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Par Fondation des solidarités urbaines - Publié le 19 décembre 2022 - 16:36 - Mise à jour le 19 décembre 2022 - 16:36
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L’association J’aime le Vert fait de la préservation de la biodiversité un défi du quotidien

Comment (re)devenir acteur de la biodiversité dans sa vie de tous les jours ? Lauréate d’un appel à projets de la Fondation Paris Habitat, J’aime le Vert a proposé un défi aux familles volontaires d’Alfortville. Dans le cadre d’une recherche-action, l’association les a guidées vers un changement de comportements et une compréhension des enjeux quotidiens de préservation de l’environnement.

L'association J'aime le Vert invite à participer en famille à un défi consacré à la biodiversité
L'association J'aime le Vert invite à participer en famille à un défi consacré à la biodiversité

Le Défi Familles, un déclic pour passer à l’action

Tout commence par une affiche J’aime le Vert, accrochée dans les points de vente et les halls d’immeubles, ainsi qu’un flyer distribué sur les marchés à Alfortville.

Son invitation à participer en famille à un défi consacré à la biodiversité attire la curiosité de nombreux habitants. C’est le cas de Nadia*, mère d’une fillette de trois ans, mais aussi de Valérie, mère de deux adolescentes. Nadia revient d’un voyage aux Comores, son pays natal, où les changements météorologiques l'inquiètent. Valérie, quant à elle, se sent souvent « tiraillée entre une vie très urbaine et la volonté de mieux respecter l’environnement. »

Séduites par le concept, elles embarquent avec elles maris et enfants. « C’est un heureux hasard ce flyer, raconte Nathan*, le mari de Nadia. Nous voulions nous impliquer dans un projet associatif qui nous corresponde et cela a été le déclencheur. »

La dimension « famille » est un argument déterminant. Comme pour beaucoup de parents, la question de la transmission des bons comportements joue un rôle central. « Impliquer notre fille de trois ans permet d’ancrer assez tôt certaines choses », explique Nathan. Une démarche confirmée par Valérie : « La sensibilisation de mes enfants est très importante pour moi. J’ai envie que mes filles comprennent qu’on ne sait pas comment sera notre environnement demain, mais il faut faire en sorte qu’il soit le plus beau possible. »

 

Affiche du Défi Familles 2023
Affiche du Défi Famille 2023

Un cycle complet d’ateliers pendant quatre mois

Entre mars et juillet 2022, une dizaine d’ateliers a été proposée aux 17 familles inscrites au défi. Chacun aborde une facette de la biodiversité, mêlant découverte, pédagogie et actions concrètes.

Au programme : la découverte de la faune et de la flore au cours d’une croisière sur la Seine, une initiation au compostage, une intervention sur l’alimentation, la santé et l'environnement, un atelier sur la pollution des milieux avec fabrication de cosmétiques sans produits nocifs pour les écosystèmes, les gestes de premiers soins à la faune sauvage en partenariat avec l'association Faune Alfort, un atelier sur les pollinisateurs avec les apicultrices bénévoles de J'aime le vert, une balade exploratoire dans la ville pour découvrir les lieux de nature proches de chez soi, un atelier sur les sciences participatives avec jeux de société sur la biodiversité, un chantier participatif autour d’une mare et enfin, l’inauguration de la grainothèque de la ville.

Trois de ces ateliers ont été observés par Pauline Van Laere, docteure en psychologie sociale spécialisée en psychologie environnementale. Son objectif : analyser comment favoriser les comportements de protection de l’environnement. « Avoir le retour des participants sur le terrain est vraiment intéressant. C’est une belle opportunité en tant que chercheuse d’encadrer et de suivre un tel projet. »

Pauline Van Laere a choisi plus précisément trois ateliers différents, répartis au début, au milieu et à la fin du Défi Familles, à savoir la croisière sur la Seine, l’atelier sur les pollinisateurs et l’atelier de jeux et sciences participatives. À l’aide d’une grille d’observation, elle a consigné et qualifié les comportements des familles – et leur évolution.

Pour compléter la démarche, elle a utilisé deux autres méthodologies : un questionnaire en ligne soumis aux familles en début et en fin de défi, ainsi que des entretiens semi-directifs pour dresser un bilan plus précis.

Côté familles : un défi qui déclenche prises de conscience et nouveaux gestes au quotidien

L’aspect concret et interactif de la majorité des ateliers a beaucoup plu aux familles participantes, en recherche d’une méthode pragmatique pour savoir par où commencer. Le fait que ces rendez-vous soient faits « sans pression » aussi. Valérie a apprécié la qualité des ateliers et la sincérité des intervenants. « Nous avons été bien accompagnés et nous avons vraiment pu être nous-mêmes. C’est une chance de participer gratuitement à tous ces ateliers avec des intervenants qualifiés qui partagent leur savoir. ». Même ressenti pour Nathan. « Les intervenants ont été accessibles et pertinents. Ils ont respecté le rythme de chaque famille dans sa transition et partagé leurs connaissances sans jugement. »

Certains ateliers ont marqué les esprits. Pour Nadia, c’est l’initiation au compostage avec le prêt d’un bio-seau (seau fermé destiné à la collecte de déchets compostables), ainsi que l’atelier pédagogique sur l’alimentation. Pour Nathan, c’est la découverte de l’écosystème des sols et les cosmétiques durables. Douma, le mari de Valérie, a renoué, grâce au défi, avec son enfance en Afrique et le lien fort qu’il avait alors avec la nature : « Cela a été un réveil de souvenirs. Accorder autant d’attention et autant de pédagogie pour transmettre ces informations, pour moi, c’est extraordinaire. »

Du côté des enfants, les petits ont aimé les moments au jardin et le chantier participatif pour réhabiliter une mare. Les plus grands, comme les deux filles de Valérie, Yelenna et Lola, ont été marquées par l’atelier organisé par l’association Faune Alfort autour des gestes de premiers secours (ou gestes de premiers soins) aux animaux sauvages.

Est-ce que ces familles ont changé leurs comportements ? « Nous avons appris à mieux trier pour recycler, explique Nadia. Nous faisons très attention aux marques que nous achetons et nous aimerions aller vers le zéro déchet. » Nathan confirme : « Nous n’allons plus au supermarché pour nos fruits et légumes, nous passons par un circuit court. ». Leur petite fille, du haut de ses trois ans, arrête l’eau quand elle coule trop, demande à éteindre la lumière, observe les insectes en balade et prend soin des plantes que la famille fait germer.

Dans la famille de Valérie, la prise de conscience est là : « Cela m’a donné un regard d’observation permanent sur mon environnement », explique-t-elle. Ses deux filles, adolescentes, ont modifié leurs habitudes de consommation. « J’achète des habits de seconde main, je mange moins de viande, je jette les déchets au bon endroit », affirme Yelenna.

Autre effet vertueux, ce défi a su tisser du lien social. Des interactions entre les familles – parfois voisines sans le savoir – se sont créées tout au long des ateliers. « On a échangé avec les autres familles et on a découvert des endroits et des associations de notre ville que l’on ne connaissait pas, explique Nathan. C’est tout un cercle auquel on n’avait pas accès. Petit à petit, nous connaissons de plus en plus de personnes dans la ville. »

Côté recherche : un défi qui ouvre des perspectives

L’étude des comportements des familles a mené la chercheuse Pauline Van Laere vers de nombreux constats constructifs. En premier lieu : le choix d’ateliers pratiques et pédagogiques s’est révélé gagnant. En moyenne, les participants ont accordé une note de 8,63 sur 10 au défi, notamment parce qu’ils affirment avoir beaucoup appris et parce que l’interaction entre les familles a créé une belle dynamique. Deux notions-clés soulignées par la chercheuse : « L’aspect pratique joue sur ce que l’on appelle le contrôle comportemental perçu, c’est-à-dire estimer avoir les ressources nécessaires pour agir. L’effet de groupe, quant à lui, peut renforcer le fait qu’agir pour la biodiversité est la norme. »

Lors des entretiens de bilan semi-directifs, Pauline Van Laere a abordé de nombreux thèmes : leurs connaissances en matière de biodiversité, leur rapport à l’environnement, à la pression sociale, leur confiance en leur capacité à changer, la conscience de leur impact sur la biodiversité… Une liste de 27 comportements quotidiens a été établie pour que les familles notent pour chacun leur stade d’avancement. Conclusions : tous ont pleinement conscience que la biodiversité est menacée et que leurs comportements ont un impact direct. Les familles ont jugé avoir amorcé un changement grâce au défi, chacune à son échelle.

Et la suite ?

Pauline Van Laere remet le défi en contexte : « Trois mois c’est un temps court pour changer les comportements. » Un constat qui trouve écho auprès des familles : « C’est tout un processus », constate Nadia. « On essaye d’être au rendez-vous, témoigne de son côté Valérie. Cela prend du temps de se transformer. » Mais le projet reste un socle sur lequel construire pas à pas une démarche. « Le défi nous porte. Cela nous donne envie de chercher des informations et d’intégrer petit à petit des gestes qui ne nous paraissent plus inatteignables », explique Nadia.

Les participants ont parlé du défi dans leur entourage, mais les clichés ont la peau dure et les réactions ne sont pas toujours enthousiastes. « Il y a encore des idées reçues sur l’écolo marginal qui mange des herbes sauvages et vit au fin fond de la campagne. On est encore loin d’être tous sensibles à la crise climatique ! », explique Valérie. Nadia elle aussi avoue avoir rencontré des réticences : « On pense encore que l’écologie c’est manger bio, donc cher, et donc que c’est une arnaque. J’explique qu’il ne s’agit pas juste de manger bio et de rouler à vélo. » D’autres sont plus encourageants, comme dans l’entourage de Nathan : « Ils ont trouvé que c’était top qu’il y ait ce genre d’initiatives dans notre ville. »

Côté recherche, Pauline Van Laere et l’association J’aime le Vert souhaitent reconduire l’expérience avec d’autres familles. Si les données qualitatives sont bel et bien là, l’échantillon de 17 familles n’est pas suffisant pour établir des analyses statistiques sur le changement de comportement. Ni l’inscrire dans le temps : « L’intérêt de la démarche est aussi de voir si les participants ancrent ces bons comportements dans leurs habitudes. »

Un prochain Défi est d’ores et déjà planifié à partir de février 2023. L’idée d’un questionnaire ultérieur (a minima 6 mois après le défi) est également une piste à l’étude. En attendant, certaines familles sont déjà volontaires pour participer à d’autres défis organisés par J’aime le Vert. Signe que l’engagement en faveur d’un mode de vie plus respectueux de l’environnement est durablement enclenché.

 

*Certains prénoms ont été modifiés.

 

 

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