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Par Lire pour en sortir - Publié le 10 octobre 2017 - 11:15 - Mise à jour le 21 octobre 2021 - 17:58
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La vie devant soi vu par les lecteurs du programme Lire pour en Sortir

Les bénéficiaires du programme Lire pour en Sortir, des personnes détenues, livrent leur interprétation de l'ouvrage de Romain Gary « La vie devant soi ».

La vie devant soi vu par les lecteurs du programme.
La vie devant soi vu par les lecteurs du programme.

Les personnes détenues qui participent au programme de lecture de Lire pour en Sortir remplissent une fiche de lecture après chaque livre lu. Ils répondent à diverses questions sur l’auteur et le livre, retranscrivent leurs citations favorites, rédigent un résumé et donnent leur avis à propos de cette lecture. Chaque lecteur rend compte, à travers son retour, de sa compréhension et de son interprétation singulière du livre. Afin de valoriser cette diversité des regards, Lire pour en Sortir propose ici une compilation des avis des lecteurs sur le roman La vie devant soi de Romain Gary (Emile Ajar), qui a été lu par 45 détenus à ce jour, 30 hommes et 15 femmes. Les verbatims issus des fiches de lecture sont entre guillemets.

 

Résumé du livre

Belleville, 1970. Momo, petit garçon arabe fils de prostituée, est accueilli par Madame Rosa, une vieille femme juive rescapée d’Auschwitz et ancienne prostituée, qui tient une pension pour les enfants abandonnées. Momo raconte sa vie dans ce logement au 6e étage sans ascenseur. Madame Rosa, tellement malade qu’elle ne peut plus monter les escaliers, se cache dans la cave, ce qu’elle appelle son « trou juif ». Momo lui tiendra compagnie jusqu’à ce qu’elle meure et même au-delà.

La vie devant soi, un livre sur l’amour

À l’unanimité, le fil rouge qui conduit le lecteur page après page est l’amour, l’amour entre Momo et Madame Rosa, décrite par Pauline* comme « une femme âgée dans un état de légume dont le corps lâche de partout ». Thibault  glisse avec humour que l’histoire porte également sur « la relation entre Momo et Arthur », le parapluie avec qui le jeune garçon se promène dans la rue quand il n’est pas avec madame Rosa. Il n’y a pas de doute sur le fait que les deux protagonistes s’aiment, néanmoins les interprétations de la nature de leur relation sont nombreuses : « relation sentimentale » pour certains, « amour maternel » pour d’autres, Julie résume l’ambiguïté de leur relation en la qualifiant d’ « histoire d’amour indéfinissable. » Cet amour dépasse aussi les disparités entre les religions ; Momo, pourtant musulman, va allumer sept bougies, conformément à la tradition juive, à la mort de Madame Rosa. « N’est-ce pas une belle leçon d’humilité, cette histoire entre Madame Rosa et Momo ? » « Peu importe ses origines on est tous des humains », témoignent Manuel et Clémence.

Les citations préférées des lecteurs

Dans leur fiche, les lecteurs retranscrivent leurs citations favorites. Celle préférée des lecteurs est : « Rien n’est noir ou blanc et le blanc c’est souvent le noir qui se cache et le noir, c’est le blanc qui s’est fait avoir. »  Du reste, les affinités sont aussi diverses que le nombre de plumes. Voici une sélection de citations qui ont marqué les lecteurs :

David par exemple, sensible au thème de la religion :

« Le docteur Katz était bien connu de tous les juifs et arabes autour de la rue Boisson pour sa charité chrétienne. » 

Joseph, qui apprécie l’humour de Momo :

« C’est dommage que Madame Rosa n’était pas belle, car elle était douée pour ça, elle se souriait dans le miroir et on était tous contents qu’elle n’était pas dégoûtée. »

Romane, qui est attendri par l’attention que porte Momo à Madame Rosa :

« Je courais vite pour rentrer, car je m’étais donné du bon temps sans madame Rosa, et j’avais des remords… »

Des sensibilités différentes

La fin du roman déçoit certains : « [on la] connaît assez vite », témoigne Alexandre. D’autres trouvent qu’est c’est « le plus triste dans cette histoire ». Jérôme la décrit d’ « un peu poétique ». D’autre part, l’écriture fait polémique : certains trouvent le style trop « vulgaire » tandis que d’autres, bien que surpris par l’emploi de gros mots et d’un français approximatif, trouvent ce livre « très bien écrit et original ». Rachid apprécie ce « langage qu’il pratique au quotidien ». L’histoire lui parle beaucoup, lui qui a été élevé par sa grand-mère prostituée, « grosse et moche comme Mme Rosa ». Ce livre l’a aidé à mieux appréhender l’amour, sentiment sur lequel il dit vouloir apprendre à s’exprimer.

Ce que les lecteurs ont retenu de La vie devant soi

 «La vie devant soi est un condensé d’émotions et de bons sentiments, une magnifique leçon de vie. Une vie qui s’échappe de ces pages, débordante, irrévérencieuse, cruelle et tranquille dans le regard humide d’un enfant ou les yeux presque éteints d’une femme. » Martin

« Ce livre est une leçon de vie qui appelle à l’humilité, la reconnaissance et l’humanité. » Juliette

« Ce livre est extraordinaire. J’attends le prochain avec impatience. Merci. » Karim

« Je remercie l’équipe Lire pour en sortir, car vous m’avez ouvert les yeux sur des choses à travers cette histoire. » Patrick

 

Ces retours, pour la majorité très positifs, sont des mots bruts qui témoignent d’un besoin des personnes détenues d’être connectées au monde et de partager leurs sentiments. La lecture leur permet de prendre du recul sur leurs expériences grâce à l’identification aux personnages, et dans le même temps de vivre à travers des mots une histoire pour s’évader le temps de quelques pages.

 

  *Les prénoms ont été changés.

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