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Par Carenews INFO - Publié le 26 octobre 2020 - 15:24 - Mise à jour le 23 février 2024 - 15:55
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Et si on interdisait la consommation de viande ?

333 millions de tonnes en 2020. La production de viande à l’échelle mondiale a quintuplé depuis les années 60. Cependant, les conséquences aussi bien sociales que environnementales ne plaident point en faveur d’une consommation de viande constamment en hausse. Au contraire, les arguments pour une transformation drastique de notre mode de vie “carnivore” actuel vont au-delà de l’enjeu du bien-être animal. Loin de vouloir entamer une séance de #viandebashing, quelles seraient les conséquences si on interdisait la consommation de viande demain ?

Sciences Po prend la parole sur Carenews
Sciences Po prend la parole sur Carenews

 

De plus en plus de viande produite : une question de durabilité

Les raisons pour une telle augmentation semblent évidentes à première vue : la croissance de la population accompagnée d’un revenu moyen mondial qui a triplé au cours des 50 dernières années. Néanmoins, les effets que cette consommation accrue entraîne pour la planète et les écosystèmes sont dévastateurs. Consommation d’eau importante, déforestation et dégradation des terres utilisées ou émission de gaz à effet de serre non-négligeable, le mode de production actuel de la viande n’est pas  compatible avec les enjeux les plus pressant de notre génération comme la crise climatique ou la protection de l’environnement.  Enfin, l’impact d'une consommation de viande exclusive, sur la santé humaine, reste ambigu selon les sources. Face à ce bilan peu encourageant, la remise en question de la durabilité de ce modèle est inévitable si l’on veut essayer d’atteindre les objectifs des Accords de Paris d’ici 2050.   

Un monde sans viande : une planète plus positive ?

En effet, l’état des lieux de la production de viande est alarmant. L’agriculture est une des sources majeures de gaz à effet de serre et représente 18,9% des émissions françaises alors que l’élevage responsable représente 9% à lui seul. 

Derrière la production d’un kilogramme de viande bovine contenant environ 700 grammes d’eau se cachent pas moins de 15 400 litres d’eau et jusqu’à 16 kg de produits végétaux utilisés comme nourriture animale. Dans le cas d’une interdiction de la consommation de viande, ce surplus de nourriture pourrait faire d’une pierre deux coups : réduire la faim dans le monde, un fléau qui touche aujourd’hui plus de 800 millions de personnes. Néanmoins, ce n'est pas seulement la consommation importante d'eau induite par la production de viande  qui est préoccupante : la déforestation, l'érosion et le surpâturage ont des conséquences catastrophiques et parfois irréversibles sur l'environnement. 

Mais la production de viande ne menace pas seulement notre environnement. Effectivement, de nombreuses questions se posent quant au risque sur notre santé. Le fait d’ajouter des antibiotiques dans l’alimentation animale peut entraîner des répercussion dangereuses pour la santé de l’homme, comme développer une immunité aux médicaments. D’autant plus que le caractère cancérogène de la viande reste controversée selon les résultats de différentes études.

 

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Une interdiction totale de viande : des obstacles évidents

Le projet d’une interdiction de la consommation de viande soulève des soucis juridiques et éthiques considérables. Par exemple se poserait la question cruciale de l’avenir des personnes qui travaillent dans l’industrie de production de bétail, un métier stressant d’un point de vue physique et psychologique. Un licenciement sec, sans alternatives proposées, ni perspectives sur le marché du travail poserait un énorme problème pour cette main-d’oeuvre généralement peu qualifiée. Ceci dit, le développement de nouveaux secteurs d’activités économiques et le potentiel de création d’emploi dans le cadre du combat contre le réchauffement climatique est plus que prometteur et pourrait aider à résoudre ce problème. 

 

Les individus ne continueraient-ils pas à consommer via des réseaux  alternatifs ?

Autre point indéniable : le développement  d’un immense marché noir, qui se mettrait en place pour compenser l’interdiction de consommation de viande, demanderait un effort radical aux humains pour changer leurs habitudes alimentaires de « carnivores ». Les hommes devraient faire preuve de capacité d’adaptation en se tournant vers des produits alternatifs et des substituts de viande, une industrie qui connaît actuellement un boom, notamment aux rayons des supermarchés. Les alternatives sont donc déjà présentes. Reste à imaginer la tâche de la rééducation sociale.   

Interdire de manger de la viande, possible juridiquement ?

Autre paramètre, la dimension juridique de ce défi. Une telle interdiction serait-elle tout simplement compatible avec notre Constitution ? Représenterait-elle une atteinte à nos droits en matière de liberté individuelle ? L'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen stipule que les individus jouissent d'une liberté tant qu'elle n’empiète pas sur la liberté des autres. Certes, le choix de consommer de la viande est un choix personnel, chacun ayant la liberté de choisir son régime alimentaire. Cependant, comme les conséquences de cette décision personnelle sont supportées par la société dans son ensemble, un conflit évident entre la liberté individuelle et celle des autres serait sous-jacent.

 

Alessandro Horacher et Juliette Cherpin Etudiant.e.s du cursus Economie sociale et Environnementale

 

Partenariat Sciences po et Carenews
Dans le cadre de ce partenariat entre Sciences Po Paris et Carenews, deux journalistes en herbe imagineront un monde meilleur, résolument tourné vers les principes d'écologie et d'égalité.
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