à 12 cm de profondeur, semi-intensifs avec 12 à 30 cm et intensifs au-dessus de 30 cm. Quant aux taxons, quatre groupes seront étudiés : les micro-organismes, les nématodes, les collemboles et les vers de terre. Le but est d’étudier tout un panel allant des micro-organismes jusqu’à la macro-faune avec les vers de terre.

À l’issue de ce travail et du traitement des données, prévu en août 2023, la Chaire Agricultures Urbaines entend ainsi mettre à disposition un protocole qui pourra servir à d’autres acteurs pour évaluer la biodiversité d’un toit. Globalement, ces actions ont vocation à être diffusées non seulement à la communauté scientifique via des publications ad hoc mais aussi aux autres acteurs grâce à des supports de vulgarisation.

 

Sekou Coulibaly, post-doctorant membre de la Chaire Agricultures Urbaines de la Fondation AgroParisTech, spécialiste de l'écologie des sols
Sekou Coulibaly, post-doctorant membre de la Chaire Agricultures Urbaines de la Fondation AgroParisTech, spécialiste de l'écologie des sols / Crédit photos : Gilles Arbwick

 

* Association des Toitures et façades Végétales

 

 

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