Comment mettre en place l’économie circulaire dans votre entreprise ?
De plus en plus, les entreprises s’éloignent du modèle tout jetable. Pour des raisons de productivité, d’écologie et de réputation, elles se dirigent à présent vers des modèles plus circulaires. Ce cycle, plus respectueux de l’environnement, permet également d’allonger la durée de vie des produits. Mais comment mettre en place un modèle d’économie circulaire au sein de votre entreprise ? Dans cet article, Kolabee vous donne des pistes de réflexion.

Économie circulaire : définition
Comme son nom l’indique, l’économie circulaire conçoit le cycle de vie des produits comme un cercle, et non comme une ligne droite. Dans le système classique, les matières sont extraites, les objets produits, utilisés, puis jetés. Les matières sont alors éparpillées dans la nature et polluent (microplastiques, produits chimiques, etc.).
Un système de type économie circulaire s'inspire de la nature, dans laquelle toute matière adopte un cycle de vie, sans jamais produire d’excès ou de déchet. Difficile pour nous de faire aussi bien que Mère Nature… cependant, nous pouvons essayer !
L’économie circulaire consiste donc à produire des biens et des services de manière durable, en limitant consommation et gaspillage des ressources, ainsi que la production des déchets. A long terme, l’économie circulaire vise à sortir du tout jetable.
NB : Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, l’économie n’est circulaire qu’à 7,2%. Pour régénérer ce que l’humanité consomme chaque année, il nous faudrait presque deux planètes terre (1,75).
Les 7 piliers de l’économie circulaire
L’ADEME définit 7 piliers dans le cycle de l’économie circulaire :
- Approvisionnement durable : mode d’exploitation/extraction des ressources visant leur exploitation efficace en limitant les rebuts et l’impact sur l’environnement, que ce soit pour les renouvelables et non-renouvelables ;
- L’éco-conception : prendre en compte tous les impacts environnementaux sur l’ensemble du cycle de vie, dès la conception d’un bien, d’un procédé, ou d’un service ;
- Écologie industrielle et territoriale : mode d’organisation industrielle mis en place par plusieurs opérateurs économiques d’un même territoire et caractérisé par une gestion optimisée des ressources (matière et énergie) ;
- Économie de la fonctionnalité : privilégier l’usage à la possession, ou vendre des services liés aux produits (plutôt que les produits eux-mêmes) ;
- Consommation responsable : évaluer ce dont on a besoin, choisir des éco-produits, utiliser mieux ses produits. Enfin : trier les emballages et les produits usagés afin de les valoriser ;
- Prolongement de la durée de vie : ce pilier couvre aussi bien le réemploi que la réutilisation, ou encore, la réparation des produits. L’idée centrale est de remettre dans le circuit économique les biens ne répondant plus aux besoins du premier consommateur ; réparer, ou bien démonter les pièces de certains déchets encore en état de fonctionnement ;
- Le recyclage : réutiliser les matières premières issues des déchets, que ce soit :
- en boucle fermée (produits similaires) ;
- en boucle ouverte (utilisation dans d’autres types de biens).
Comment intégrer l’économie circulaire à l’échelle de l’entreprise ?
L’économie circulaire affecte aussi bien les services que les produits, cependant, ce sont souvent ces derniers qui concentrent les efforts des entreprises, notamment la fonction achat. Afin d’intégrer l’économie circulaire au sein d’une politique RSE efficace, l’Institut National de l’Économie Circulaire (INEC) préconise 10 étapes.
1. Initier une stratégie d’achat circulaire
Afin d’intégrer l’économie circulaire au sein de son business model, l’entreprise doit adopter une stratégie dédiée à l’achat responsable. Il est par exemple possible d’élaborer une charte de circularité, soit un document qui précise les objectifs et les engagements que se fixe l’entreprise en termes d’achat. Les acheteurs pourront ensuite s’y référer.
2. S’entendre avec les parties prenantes
L’économie circulaire replace l’entreprise au sein d’un écosystème auquel elle doit participer de manière responsable. Au-delà de la communication avec les fournisseurs, l’entreprise doit également faire de la pédagogie auprès de ses clients en interne afin de réévaluer leurs besoins.
3. Remettre en question vos propres besoins
Cette étape demande aux acheteurs d’engager une véritable réflexion concernant les spécifications techniques et fonctionnelles des produits. Elle renvoie aux piliers 2 et 4 de l’ADEME en particulier : éco-conception, réemploi et réutilisation.
Différence entre réemploi et réutilisation : dans le réemploi, l’objet est employé à nouveau dans un but similaire à celui originellement attribué. Dans la réutilisation, l’objet est utilisé d’une manière différente.
4. Penser la fin de vie de vos produits
Est-il vraiment nécessaire de passer par la case déchet ? Une question qui doit se poser pour chaque produit. À ce niveau, l’entreprise peut faire pression afin d’engager les fournisseurs à reprendre et réutiliser les produits en fin de vie. La réparation est-elle possible ? Ou alors, peut-on se rapprocher d’un éco-organisme afin de valoriser l'objet obsolète ?
5. Prendre connaissance des options d’économie circulaire sur le marché
Il existe plusieurs moyens de se renseigner sur les options d’offres circulaires disponibles. Il est tout d’abord possible d’adapter sa demande à l’offre existante. Les directions des achats peuvent également :
- Intégrer un réseau spécialisé afin de se rapprocher des pairs intéressés par le sujet ;
- Réaliser des benchmarks ;
- Utiliser une plateforme collaborative qui recense les acteurs du marché ;
- Réaliser un sourcing fournisseur, etc.
6. Encourager l’innovation dans l’établissement des contrats
Une démarche d'économie circulaire honnête et franche doit se retrouver dans vos contrats. Il existe plusieurs formes contractuelles qui sont à même de solidifier votre démarche :
- Le contrat de performance énergétique qui, comme son nom l’indique, définit les objectifs de performance énergétique :) ;
- Le marché global de performance qui impose des exigences pour ce qui concerne la réalisation, la maintenance et l’exploitation des biens ;
- Le contrat de système produits-services qui conjugue acquisition de biens et services : location, mutualisation, etc.) ;
- Et enfin, la convention achat-rachat, laquelle engage le fournisseur à racheter le bien en fin de vie.
7. Intégration de l’économie circulaire dans votre cahier des charges
Le cahier des charges permet à l’entreprise de formaliser les démarches d’économie circulaires. La notion doit être retranscrite le plus tôt possible dans le document afin d’être détaillée ensuite. Elle devrait notamment se retrouver dans l’objet du marché, les objectifs, les spécifications techniques et fonctionnelles, ou encore, les conditions d’exécution.
8. Utiliser des critères d’économie circulaire
Cette étape concerne également le cahier des charges. Lors de sa rédaction, il est important de définir les critères d’appréciation ainsi que leur pondération. Ces facteurs sont déterminants dans le choix du partenaire à l’issue du sourcing fournisseurs. Lors de cette étape, la direction des achats peut porter son choix sur plusieurs critères : l’intégration de matières biosourcées, recyclées, l’éco-conception, la réparabilité, ou encore, l’optimisation de la consommation énergétique des produits.
9. Assurer un suivi des engagements
Lors de l’établissement du contrat, il est impératif que l’équipe chargée de sa rédaction soit bien informée sur ces questions. La compréhension des enjeux de l’économie circulaire doit s’accompagner d’une véritable volonté de la mettre en place. Dans ce contexte, l’appui sur des données factuelles (grâce à la mise en place d’outils de suivi) est essentiel. Une phase de communication avec les parties prenantes doit permettre d'échanger régulièrement sur les résultats et discuter d’axes d’amélioration éventuels.
10. Déployer une démarche systémique
Déployer une démarche systémique permet d’intégrer pleinement le changement de paradigme dans la politique d’achat, et ce, de façon durable. À la suite d’un premier bilan, la direction des achats est en mesure de tirer des enseignements au regard de la stratégie initiale. Elle peut notamment établir un tableau de bord, ajuster les KPI, mesurer la réalisations des objectifs, etc. Il s’agit d’un bon point de départ afin d’approfondir sa démarche d’économie circulaire en entreprise.
Conclusion : l’économie circulaire, une problématique liée à la RSE
Comme toute bonne démarche RSE, l’implémentation de l’économie circulaire en entreprise doit être impulsée par la direction. L’économie circulaire affecte tout le cycle de vie des objets : de l’extraction des matières jusqu’à leur retrait, réparation ou réutilisation éventuelle. Afin de s’emparer de cette problématique complexe, une gouvernance efficace est essentielle. Seule une bonne gouvernance peut en effet prendre à bras le corps les enjeux de l’économie circulaire, en tant que celle-ci affecte tout l’écosystème de l’entreprise. Comme toute démarche RSE pertinente, celle-ci doit enfin être élaborée dans le cadre d’un dialogue éclairé avec les parties prenantes.