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Par Carenews PRO - Publié le 21 août 2017 - 08:42 - Mise à jour le 29 août 2017 - 10:08
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[SAGA MÉCÉNAT] T’as le ticket chic ?

Bernard Hasquenoph, fondateur de Louvre pour tous, signe pour carenews.com une saga estivale. À travers des chroniques étudiant quelques cas d'études Bernard Hasquenoph retrace quelques étapes-phares du fundraising : financement participatif, produit-partage, adoption de bancs... Retrouvez cette semaine son troisième récit sur le Ticket Mécène dans les musées français...

[SAGA MÉCÉNAT] T’as le ticket chic ?
[SAGA MÉCÉNAT] T’as le ticket chic ?

Qui a dégainé le premier ? Toujours difficile à dire mais pour une fois, ce ne serait pas un musée national. Le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux en revendique en France la primauté. En avril 2013, cet établissement municipal à l’aura internationale lance l’opération Ticket Mécène. À la caisse, il est proposé aux visiteurs de faire don de 3 euros minimum (plus l’entrée alors de 5 euros), contribuant ainsi à l’acquisition d’une oeuvre en coûtant 10 000. En réalité, la moitié suffit, l’association des Amis du CAPC s'engageant à doubler les dons. « Les visiteurs, explique l’institution, sont invités à devenir acteurs-bienfaiteurs de la collection, établissant ainsi un lien direct entre le citoyen et son musée ». En contrepartie, chaque donateur repart symboliquement avec un « morceau de l’oeuvre » - un magnet-puzzle - et reste informé de l’évolution de l’opération. A la fin, tous sont invités à un moment de convivialité (mécéné par un producteur de vin), où l’artiste présente son oeuvre. À l'origine du projet, Thomas Boisserie, alors responsable du développement et des partenariats au musée. Comme il le racontait juste avant le démarrage de l'opération aux Jeudis du mécénat, rencontres organisées par le ministère de la Culture, l'idée lui était venue à la lecture de deux études [1]. La première, américaine, s'intéressait aux pratiques de fundraising : « Elle avait étudié la propension du grand public à faire un don à la culture. Ils se sont rendu compte que le moment le plus propice, c’est le moment où vous êtes à l’accueil du musée et que vous allez acheter votre billet ». Dans la seconde, française, 21% des personnes interrogées dans la rue se disaient prêtes à faire un don à un établissement culturel, motivées par sa proximité et sensibles à ses besoins. L'opération fut un succès, atteignant son but en moins de temps que prévu, grâce à 800 donateurs et aux équipes d’accueil sans qui un tel dispositif ne pourrait exister. Mais, comme il arrive parfois pour les opérations de crowdfunding sans que le public en ait conscience, la motivation n’était pas que financière. Thomas Boisserie s’en était confié aux Jeudis du mécénat : « Sincèrement je ne pense pas que ce sera super rentable. La première raison pour laquelle je l’ai faite, c’est parce qu’aujourd’hui j’ai besoin de me constituer une base de donateurs ponctuels, qui sera demain ma base de donateurs réguliers… » C’était donc un coup d’essai pour des opérations futures plus ambitieuses, le but étant de  « créer un réseau communautaire » autour des collections. D’ailleurs le CAPC réitéra l’initiative, les Amis réduisant peu à peu leur soutien. Plus étonnant, la Ville de Bordeaux déposa le nom Ticket Mécène à l’Institut National de la Propriété Industriel (INPI). Une action qui interroge dans un domaine où le partage des bonnes pratiques est plutôt de mise. « Ce n’est pas du tout pour couper l’herbe sous le pieds des autres musées, répondit un brin gêné Thomas Boisserie à ce sujet. C’est simplement pour qu’on puisse avoir pendant un an la primauté sur l’opération ». De fait, Bordeaux autorise la réutilisation de la marque à titre gracieux, avec obligation de citer le CAPC comme auteur du concept. En ont bénéficié déjà des musées à Chartres, Le Havre, Roubaix, La Rochelle… Ce qui nécessite un parcours un peu lourd : vote au conseil municipal, signature d'une convention, dépôt auprès de l’INPI. D’autres se passèrent de la bénédiction du CAPC. En 2014 à Paris, le musée Rodin, se disant « innovant » , proposa le Billet Mécénat « 1 euro pour 1 Rodin » afin d’acquérir un dessin. Visant 40 000 euros, il en récolta plus de 30 000. La même année, le Centre des monuments nationaux lança sa campagne : « Pour 1 euro de plus, devenez mécène » de la Conciergerie. Fin 2015, Versailles mit en place un dispositif plus complexe. Pour un don en ligne de 5 euros sans affectation ciblée, la personne peut venir retirer au château un Jeton Mécène doré d'inspiration XVIIIe. Autant d’initiatives jumelles qui multiplient les possibilités de mécénat populaire. Cependant, la palme de l’originalité et de la solidarité revient au musée Jeanne d'Albret dans les Pyrénées. Ce musée associatif, s’inspirant d’une pratique en usage dans le secteur alimentaire, propose depuis l’été 2014 la formule du ticket suspendu. Chaque visiteur peut acheter un ticket en plus du sien à laisser sur place (à tarif réduit : deux à 3,50€ au lieu d’un à 5€) pour « une personne qui, sans cela, n'aurait pas pu visiter le musée ». Si l’initiative a été bien accueillie par les visiteurs, personne ne réclama de billets gratuits. Aussi, le musée les offre au Secours populaire ou aux Restos du cœur, et cela fonctionne très bien. Une belle idée à copier, libre de droits. Bernard Hasquenoph [1] « Best Practices in Arts & Culture Fundraising » WealthEngine, 2010. « Les Français et le mécénat culturel », Excel/OpinionWay, novembre 2010.

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