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Par Carenews PRO - Publié le 5 mars 2019 - 16:04 - Mise à jour le 7 mars 2019 - 08:50
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Philanthropie : les héritiers européens face aux self-made men américains

Alors que les milliardaires américains atteignent des records de fortune, ils sont également ceux qui font les plus gros dons. Le fondateur d'Amazon Jeff Bezos a fait en 2018 une entrée remarquée dans le cercle des philanthropes américains, avec des dons estimés à 2 milliards de dollars. Si l’Europe et la France, dans une moindre proportion, ne manquent pas non plus de grandes fortunes, l’élan philanthropique y est contraint par plusieurs facteurs d’ordre législatif, mais aussi culturel et sociologique.

Philanthropie : les héritiers européens face aux self-made men américains
Philanthropie : les héritiers européens face aux self-made men américains

 

 

Des grandes fortunes aux États-Unis, mais aussi en Europe

 

Aux États-Unis, rien n’est trop démesuré : selon le classement « Chronicle of Philanthropy », en 2018, le fondateur du géant du e-commerce Amazon Jeff Bezos a donné pas moins de 2 milliards de dollars en 2018 via son fonds Bezos Day One, soit 1,5 % de sa fortune estimée à 134,8 milliards de dollars. Mais même avec ce chiffre colossal, Jeff Bezos n’atteint pas les sommets de la philanthropie américaine : on se souvient du don fait par Bill Gates, en 2017, de 4,6 milliards de dollars, soit 5 % de sa fortune, au profit de sa fondation Bill and Melinda Gates.

 

En 2010, le même Bill Gates avait lancé, avec l’investisseur Warren Buffett, le Giving Pledge, une campagne pour inciter les plus fortunés à s’engager à donner de leur vivant, à des associations sans but lucratif, la moitié de leur patrimoine. Rassemblant aujourd’hui 190 grandes fortunes, il ne comprend aucune figure française, et seulement 18 grandes fortunes européennes.

 

Pourtant, avec un total de 431 milliards d’euros en 2018, la France ne manque pas de grandes fortunes : selon un classement annuel de Capital des 100 Français les plus riches, le patrimoine de Bernard Arnault, patron de LVMH et première fortune européenne, s’est élevé à 57 milliards d’euros en 2018. Sur la même année, la famille Mulliez, juste derrière, a cumulé 45,50 milliards d’euros. Françoise Bettencourt Meyers, héritière L’Oréal, affiche une fortune de 36,12 milliards d’euros, François Pinault, fondateur du groupe Kering, 21,44 milliards d’euros, et l’homme d’affaires Serge Dassault, 20,41 milliards d’euros.

 

Les autres pays d’Europe ne sont pas en reste, avec l’espagnol Amancio Ortega, fondateur de Zara, ou encore les Allemands Georg Schaeffler, du Schaeffler Gruppe, les héritiers du groupe BMW Stefan Quandt et Susanne Klatten, Giovanni Ferrero, héritier du groupe Ferrero, et l’autrichien Dietrich Mateschitz, co-fondateur de Red Bull.

 

« Complexe philanthropique » à la française

 

Les fortunes françaises et européennes seraient-elles grippe-sous ? Seule l’une des 100 plus grandes fortunes françaises, l’industriel pharmaceutique Alain Mérieux (18e fortune française en 2018 et président de la Fondation Mérieux pour la lutte contre les maladies infectieuses), a répondu à l’appel « Changer par le don » lancé en décembre dernier par Denis Duverne et Serge Weinberg, sorte de Giving Pledge « à la française » qui engage les Français les plus aisés à donner 10 % de leur fortune de leur vivant. Le manifeste a néanmoins recueilli l’engagement d’une soixantaine de personnalités aisées : l’actrice Line Renaud, l’humoriste Muriel Robin, l’écrivain Marc Levy, la créatrice de mode Agnès b., la présidente de la Fondation Entreprendre Blandine Mulliez, l’homme d’affaires Claude Bébéar, les chefs d’entreprise Xavier Fontanet, Jean Todt…

 

Ce « complexe philanthropique» aurait en France une explication d’ordre culturel et sociologique, en plus de l’explication liée au droit français des successions qui limite la quotité disponible pour un legs à des personnes autres que les héritiers. Alors que, selon une étude Société Générale Private Banking, deux tiers des milliardaires français sont des héritiers, les grandes fortunes françaises seraient avant tout soucieuses de préserver leur patrimoine et leur capital, et de le transmettre à leurs héritiers qui reprendront les rênes.

 

L’économiste Daniel Cohen a livré son analyse pour l’hebdomadaire économique Challenges : « Les self-made-men, qui ne doivent leur richesse qu'à eux-mêmes, se sentent libres d'en faire ce que bon leur semble, la dépenser, la risquer et, parce que c'est devenu outre-Atlantique une sorte d'injonction sociale, la redistribuer », explique-t-il. « Les héritiers, eux, ne se considèrent pas propriétaires mais plutôt dépositaires de leur fortune, avec pour devoir moral de la passer aux générations suivantes. Ils sont donc anxieux de la conserver, la sécuriser, la pérenniser. »

 

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