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Par Carenews PRO - Publié le 23 septembre 2015 - 16:35 - Mise à jour le 22 octobre 2015 - 09:03
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[ENTRETIEN]V. Godebout, délégué général de Solidarités Nouvelles face au Chômage

La vie professionnelle de Vincent Godebout est exclusivement orientée vers le social. Elle a débuté comme formateur auprès des chercheurs d’emploi, s’est poursuivie dans l’aide humanitaire à l’international dans des pays en état d’urgence. Aujourd’hui le globe-trotter est reparti pour un nouveau combat sur le territoire national auprès des chercheurs d’emploi en s’appuyant sur les compétences de bénévoles et les financements privés.

[ENTRETIEN]V. Godebout, délégué général de Solidarités Nouvelles face au Chômage
[ENTRETIEN]V. Godebout, délégué général de Solidarités Nouvelles face au Chômage

Comment votre parcours professionnel vous a-t-il mené à la direction de SNC ?

Je suis né dans le monde associatif et adolescent, je créais déjà des associations. Ma première expérience professionnelle fut celle de formateur auprès de personnes en chômage de longue durée dans une Chambre de Commerce et d’Industrie. Puis je me suis lancé dans l’humanitaire à la fin des années 1980 à l’occasion de la révolution roumaine. Avec Médecins du Monde j’ai monté un projet d’acheminement de médicaments aidé par des jeunes en parcours d’insertion qui intervenaient aussi dans des programmes de rénovation d’écoles par exemple. J’ai ainsi fait pas mal d’allers retours en Roumanie pendant trois ans. J’ai ensuite été expatrié dans le cadre de programmes ECHO de la Commission européenne pour coordonner l’aide humanitaire de pays en état d’urgence (Croatie, Macédoine, Albanie). De retour en France je suis entré au Secours Catholique en 1997 comme délégué départemental dans l’Yonne. J’y ai aussi coordonné les opérations d’intervention d’urgence à l’international. C’était un moment très intéressant où le financement de l’humanitaire n’était plus seulement public, les entreprises amenant en plus de l’argent des compétences dont les ONG ne disposaient pas.

J’ai alors créé le département Mécénat et Partenariat d’entreprises dans le cadre de la loi Aillagon et le département Responsabilité Sociétale des entreprises et Insertion. Avec la conviction que l’on n’ arriverait à intégrer les personnes en très grande difficulté seulement si le lien avec les entreprises se développait. Je considère que les responsables d’entreprises et de mécénat sont des passeurs qui traduisent la volonté de l’entreprise en action. Aujourd’hui même si les différents acteurs du public, du privé des associations se connaissent de mieux en mieux les langages sont encore trop souvent différents

Et depuis trois ans je suis délégué général de Solidarités Nouvelles face au Chômage, une association largement reconnue depuis 30 ans pour ses compétences dans l’accompagnement des chercheurs d’emploi.

 

Quel est le mode d’intervention de SNC auprès des chercheurs d’emploi?

Nous sommes présents dans 70 départements et visons 3 ou 4 départements supplémentaires chaque année. Actuellement 2 500 bénévoles sont engagés puis formés dans l’association et travaillent en binôme (une personne est toujours accompagnée par deux bénévoles) auprès des personnes en recherche d’emploi avant tout pour les aider à reprendre confiance en elles, les écouter et avancer à leur rythme. Elles viennent nous rencontrer quand elles en ressentent le besoin. Il s’agit d’un accompagnement gratuit sans limite dans le temps. Depuis 30 ans environ 3 000 personnes viennent à notre rencontre chaque année et les 2/3 retrouvent du travail, même dans une conjoncture plus délicate aujourd’hui.

Nous tenons aussi à apporter notre soutien à la création d’emplois. Chaque année 100 à 150 postes sont ainsi créés par nos soins auprès d’associations. Nous fonctionnons avec un budget de 1,5 million d’euros provenant exclusivement de fonds privés. C’est un choix politique de fonctionner sans fonds publics, chaque bénévole engagé dans l’association étant invité à partager un peu de ses revenus.

Et pour aller plus loin avec les entreprises nous avons mis en place des partenariats dans le cadre du mécénat de compétence. Seize groupes de SNC sont actifs dans des entreprises dont les salariés font de l’accompagnement auprès de notre association. Il est très important que les chômeurs puissent franchir la porte d’une entreprise pour en retrouver les codes.

 

Comment voyez vous l’évolution du mécénat et de la philanthropie ?

Le monde associatif idéologiquement opposé au monde de l’entreprise est aujourd’hui contraint devant la baisse des subventions publiques de se tourner vers le mécénat d’entreprise. Il y a donc une concurrence de plus en plus grande de porteurs de projets aux portes des fondations. Cela contraint les entreprises à mettre en place des procédures administratives pour aboutir à des choix de plus en plus complexes. Et elles délaissent de ce fait leur rôle de soutien à la prise de risque sur des projets innovants.

Parallèlement au mécénat se développe la philanthropie et l’engagement personnel de donateurs soutenant la prise de risques dans des actions sociales. On parle de mécénat populaire aujourd’hui mais les individus ont toujours fait des dons, pourquoi donner une nouvelle dénomination?

En revanche il faut être vigilant sur deux points:

Le mécénat est vecteur d’image. Il faut veiller à ce que les bénéficiaires ne soient pas seulement des porteurs de logos.

Le mécénat c’est aussi rapprocher des gens dans le respect de leur différence. Mais nous ne partageons pas forcément toutes les valeurs des mécènes qui nous soutiennent.

Enfin le mécénat est un vrai créateur de sens en interne et un facilitateur de lien en entreprise entre les collaborateurs se retrouvant autour d’un même projet. Et les outils numériques des interfaces entre acteurs de natures diverses (associations, entreprises, collectivités) leur permettent de travailler ensemble sur un même projet.

Si bien que l’avenir me semble radieux pour le mécénat et la philanthropie.

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