La Russie accentue ses pressions sur les ONG

Première visée, l'association Golos, spécialisée dans le contrôle des élections, a porté plainte contre le ministère de la Justice qui avait sommé cette organisation de s'inscrire dans le registre des «agents de l'étranger». Une dénomination officielle, déjà en vigueur au temps des répressions staliniennes, et que doit désormais épouser toute ONG exerçant une «activité politique» et bénéficiant de sources financières occidentales. En cas d'échec devant les tribunaux administratifs, Golos entend porter l'affaire devant la Cour constitutionnelle russe, estimant que la loi votée par la Douma fin 2012 contredit les principes de la juridiction suprême. À l'origine des révélations sur les falsifications électorales des derniers scrutins nationaux, et fondée en 2000 sur la base d'un soutien américain, cette association figure depuis longtemps dans le collimateur des autorités. Et craint d'être acculée à la fermeture. Par ailleurs, soixante ONG ont publiquement contesté, jeudi 11 avril, les statistiques alarmantes et accusatrices récemment dévoilées par Vladimir Poutine. Dans une interview à la télévision allemande, le chef du Kremlin avait reproché aux intéressés d'avoir reçu «de l'étranger» en quatre mois 28,3 milliards de roubles, ce qui représenterait en moyenne pour chacune d'elles une somme controversée de… 1,4 million de dollars. Un chiffre qui éveille chez les intéressés des soupçons de manipulation politique. «On en revient à l'époque de l'URSS lorsque toutes les informations qui arrivaient au sommet du pouvoir émanaient du KGB avec pour seul objectif de plaire au leader», observe la rédactrice en chef du journal d'opposition New Times, Evguenia Albats.