[VÉRIFIONS] Monoprix force-t-il ses clients à faire un don pour Notre-Dame ?
Depuis quelques jours, une polémique enfle à propos des dons effectués pour Notre-Dame via le système d’arrondi à la caisse mis en place chez Monoprix. Des clients accusent les enseignes de “forcer” le don et de profiter de l’avantage fiscal à leurs dépens. Carenews déconstruit les idées reçues sur le sujet et fait le point.
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“Arnaque”, “honteux”, “du vol”... Peut-on lire depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. En cause, le système de microdon à la caisse proposé dans des enseignes comme Monoprix, Franprix et Kusmi Tea, et géré par microDON, une entreprise sociale labellisée B Corp. Mis en place il y a quelques mois dans ces magasins, le système de l’arrondi à la caisse propose aux clients qui le souhaitent de faire un don à une association ou un organisme d’intérêt général, en arrondissant à l’euro supérieur le ticket de caisse.
Depuis le 17 avril et jusqu’au 5 mai, en réaction à l’incendie de la cathédrale de Notre-Dame qui s’est déroulé le 15 avril au soir, les microdons proposés par ces trois enseignes sont orientés vers l’effort national pour la reconstruction du monument via la Fondation de France. Cette dernière fait partie des quatre acteurs “légitimes” de collecte recensés par le Gouvernement.
Depuis quelques jours, des internautes se plaignent sur les réseaux sociaux d’avoir été “arnaqués” à la caisse, notamment dans les Monoprix. Un post en particulier a été partagé plus de 50 000 fois sur Facebook, sur des groupes privés ou en public. Les internautes disent avoir été forcés à faire un don au profit de Notre-Dame, au moment du paiement par carte bancaire à la caisse.
Il faut savoir que le don à la caisse se fait sur option du client, sur le terminal de paiement, en appuyant sur la touche verte pour “oui” ou sur la touche rouge pour “non”. Le don, chez Monoprix, est certifié par le système Verifone.
L’arrondi, un usage encore peu inscrit dans les habitudes
“Même si la proposition de don est clairement inscrite sur le terminal de paiement, et qu’en général l’hôte de caisse en informe le client, certains clients disent ne pas avoir compris qu’ils faisaient un don”, explique Pierre-Emmanuel Grange, fondateur de microDON. “Le microdon à la caisse reste un usage assez nouveau en France, et les clients ou même le personnel ne sont pas toujours bien habitués. Dans le contexte que nous connaissons actuellement, avec la polémique des dons pour Notre-Dame, ces incidents isolés ont pris une ampleur disproportionnée et créé cette polémique”, analyse-t-il.
L’entreprise microDON, qui gère le reversement des dons via son fonds de dotation Le Réflexe solidaire, ne touche aucune commission sur les dons, tout comme les enseignes partenaires qui reversent 100 % des dons aux structures bénéficiaires.
Face aux divers incidents signalés, notamment sur le refus de certains magasins de rembourser les erreurs de dons, microDON a indiqué avoir fait ce matin un rappel aux enseignes partenaires sur le processus de microdon à la caisse.
- le client doit être accompagné et informé à la caisse, au moment du paiement et sur le choix qui lui est proposé d’effectuer ou non un don
- dans le magasin, doit apparaître une publicité spécifique (PLV) qui informe le client sur le dispositif
- le client qui plaide une erreur a le droit de se faire rembourser, soit dans le magasin directement, soit sur le site larrondi.org, sur présentation du ticket de caisse.
Défiscalisation ou pas défiscalisation ?
Autre doléance qui a fait son apparition parmi les polémiques : la défiscalisation. Nombreux sont ceux qui dénoncent un “coup de pub” ou un “coup de marketing” sur le dos des clients, pensant que les enseignes qui collectent ces arrondis sur ticket de caisse bénéficient ensuite de la défiscalisation de 60 % applicable aux dons faits par les entreprises. Une allégation erronée, puisque les magasins qui collectent les microdons à la caisse ne servent que de “tirelire”, et ne tirent aucun avantage de ces collectes, ni défiscalisation, ni commission.
Comme tout don fait à une association, le microdon à la caisse est en principe défiscalisable. Le client doit justifier de quelques euros de dons au moins sur l’année en envoyant ses tickets de caisse.
“Le don à la caisse reste anonyme, on se base sur les tickets de caisse qui nous sont envoyés”, rappelle Pierre-Emmanuel Grange. “Sur d’aussi petites sommes, c’est rare que les clients demandent à être défiscalisés, mais quand ils le font, nous leur envoyons un reçu fiscal”.
Quatre opérateurs majeurs installent le microdon à la caisse ou en ligne pour le compte de grandes enseignes : microDON, Un Rien c’est Tout, Common Cents France et HeoH. Certaines enseignes, comme MacDonald’s, collectent des dons en propre pour leurs actions caritatives.
La précédente campagne de collecte de Monoprix, via microDON, a bénéficié à l’Institut Curie. Elle avait permis de récolter près de 580 000 euros en moins de six semaines.
Article modifié le 24/04/2019 à 14:01