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Par Chroniques philanthropiques par Francis Charhon - Publié le 13 mai 2020 - 12:09 - Mise à jour le 13 mai 2020 - 17:02
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Demain la philanthropie en question

Dans une tribune du journal du dimanche "Aide aux associations : la solidarité nationale doit se traduire en actes" des responsables d'entreprises montrent que le sujet de la philanthropie est au cœur de la réflexion de demain.

Demain la philanthropie en question. Crédit photo : iStock
Demain la philanthropie en question. Crédit photo : iStock

Les actes de solidarité qui ont prévalu pendant le confinement démontrent de façon éclatante que l'État n'est pas en capacité de tout faire et a besoin de relais efficaces pour agir au plus près des besoins. La philanthropie ne fera pas tout non plus et d'ailleurs ne le revendique pas mais elle apporte une contribution significative au bien commun

Le concept un peu abandonné de « tiers secteur » a toute sa valeur car il indique clairement que les associations et fondations forment un secteur à part entière comme le sont : l’agriculture, l’entreprise, l’artisanat par exemple. Il porte des entreprises sociales, des salariés, des bénévoles, fait vivre de nombreux fournisseurs et représente 3,5 % du PIB. 

À lire
Tribune « Aide aux associations : la solidarité nationale doit se traduire en actes » parue le 9 mai 2020 dans le Journal du dimanche.

L'après-pandémie risque d'être douloureux. En effet, les dépenses astronomiques engagées par le Gouvernement pour protéger les citoyens et l'économie, donc les travailleurs, devront être remboursées. La belle expression « l'État paiera » veut dire en fait que le contribuable paiera à travers plus d'impôt. Ceux qui ont le plus de moyens (à quel niveau ?) seront probablement mis à contribution. Ne soyons pas naïfs, la situation de l’économie sera difficile. Permettra-t-elle  aux associations et fondations de trouver des ressources suffisantes à travers les dons si les donateurs entreprises et particuliers ont moins de moyens ?

Lors de la discussion récente au parlement pour augmenter la déduction fiscale des dons, qui s’est terminée par une augmentation du plafond du don « Coluche » à 1 000 euros, un ministre de Bercy a qualifié ce dispositif de « déjà généreux », empêchant d’aller plus loin.

Ce mot généreux revient sans cesse dans la bouche de ceux qui veulent une réduction de la fiscalité, il est en général assorti de l’expression « c’est une dérive du coût fiscal ». Pourtant lorsque l’État accorde une déduction fiscale de 66 % sur un don de 100 euros, il attire 34 euros de contribution complémentaire à l’impôt que paye volontairement le contribuable. C’est donc un investissement pour des causes d’intérêt général qu’il serait temps de prendre en compte dans la valeur ajoutée de la philanthropie.

Réduire les coûts n’est pas en soit une politique, cela doit être lié à un objectif clair, en l’occurrence quel est-il ? Il n’ y en a pas ; ce n’est depuis des années qu’une variable d’ajustement budgétaire sans considération de ses effets. Depuis trois ans les capacités d’interventions des associations et fondations sont diminuées par l’arrêt des emplois aidés, des subventions, la baisse des ressources de l’ISF, la diminution des déductions fiscales pour les dons des entreprises notamment.

Dans le même temps il n’est pas d’organisme d’État - écoles, universités, hôpitaux, centres de recherches, musées… pour ne citer que ceux là - qui n’aient mis en place des dispositifs (aux coûts inconnus) d’appel à la générosité du public, se mettant donc en concurrence avec les organisations philanthropiques. Situation assez absurde !

Ce n’est pas tant cette concurrence qui pose problème mais plus la question de savoir si l’État agit par l’impôt ou par l’appel à la générosité. Dans le deuxième cas, c’est admettre qu’on donne aux citoyens la capacité et les moyens de soutenir telle ou telle action qu’elle soit privée ou d’État et donc qu’il soit mis en place les dispositifs suffisant pour soutenir son engagement.

Cette crise sanitaire est, hors de l’aspect médical, une crise de l’anticipation et doit amener donc à réfléchir à demain. 

Y aura-t-il moins de personnes en difficulté, malades, âgées, handicapées, moins de besoins culturels, moins de questions environnementales, moins d’actions internationales…? Nous savons que non. 

Qui agira au quotidien jusque dans les parties les plus reculées du territoire ou les plus lointaines pour les ONG ? Nous avons la réponse car nous l’avons vu durant la crise : ce sont les associations et fondations avec leurs salariés et les millions de bénévoles, heureusement soutenues par le public.

Il y a à s’inquiéter qu’en sortie de crise, dans ce que beaucoup appellent « le monde de demain », le Gouvernement encore une fois laisse de côté le secteur philanthropique. Car à ses yeux il est moins important, peut être moins puissamment représenté, que les autres, et pourra attendre les derniers arbitrages budgétaires avec l’argent qu’il reste. 

Anticipons donc, soyons prospectifs, imaginatifs, mettons le plus rapidement possible une discussion globale avec le Gouvernement sur le rôle et les moyens attribués à ce secteur. 

Il faut avoir une politique ambitieuse, il en est de l’avenir de la cohésion sociale de notre pays et du mieux-vivre de nombreuses catégories de populations en difficulté. 

Francis Charhon 

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