150 ans de la Croix-Rouge: découvrez l'histoire de celui qui l'a fondée
De nos jours, la Croix-Rouge est presque devenue une expression. On oublie cependant bien souvent le parcours héroïque d'Henri Dunant, l'homme qui a fondé cette organisation planétaire. L'histoire de celui que l'Histoire a oublié, c'est aujourd'hui, sur Carenews.
Henry Dunant naît le 8 mai 1828 à Genève, au sein d'une famille engagée: son père est juge à la Chambre des Tutelles, qui s'occupe des orphelins, et sa mère, très pieuse, s'occupe de charité. Près de 20 ans plus tard, le jeune Henry va créer une organisation que nous connaissons tous...
Comme beaucoup de grands hommes le jeune Henry ne brille pas par ses résultats scolaires. Néanmoins, il se fait remarquer par son engagement. Il rend visite aux prisonniers, aux pauvres et aux malades, dans une démarche de charité chrétienne. Il forme d'ailleurs en 1847 un groupe d'étude qui deviendra les Unions Chrétiennes pour les Jeunes Gens.
En 1849, Dunant travaille pour la banque Lullin & Sauter qui l'envoie en mission en Algérie. Le jeune homme emporte dans ses bagages le rêve un peu fou de fertiliser les terres arides de ce qui est alors une colonie française. Arrivé sur place, il construit un moulin et, en 1958, il créée la Société anonyme des Moulins de Mons-Djemila. Afin de s'affranchir des difficultés légales inhérentes aux étrangers, il demande - Et obtient - La nationalité française.
Les temps à venir sont toutefois difficiles. Dunant n'obtient pas de soutien financier de la part de l'Etat français pour développer sa colonie. Il décide alors de s'adresser à l'Empereur lui-même, Napoléon III, alors en campagne contre les Autrichiens en Italie.
Le 25 juin 1859, Dunant débarque à Solférino, aux derniers jours des combats. Ce qu'il voit l'horrifie: le champ de bataille est jonché de blessés agonisants, et personne n'est là pour leur fournir les premiers soins vitaux. Mettant sur papier ce que ses yeux osent à peine voir, Dunant publie, à compte d'auteur, "Un souvenir de Solférino", le premier plaidoyer humanitaire de l'histoire avec des recommandations pour améliorer la condition des blessés de guerre. Il l'envoie à toutes les cours d'Europe, et le livre fait grand bruit.
En 1963 la « Société genevoise d’utilité publique décide de mettre en pratique les idées du livre et forme le « Comité international de secours aux blessés ». Henry Dunant fait partie du conseil d'administration, avec le Docteur Louis Appia, Théodore Maunoir et Gustave Moynier.
Durant l'année qui suit, Dunant va parcourir l'Europe afin de propager l'idée de "sociétés volontaires de secours aux blessés". En août 1864, Dunant réunit les responsables de ces sociétés à Genève, et écrit avec eux la Convention de Genève, dont les dix articles deviendront la charte du Comité International de la Croix-Rouge. Henry Dunant vient de rencontrer son destin.
Mais alors qu'il s'occupe de ses projets humanitaires et est couronné de lauriers partout en Europe, Dunant néglige ses affaires algériennes. L'année 1865 est marquée en Algérie par une série d'événements catastrophiques : des révoltes, une épidémie de choléra. Il tombe en faillite. Les tribunaux genevois le condamnent pour avoir « sciemment trompé ses associés ».
Monyer en profite pour évincer ce Dunant qu'il n'a jamais aimé du Comité International de la Croix-Rouge. Dunant démissionne de lui-même le 25 août 1867. Il quitte Genève, où il ne reviendra plus.
A l'automne, Dunant lance une « Bibliothèque internationale universelle » destinée à populariser les chefs-d’œuvre de toutes les cultures. Visionnaire, il essaie - En vain - De créer un double état à la fois pour les Juifs et les Arabes en Palestine, qu'il veut sous la protection de Napoléon III. Mais d'autres problèmes minent déjà l'Europe...
En 1870 la guerre franco-allemande éclate. Ne pouvant officier au CICR, Dunant créée une organisation parallèle, la « Société auxiliaire de Secours aux blessés », puis, choqué par les massacres de la Commune de Paris, il créée l’« Alliance universelle pour l’Ordre et la Civilisation ».
Mais Henry Dunant est toujours un homme en faillite, et l'humanitaire ne paie pas. Il écrit des articles, et vit du soutien de quelques amis. Il rêve de se lancer à nouveau dans les affaires, mais, criblé de dettes, il ne dispose pas de fonds suffisants pour lancer une nouvelle entreprise. Se rêves de réussite resteront des chimères.
En 1872 et 1873, en Angleterre, Dunant s’efforce de sensibiliser l’opinion à la question des prisonniers de guerre, sur laquelle la Croix-Rouge, présidée par Gustave Moynier, commence seulement à se pencher, tente de répandre l’idée d’une cour d’arbitrage chargée de résoudre les conflits internationaux.
A partir de 1873, Dunant va connaître deux années d'errance et de misère, jusqu'à ce que sa famille accepte de lui verser une petite pension, sans laquelle il ne survivrait pas. Il tente brièvement de devenir représentant de commerce pour le "Polyphone", un instrument de musique qui ne trouvera jamais ses clients.
En 1892, Dunant se retire à Heiden, en Suisse où, afin de prouver son rôle dans la création du CICR, alors devenu mondialement connu, il entreprend d'écrire son autobiographie. Mais il est trop tard, usé par une vie errante et glissant sur la pente de la folie, Dunant ne parviendra pas à organiser ses souvenirs et sa biographie restera inachevée.
En septembre 1895, Georg Baumberger, rédacteur en chef du journal Die Ostschweiz de Saint-Gall, écrit un article sur le fondateur de la Croix-Rouge avec lequel il s'entretient en venant par hasard à Heiden en août de la même année. Cet article intitulé Henri Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge paraît dans la revue allemande Sur terre et mer qui est diffusée en peu de jours dans toute l'Europe. On se souvient alors de lui et il reçoit des messages de sympathie et de soutien du monde entier. Il apparaît à nouveau dans la conscience d'un large public en tant que fondateur du mouvement de la Croix-Rouge même si le comité international de Genève évite encore tout contact avec lui.
Le 10 décembre 1901, Il reçoit le premier Prix Nobel de la Paix, qu’il partage avec le pacifiste français Frédéric Passy. Moynier, ainsi que le comité international, étaient également en lice pour le prix. Le Comité se fend d'une lettre de félicitations, mais, jusqu'à la fin de sa vie, Dunant ne pardonnera jamais à Monyer sa trahison.
En 1910, à 82 ans, Dunant s'éteint. Par testament, grâce à son Prix, il fonde un lit perpétuel pour un indigent à l’hôpital de Heiden où il a passé ses dernières années. Selon sa volonté, ses cendres sont dispersées à Zurich.