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Par Tourism for Help - Publié le 29 mars 2016 - 14:00 - Mise à jour le 4 avril 2016 - 07:15
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Portrait de la co-fondatrice de Tourism for Help

Portrait de la co-fondatrice de Tourism for Help, Isabelle Lejeune, pour le blog canadien "Femmes Alpha".

Portrait de la co-fondatrice de Tourism for Help
Portrait de la co-fondatrice de Tourism for Help

Elle est belge d’origine. Elle vit en Suisse. Je l’ai connue au Kenya. Elle consacre tout son temps à l’insertion socio-économique de jeunes maliens et sénégalais. Elle est singulière, unique, entêtée, déterminée, rassembleuse, visionnaire, généreuse. Elle m’inspire, je l’admire.

Isabelle Lejeune, une Femme Alpha sans frontières, est à la base, à la tête et au cœur de Tourism for Help, une association suisse sans but lucratif qui vise à promouvoir le tourisme solidaire en soutenant la formation et l’insertion professionnelle de jeunes défavorisés, en Asie d’abord et maintenant en Afrique.

Quand l’art devient humanitaire

Elle se vouait à une carrière dans les arts et la culture : cinéma, théâtre, réalisation, production. Un jour, elle se retrouve au Cambodge en tant qu’accompagnante de l’homme qui partageait sa vie à l’époque. Il travaille pour une organisation humanitaire. Comme bien des femmes d’expatriés, elle ne travaille pas. Elle souhaite trouver une occupation lui permettant de faire le pont entre l’humanitaire dans lequel elle est plongée et la culture et les arts qui sont ses domaines d’expertise. La vie lui répond et on lui propose d’écrire le scénario d’une vidéo de sensibilisation au port du condom destinée tant aux clients qu’aux prostituées vietnamiennes qui travaillent dans les bordels du Cambodge. Elle visite donc les bordels en question, rencontre les jeunes filles, écoute leurs histoires et écrit, avec elles, le scénario qui raconte leur vie.

Ce premier contact privilégié avec des populations vulnérables la touchera droit au cœur et sera déterminant pour la suite non seulement de sa carrière, mais de sa vie. À partir de là, elle voudra s’investir auprès des groupes marginalisés et vulnérables et leur donner une voix (et une voie).

Au moment de quitter le Cambodge, ses amis lui demandent de s’associer à eux dans un projet touristique. Ils s’attendaient probablement qu’elle se contente de financer la construction de quelques huttes pittoresques sur une plage paradisiaque qu’elle visiterait quelques fois par année… avec quelque éventuel profit à la clé. C’était bien mal connaître Isabelle!

« Plus on me dit que ça ne marchera pas, plus je veux prouver l’inverse! »

Bien d’accord pour le tourisme, mais il fallait y inclure une dimension de formation et de développement local pour les communautés. De là, convaincue que le tourisme solidaire et responsable est un vecteur de développement (assez précurseur en 2004!), elle saisit son bâton de pèlerin et présente son idée à qui veut l’entendre (et même aux autres… jusqu’à ce qu’ils finissent par l’entendre) et en arrive à constituer une association, en bonne et due forme, avec statuts, chartes, comités et tutti quanti, dont le but est d’ouvrir un centre de formation aux métiers du tourisme pour des jeunes défavorisés au Cambodge. (L’option huttes pittoresques eût été tellement plus simple et rapide!). Tourism for help est ainsi créé.

Commence alors le « parcours du combattant » (je la cite) pour amasser le financement nécessaire. Sans relâche, elle fait des demandes, remplit des formulaires, rencontre des gens, s’implique dans toutes les instances et les groupes possibles, développe et entretient son réseau jusqu’au jour où, après 2 ans de labeur, elle reçoit son premier montant significatif, qui lui tire des larmes de satisfaction! Le compte n’y était pas, mais qu’à cela ne tienne, Isabelle adapte le projet et se lance! (Elle n’était pas à quelques… dizaines… de milliers… d’euros près, après tout!)

Son rêve devient réel. Le centre de formation accueille les jeunes (notamment des filles) qui en ressortent avec les connaissances et l’expérience qui leur permettent de s’insérer professionnellement, de devenir autonomes et de briser le cercle vicieux de la pauvreté.

C’était en 2007. Aujourd’hui, Tourism for help s’est entièrement retiré de la gestion du projet au Cambodge qui s’autofinance à même ses activités.

« Les projets c’est les rencontres, les coups de cœur, pour les gens, les endroits… »

En réelle entrepreneure, Isabelle n’est pas la femme d’un seul projet. Les rencontres et la vie lui présentent l’occasion de reproduire le modèle à succès au Mali, en 2011, et au Sénégal, en 2014. Chaque fois, sa détermination, voire son entêtement, mais aussi son charisme et sa grande capacité à motiver, à mobiliser et à mettre les ressources en réseau lui permettent d’arriver à ses fins et de voir ses projets se concrétiser. Aujourd’hui, chaque jour, on la contacte de partout en Afrique pour développer des projets similaires! Voilà une belle revanche pour tous ceux (nombreux!) qui ont tenté (en vain!) de la décourager, de l’inciter à arrêter, de passer à autre chose!

Comme Isabelle carbure à la passion et aux projets, elle ne se repose pas longtemps sur ses réussites. « Tu sais, pour les gens comme moi, une fois que ça roule, le travail est fait. Il faut alimenter son petit feu », me dira-t-elle. Son prochain cheval de bataille : le maraîchage agroécologique. Pour elle, la clé du développement de l’Afrique passe par l’agriculture familiale. Elle imagine déjà ses installations de formation hôtelière dotées d’une ferme école et opérant en circuit fermé, produisant sa propre électricité, gérant ses eaux usées, servant à ses clients les produits qu’elle cultive et valorisant la cuisine locale, engraissant ses terres du compost récupéré des restes de table et autres déchets… et la roue tourne. Le rêve est grand et noble. Et on peut s’attendre à ce qu’elle remporte son pari!

Avec ses compétences et son expérience, son bagou et sa passion, elle pourrait très bien être recrutée par une des dizaines de dizaines d’organisations d’aide au développement présentes en Suisse. Elle accomplirait le même bien, avec un peu moins d’obstacles, ou à tout le moins un peu plus de moyens et de soutien pour y faire face. Mais non, elle croit en sa mission, en son action. Elle y consacre toute sa vie, toute son attention, toute son énergie. Son projet, c’est sa passion! Elle en retire la satisfaction nécessaire pour maintenir sa motivation et sa conviction. « J’ai autant de plaisir de voir un de mes jeunes qui travaille dans un des plus beaux hôtels de Dakar que de croiser un client qui me dit combien il a apprécié son séjour dans notre hôtel! »

On entend souvent dire que les femmes sauveront l’Afrique. Je pense qu’Isabelle Lejeune est une de celles qui y contribuent. J’aimerais avoir cette fougue et cette détermination. Avoir une cause qui me tienne tellement à cœur que je m’y consacre corps et âme. À défaut, j’ai Isabelle comme amie, qui m’inspire et que j’admire.

Geneviève Bédard

http://www.femmesalpha.com/portraits/blog/isabelle-lejeune

 

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