« Les oubliés du rêve américain » : le rôle de la philanthropie à Boston

Dans Les oubliés du rêve américain. Philanthropie, État et pauvreté urbaine aux États-Unis, Nicolas Duvoux réalise une étude ethnographique de Boston. Il s’intéresse à la population, dont une partie, souffrant de pauvreté, est marginalisée. Comme il l’explique dans son livre, le chômage des jeunes ou encore les difficultés des mères à faire garder leurs enfants font partie des problèmes qui gangrènent cette société.

Dans son ouvrage, le sociologue s’intéresse surtout aux activités menées par les fondations au service de cette population, ces associations qui se sont développées sur le modèle du community organizing. Il explique notamment que les membres de ces organismes cherchent à déstigmatiser leurs bénéficiaires. D’ailleurs, lorsque leurs salariés s’adressent aux habitants, ils sont tenus de maintenir une situation d’égal à égal. Il faut qu’ « ils se sentent chez eux » lorsqu’ils se trouvent dans les locaux de la fondation dont les salariés ne doivent pas être perçus comme des travailleurs sociaux. L’étude de Nicolas Duvoux s’est surtout concentrée sur l’observation et l’analyse de l’une de ces structures, composée d’une quinzaine de salariés.

De manière générale, ces philanthropes tentent d’adopter une approche soutenable et de valoriser le savoir local, tout en faisant participer au maximum les plus pauvres, et ainsi faire vivre la communauté, montre le sociologue.

Bien sûr, l’ouvrage permet également de cerner la forme et les limites de l’organisation communautaire qui cherche à se recréer autour du don philanthropique. L’étude montre comment, sur les débris du ghetto, des philanthropes cherchent à régénérer la communauté indispensable pour faire vivre le rêve américain mais aussi justifier leur propre réussite.