[CHIFFRE] Seulement 13 % de femmes cadres dans l’ESS
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes qui s’est tenue le 8 mars, l’Observatoire de l’égalité femmes hommes dans l’économie sociale et solidaire (ESS) dresse un état des lieux inédit à l’échelle nationale. Le constat est sans appel : si l’égalité est au coeur des valeurs et des activités de l’ESS, elle est loin d’être mise en œuvre dans le fonctionnement et la gouvernance des structures (associations, fondations, mutuelles, entreprises sociales…) qui la composent.
Un secteur très féminisé
Parce que l’ESS porte beaucoup des secteurs considérés comme « féminins », les femmes y sont particulièrement présentes. 68 % des salarié·e·s de l’ESS sont des femmes, et une femme française sur 7 travaille dans l’ESS, soit 2 fois plus que les hommes. Les femmes sont très présentes dans les fondations, les associations et les mutuelles, où elles représentent respectivement 75 %, 71 % et 73 % des effectifs. Dans les coopératives, la parité est quasiment atteinte, puisque les femmes y représentent 47 % des effectifs.
Depuis quelques années, parmi certaines structures de l’ESS, émergent en interne des réseaux de femmes : les Elles et les Elles de l’IT de la BPCE (Banque Populaire Caisse d’Épargne), Potentielles du Crédit Agricole CIB, Financi’Elles pour les métiers de la banque, de la finance et des assurances, Cov&Elles du Groupe Covéa, Alter-natives de la MAIF, Mut’Elles de la Mutualité Française… Des programmes spécifiques pour l’entrepreneuriat social des femmes voient également le jour : EmpowHer, Women’act, les Audacieuses, Lead’her… Le but : permettre l’épanouissement professionnel et personnel des femmes, et sensibiliser à l’égalité entre femmes et hommes par le biais de rencontres, de forums et de réseautage.
Car si les femmes sont la « force vive » de l’ESS, elles continuent d’y avoir une place minoritaire en termes de poste à responsabilité, de valorisation et de rémunération. « L’ESS a les mêmes travers que les secteurs classiques, ce qu’on pourrait lui reprocher plus fortement, puisqu’elle est censée, justement, être sociale et solidaire », témoignait Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, dans une interview accordée à Carenews le 8 mars dernier.
Des inégalités encore marquées
Dans l’ESS, les écarts de salaire sont sensiblement les mêmes que partout dans l’économie française : 23 % d’écarts de salaires tous postes confondus, contre 24 % en France, et 16 % d’écart de salaire à équivalent temps plein, contre 18 % tous secteurs confondus en France. Des inégalités qui découlent globalement de l’emploi des femmes dans l’ESS, concentré sur des emplois plus précaires et peu rémunérateurs car peu valorisés, dans une proportion plus marquée que dans le reste de l’économie.
Ainsi, 41 % des femmes de l’ESS travaillent en temps partiel, contre 1 femme sur 3 tous secteurs confondus en France, et 76 % des CDD ou temps partiel de l’ESS sont des femmes. Par ailleurs, 1 femme sur 2 travaillant dans l’ESS occupe un emploi dans l’action sociale, et 24 % d’entre elles se concentrent sur 3 métiers : aide à domicile, aide soignante et agent de service hospitalier.
Cause ou conséquence, le plafond de verre est particulièrement « résistant » : alors que 22 % des hommes de l’ESS sont cadres, cette proportion n’atteint que 13 % chez les femmes (contre 15 % dans le secteur privé hors ESS et 16 % dans le secteur public). Cette tendance est particulièrement marquée dans certains secteurs, comme les activités financières, d’assurance et de santé. L’écart est particulièrement marqué parmi les mutuelles : 41 % des hommes y sont cadres, contre 17 % des femmes.
Des étapes importantes pour l’égalité femmes hommes
Malgré ces inégalités encore marquées, les acteurs de l’ESS font preuve d’une volonté forte depuis plusieurs années. À l’occasion de la loi sur l’ESS de 2014, dite « loi Hamon », le collectif FemmESS a obtenu de porter l’inscription de l’égalité entre femmes et hommes dans les textes, en rendant obligatoire la production d’un rapport triennal sur l’égalité femmes et hommes dans l’ESS par une commission dédiée du Conseil supérieur de l’ESS. En juin 2018, a été créé l’observatoire de l’égalité femmes hommes dans l’ESS, porté par le Conseil national des chambres régionales de l’ESS (CNCRESS).
En 2017, 10 % des structures de l’ESS de plus de 50 salarié·e·s ont négocié un accord égalité, soit une augmentation de 38 % par rapport à 2014, plus forte que dans le reste de l’économie. En 2015, un premier accord-cadre était signé en novembre par l’UDES et les représentant·e·s des cinq confédérations syndicales de salarié·e·s (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, CGT-FO). Le 8 mars 2018, aux côtés du Haut Commissariat à l’ESS et à l’innovation sociale, plusieurs réseaux nationaux de l’ESS se sont engagés à atteindre la parité dans leurs instances de gouvernance d’ici 2020.
Ségrégation des métiers, temps partiel, plafond de verre, inégalités salariales, l'observatoire de l'égalité femmes-hommes dans l'ESS présentera son état des lieux mardi 26 mars à Superpublic à partir de 18h30.
— CNCRESS (@CNCRES) 8 mars 2019
Inscriptions et informations ici : https://t.co/ibELMoshIq pic.twitter.com/FVPwbcvPeM