10 questions à Marie-Charlotte Laurence, directrice mécénat, partenariats et communication de l'association 1001mots

Soutenue par le Fonds du Bien Commun dans son changement d'échelle, l’équipe de l'association 1001mots rassemble des expertises diverses de haut niveau en matière de petite enfance. Pour mettre en valeur leur travail et leur impact, Marie-Charlotte Laurence est à pied d'œuvre. Diplômée de Science Po, elle occupe le poste de directrice mécénat, partenariats et communication.  

• Pouvez-vous nous présenter votre organisation ?  

Chaque année en France, 100 000 jeunes quittent l’école sans diplôme : ils sont plus à risque d’occuper un emploi qui leur déplait ou de tomber dans le chômage. En réalité, ce décrochage est en germe avant même leur entrée à l’école : un enfant qui entre en maternelle avec une faible maîtrise du langage oral aura ainsi un risque élevé de difficultés en lecture et, à terme, d’échec scolaire. Mais ce n’est pas une fatalité : les neurosciences montrent aussi que le cerveau des bébés est incroyable et a des capacités d’apprentissage extraordinaires ! Stimuler le langage d’un bébé de 1 an ou 2 ans en parlant avec lui, en lui chantant des comptines et en lui montrant des livres peut suffire à changer le cours de sa vie. 1001mots développe une solution inédite : accompagner les parents à éveiller le langage de leur avant leur entrée à l’école à 3 ans. Pour cela, nous avons construit un programme de « coaching » parental à distance et déjà réussi à montrer qu’il augmentait fortement la fréquence de lecture des parents avec leur bébé. Aujourd’hui, notre objectif est d’essaimer ce programme à grande échelle pour accompagner 100 000 enfants en 2026 et faire une vraie différence sur la France de demain.

• Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer ?

J’ai rejoint 1001mots en 2019 : l’association avait à peine 2 ans, nous étions six autour d’un bureau (et de pas mal de chocolat !). La première version de notre programme était en cours de test et d’évaluation par le J-PAL. Ce qui m’a convaincu de me lancer dans cette aventure ? L’expertise scientifique et l’ambition ! La mission, ces études incroyables, mais aussi l’énergie de l’équipe et des cofondateurs. Florent [DG et cofondateur] m’a expliqué très sereinement pendant mon entretien d’embauche : on veut toucher 100 000 enfants en 2026. Je me suis dit : ils sont fous, je signe ! Un autre point qui m’a donné très envie, c’est la place du parent dans le dispositif : j’arrivais d’une association de santé communautaire [AIDES], où le patient est au cœur du projet et de son parcours, selon l’adage de la lutte contre VIH/sida « Rien pour nous sans nous ». C’était important pour moi de retrouver un projet où les personnes concernées sont au centre.

• Quel est votre parcours jusqu'ici ?

Pendant mes études, j’ai fait du bénévolat pour différents projets qui avait pour point commun la lutte contre les inégalités : j’ai participé à des maraudes dans le nord de Paris et une favela de Rio de Janeiro, organisé des séances de soutien aux réfugiés dans leurs démarches administratives à Poitiers, soutenus des femmes enceintes en difficultés à Luanda. Après deux ans de marketing dans une grande entreprise du CAC 40, j’ai décidé de transformer mes engagements bénévoles en job à plein temps, même si c’était difficile. Huit ans que j’ai franchi le pas et mon métier me passionne autant qu’au premier jour. Porter la voix de projets qui font une vraie différence pour notre société, ça a quelque chose d’extrêmement galvanisant et magique.

• Comment se structure une journée type ?

Je n’ai pas de journée type, et j’adore ça ! Pour autant, certaines de mes activités sont récurrentes (au-delà de ma consommation de café que je pilote de près) : je passe du temps avec nos prospects et partenaires privés (DG de fondations, chef d’entreprises, entrepreneurs-donateurs), publics (DGA de départements, médecin-chef et équipes de PMI et administrateurs publics) mais aussi Camille, Valentina et Myriam, membres de mon équipe choc, sur le terrain au quotidien.

• Quel est votre impact associatif ?

En 2023, 1001mots ce sont : 10 000 enfants accompagnés dans 8 départements. Après un semestre d’accompagnement, les parents suivis par 1001mots lisent 2 fois plus avec leur enfant âgé d’un an que les parents du groupe témoin : c’est énorme (mais on veut faire encore mieux).

• Une belle histoire à raconter ?

Récemment, j’ai passé une après-midi avec Magalie, une maman accompagnée par 1001mots. Elle m’a dit « Seth [son fils], il est fan des livres, grâce à 1001mots : il adore qu’on les regarde ensemble, tous les jours. Les gens hallucinent quand je leur dis qu’il a seulement 2 ans et demi, tellement il parle bien pour son âge ! » C’est très fort parce qu’elle voit déjà l’effet de nos conseils sur son enfant. Mais elle est allée encore plus loin : « Moi, j’ai grandi au Congo, j’ai appris à lire très tard, vers mes 12 ans. Résultat aujourd’hui je n’aime pas ça, ce n’est pas mon truc de prendre un bouquin. Seth, à l’inverse, a moins de 3 ans il est déjà fan des livres, il va adorer ça et ça va changer sa vie ! ». Elle se projette complétement : « 1001mots fait une différence pour mon fils maintenant mais aussi pour les 30 ans à venir ». C’est puissant !

• Une citation/référence inspirante à partager ?

« Seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin ». Classique, et tellement vrai.

• Un rêve pour l’avenir ou où voyez-vous votre asso dans 5 ans ? 10 ans ?

Dans 5 ans, le rêve ce serait que l’on puisse proposer un accompagnement à tous les parents qui le souhaitent. Que le soir en se couchant, tous les parents se disent à quel point ils sont puissants et que ce moment de bonheur simple partagé avec leur bébé autour d’un livre peut changer son futur (et celui de notre société) !

• Une rencontre marquante/décisive pour grandir ?

Ma rencontre avec Alban, Amélie et Juliette du Fonds du Bien Commun. Il va sans dire que leur soutien majeur nous donne des ailes pour réussir notre changement d’échelle et parvenir à accompagner 100 000 enfants en 2026.

• Un mot pour la fin ?

MERCI !