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Par Carenews PRO - Publié le 20 juillet 2016 - 15:31 - Mise à jour le 29 septembre 2016 - 09:05
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[Entretien] Marianne Eshet, déléguée générale de la Fondation SNCF

L'intérêt général a toujours guidé Marianne Eshet. A la tête de la Fondation SNCF, elle mesure le chemin parcouru pour le Mieux Vivre Ensemble. Et pointe du doigt la tâche qui reste à accomplir pour optimiser l’impact du mécénat : structurer les actions des entreprises, embarquer les technologies et adopter le réflexe de co-construction.

[Entretien] Marianne Eshet, déléguée générale de la Fondation SNCF
[Entretien] Marianne Eshet, déléguée générale de la Fondation SNCF

Quel parcours vous a menée à la Fondation SNCF ?

L’importance de l'intérêt général et la nécessité du mécénat se sont toujours imposés à moi comme une évidence. À 11 ans, mes rêves se portaient vers l’aide aux enfants d'Afrique. À 13, j'étais engagée dans l'École à l'Hôpital. J'ai longtemps rêvé de pratiquer la philanthropie professionnellement, mais cela s'est concrétisé relativement tard.

J'ai démarré ma carrière dans une librairie française aux Etats-Unis, avant de travailler, en France, dans une agence de communication où j’étais chargée de gérer des budgets de mécénat et sponsoring.  Puis, j’ai signé pour six mois au PSG, au marketing, et j'y suis restée 6 ans ! 

J’ai entrepris de nouvelles études au CELSA et à l'ISG (Institut supérieur de gestion). Et c'est un engagement volontaire, entre deux contrats de travail, comme formatrice  auprès de jeunes d'Argenteuil ayant décroché scolairement, qui m'a véritablement ouvert les yeux. J’y ai touché du doigt la vraie pauvreté et même parfois le danger.

Jacques Rigaud m’a proposée de rejoindre Admical, qui regroupe les entreprises mécènes, comme déléguée générale, où je suis restée 7 ans, de 2002 à 2009. Cela m'a permis de concilier ma volonté d'engagement avec ma vie professionnelle pendant une période formidable pour le mécénat, portée par la loi de 2003.

En 2009, Guillaume Pepy m'a appelée chez SNCF pour donner un nouvel élan à la Fondation, que je pilote aujourd’hui avec une équipe de sept permanents.

 

Quelle est l'actualité de la Fondation SNCF ?

La Fondation SNCF fête cette année ses 20 ans et amorce son cinquième quinquennat en devenant la Fondation d'un groupe international de mobilité grâce à ses filiales. Désormais SNCF, SNCF Mobilités, SNCF Réseau, SNCF Logistics et Keolis sont les 5 entités contributrices de la Fondation qui voit son budget conforté de 3 à 5 millions d'euros par an pendant 5 ans.

Nous avons restructuré notre gouvernance pour embarquer les filiales dans des comités opérationnels afin de prendre nos décisions collégialement.

Il n'est pas question de faire table rase du passé de la Fondation, mais de mettre toute son ambition et ses forces au service d’une grande cause : le Mieux Vivre Ensemble.

La Fondation SNCF concentre son action sur trois domaines : l'Éducation pour prendre sa place dans la société, la Culture pour s’ouvrir sur le monde, et la Solidarité pour bien vivre avec les autres.

Elle s’appuie sur trois leviers d’action. L'ancrage territorial d'abord, avec un réseau dédié de correspondants régionaux qui permet d’être au plus près des réalités locales. L'engagement des salariés ensuite. Depuis la première heure, les “Coups de Cœur solidaires” de la Fondation SNCF récompensent chaque année 400 projets associatifs portés par des salariés bénévoles. Ayant promu à Admical d’autres formes d’interventions que financières, j’ai lancé il y a 4 ans un programme de mécénat de compétences avec le soutien entier du président Guillaume Pepy.

Ce programme, ouvert à tous, permet aux salariés de s'engager dans des associations sur leur temps de travail, jusqu'à 10 jours par an. Le bilan a dépassé nos espérances : 1 400 salariés se sont engagés auprès de 140 associations partenaires. Le groupe SNCF est devenu référent en matière de mécénat de compétences et a été récompensé par le Trophée “Mieux Vivre en Entreprise”.

Dernier levier d’action, la co-construction. Face aux enjeux sociétaux, impossible d'agir seul. Rappelons qu’il y a plus d’un million d’associations en France. Aussi, nous avons impulsé  il y a 3 ans une démarche inter-associative. Via le Réseau National des Maisons des Associations (RNMA), la Fondation propose de soutenir un projet commun réalisé par plusieurs associations. Et ça marche ! En trois ans, nous avons soutenu 278 projets portés par 675 associations. L'Alliance pour l’éducation est un exemple emblématique du potentiel de la co-construction : elle réunit 11 grandes entreprises françaises contre le décrochage scolaire, s’appuie sur l’action de sept associations et aussi sur le mécénat de compétences de salariés !

 

Forte de cette expérience, comment voyez-vous l'évolution du mécénat ?

La loi de 2003 a permis un développement important du mécénat et les derniers chiffres d’Admical montrent une progression de 25% du budget global soit 3,5 milliards d’euros en 2015.  La contribution  de l'entreprise au service de l'intérêt général est aujourd’hui acceptée et acquise. Néanmoins, au sein même de l’entreprise, il reste encore à convaincre les managers des bénéfices du mécénat. 

Cet engagement peut être un formidable outil de management et les Directions des Ressources Humaines doivent en prendre conscience. La co-construction est la réponse adaptée aux enjeux actuels, on répond mieux à plusieurs. Encore trop peu nombreuses, les initiatives collectives doivent se multiplier.

Il ne faut pas oublier les nouvelles technologies pour permettre l’accès à un plus grand nombre de contributeurs.

Enfin, il est essentiel que chacun y trouve son compte : l’entreprise attend un retour d’image légitime et les bénévoles la reconnaissance de leur engagement.

 

 

Dans le contexte actuel, je suis convaincue que l’attention et le temps donnés aux autres est aussi important  que l'argent. Comme l’a si bien exprimé  le poète Khalil Gibran : “C'est lorsqu'on donne de soi-même que l'on donne vraiment.”

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