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Par Groupe ADP - Publié le 11 septembre 2018 - 08:05 - Mise à jour le 21 septembre 2018 - 09:08
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Fondation Groupe ADP: tribune de Laure Kermen-Lecuir sur l'illettrisme

Dans le dernier numéro de Personnel, revue éditée par l'Association Nationale des DRH (ANDRH), Laure Kermen-Lecuir, Déléguée générale de la Fondation du Groupe ADP, livre son analyse sur l'illettrisme dans le monde professionnel. Un fléau qui toucherait, selon la dernière enquête de l'INSEE réalisée sur le sujet en 2012, 1,25 millions de salariés. Voici l'intégralité de cette tribune.

Fondation Groupe ADP: tribune de Laure Kermen-Lecuir sur l'illettrisme
Fondation Groupe ADP: tribune de Laure Kermen-Lecuir sur l'illettrisme

Le constat

Incapacité à comprendre une consigne écrite laissée par un collègue, incapacité à prendre des notes lors d’une réunion, incapacité à vérifier le calcul d’un stock… l’illettrisme est une réelle souffrance et un handicap lourd, particulièrement à l’heure où le numérique prend de plus en plus de place dans l’entreprise et rend l’écrit incontournable. Il faut être d’une intelligence rare quand on est illettré et avoir une mémoire phénoménale pour développer des stratégies de contournement qui permettront de cacher son handicap tout en assumant son travail !

Loin des stéréotypes, l’illettrisme n’est pas lié à l’immigration, alors que l’imaginaire collectif relie souvent les deux. Nous ne parlons pas là de personnes qui ne savent pas parler, écrire ou lire le français, car étrangères. Pour elles, il s’agit ni plus ni moins que d’apprendre une langue étrangère… L’illettrisme signifie être dans l’incapacité de se faire comprendre en écrivant et dans l’incapacité de comprendre en lisant alors que l’on a été à l’école en France et que l’on a suivi a minima le cursus scolaire obligatoire.

Du côté des entreprises, le problème a longtemps été nié au pire, ignoré au mieux. Elles aussi adoptaient des stratégies de contournement à travers les fameux codes couleurs pour permettre aux salariés en difficulté de s’y retrouver ! Au-delà de l’aspect condescendant de la démarche, c’était surtout renoncer à augmenter la performance de l’entreprise. Un salarié formé et maîtrisant les compétences de bases (lecture, écriture, calcul) est un salarié plus épanoui, qui sera plus efficace et donc plus performant.

L’action

Heureusement, quelques grandes entreprises ont décidé de s’attaquer au problème. La branche alimentaire a été parmi les premières à se mobiliser. Même chose dans la propreté, les services, le BTP, les transports, l’hôtellerie… À l’initiative de L’Oréal, elles se sont regroupées en collectif sous un nom clair et efficace : #stopillettrisme. Si l’objectif est simple (et ambitieux !), éradiquer l’illettrisme dans l’entreprise, l’atteindre peut se révéler ardu. Nombre de DRH expliquent combien repérer les salariés en situation d’illettrisme s’avère concrètement difficile, car ils cachent leurs lacunes (souvent aidés par des collègues discrets et bienveillants, leurs enfants qui expliquent le soir venu la note écrite ramenée à la maison…), par honte et par peur d’être stigmatisés au sein de leur environnement professionnel. Il faut donc une vraie volonté liée des RH et des managers pour identifier et approcher les salariés concernés sans les « braquer ». Souvent, ces salariés ont été en situation d’échec scolaire.

Leur proposer sans proposer, sans filtre, de suivre une formation pour réacquérir les compétences de base, est perçu comme un nouvel échec potentiel (pourquoi réussiraient-ils maintenant alors que ça n’a pas fonctionné à l’école ?) et rejeté sans autre forme de réflexion. D’où l’importance d’aborder le sujet par le prisme métier en proposant des formations aux objectifs réalistes, « co-construits » avec le collaborateur en difficulté, atteignables et, surtout, liés à son métier.

Plusieurs formations, parmi lesquelles la formation certifiante CléA, sont adaptées à ces situations. Elles peuvent être mobilisées dans le cadre du compte personnel de formation (CPF) ou à travers le plan de formation de l’entreprise. Concrètement, on consultera avec intérêt les dix recommandations pour lutter contre l’illettrisme en entreprise, issues du groupe Agora, « Monde du travail et savoirs de base », réuni à l’initiative de l’Anlci dans le cadre de la mise en oeuvre de son plan d’action. Elles devraient être la base de départ d’une entreprise qui souhaite s’attaquer au problème (http://www.anlci.gouv.fr/).

Les choix du Groupe ADP

Le Groupe ADP, sous l’impulsion de son président Augustin de Romanet, a fait de la question de l’illettrisme un enjeu prioritaire de l’engagement sociétal de l’entreprise. À la fois en interne via un travail de fond des RH en lien avec le réseau #stopillettrisme que nous avons rejoint, et en externe par le biais de sa fondation d’entreprise dont l’axe d’intervention principal est la prévention de l’illettrisme et du décrochage scolaire sur nos territoires d’implantation. L’ensemble des collaborateurs du groupe est appelé à se mobiliser contre ce fléau et encouragé, via le mécénat de compétence, à accompagner jeunes et moins jeunes en s’impliquant dans les différents programmes de la fondation, particulièrement le parrainage, le tutorat et bientôt le mentorat. En moins de deux ans, près de 200 collaborateurs ont répondu à l’appel, en majorité sur leur temps de travail, mais aussi en bénévolat.

Le combat contre l’illettrisme doit être collectif. Que la personne illettrée soit en emploi ou pas, elle doit pouvoir être accompagnée, sans stigmatisation, sans jugement. La question n’est pas de savoir pourquoi et comment elle a « désappris » : il y a autant de raisons que de situations individuelles qui peuvent expliquer une situation d’illettrisme. La question est de mobiliser les entreprises en interne afin de repérer ces situations et de mettre en place les bons outils de « réapprentissage ». Tout le monde y gagne : l’entreprise qui voit le bien-être et la performance de son collaborateur s’améliorer, le salarié qui voit sa vie, tant personnelle que professionnelle, changer du tout au tout, la société, plus largement, qui profite du bénéfice des deux !

Tribune parue dans le numéro de juillet/août de la revue Personnel de l'ANDRH.

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