Conseiller conjugal, un métier d'avenir ?
Alors qu’il est le médecin généraliste de la santé relationnelle dans le couple et de la famille, le métier de conseiller conjugal reste largement méconnu du grand public. Pourtant, une étude réalisée par Familya montre que l’accompagnement de ces professionnels peut s’avérer très bénéfique, en particulier pour les couples en difficulté et par extension pour leurs enfants. Mais pas seulement ! L’impact de leur accompagnement a également des effets très vertueux pour les finances publiques. Et si le conseiller conjugal et familial était un métier d’avenir ?
Une profession qui mériterait de sortir de l’ombre
Parmi les 425 000 couples[1] qui se séparent chaque année en France, combien font la démarche de consulter un conseiller conjugal avant de prendre leur décision ? Impossible à dire, mais sans doute une infime proportion. Il faut dire que le nom du métier n’est pas très vendeur. Sans compter que c’est un faux ami : son nom laisse supposer qu’un conseiller conjugal prodigue des remèdes miracle pour résoudre les problèmes de couple ! Bien loin de la réalité. En effet, le métier d’un conseiller conjugal ressemble à celui d’un médecin généraliste, mais dans le domaine de la santé relationnelle. Contrairement aux idées reçues, pas la peine d’attendre d’être au bord de la rupture pour prendre rendez-vous. Beaucoup de situations assez courantes peuvent justifier d’aller consulter : une difficulté passagère ou une crise conjugale, des problèmes de communication avec ses enfants, un conflit familial ou des évènements qui viennent bousculer l’équilibre du couple ou de la famille (naissance d’un enfant, perte d’emploi, chômage, deuil…).
Le rôle d’un conseiller conjugal : à défaut de conseils, poser les bonnes questions
Sa formation donne au conseiller conjugal une large palette d’outils pour permettre aux couples de se poser les bonnes questions afin d’analyser leurs difficultés et, s’ils le souhaitent, de trouver les clés pour les surmonter. A travers son écoute active, il les aide à faire le point, à identifier ce qui fait obstacle dans leur communication et à rétablir le dialogue. En libérant la parole, il crée les conditions pour que chacun puisse identifier et exprimer ses besoins et aussi entendre celui de son conjoint. Son rôle n’est ni de contraindre les partenaires à rester ensemble, ni de les pousser à la séparation, mais bien de les aider à y voir plus clair sur l’avenir de leur relation et de leur donner les moyens pour avancer.
Des effets positifs sur les relations intrafamiliales
Familya, un réseau associatif spécialisé dans l’accompagnement relationnel des couples et des familles, a réalisé en 2021 avec l’aide du cabinet Haatch une étude auprès de plus de 250 couples ayant bénéficié d’un accompagnement en conseil conjugal. Les résultats sont éloquents : parmi les couples qui songeaient à se séparer au début de leur accompagnement, 73 % ont décidé de rester ensemble. Et parmi ceux qui ont choisi de se séparer, 76 % déclarent que la séparation s’est faite de manière plus apaisée. Quelle qu’en soit l’issue, le conseil conjugal contribue le plus souvent à améliorer la qualité de la relation et à faire baisser la conflictualité. Quand on sait l’impact délétère des conflits parentaux sur les enfants, on mesure à quel point cela peut être bénéfique pour eux aussi !
Des économies aussi pour les finances publiques
L’étude de Familya souligne aussi les bénéfices du conseil conjugal pour les finances publiques. 1 € investi dans le conseil conjugal se traduit par des économies directes de 5 à 11 € dans les 5 années qui suivent. C’est logique : moins de séparations et moins de divorces contentieux, c’est moins de familles monoparentales menacées de tomber dans la précarité - 1/3 des foyers monoparentaux vivent sous le seuil de pauvreté[2] - et moins de travail pour les tribunaux. Autant d’éléments qui plaident pour une meilleure reconnaissance et un soutien accru au conseil conjugal. Dans certains pays, comme au Danemark, des municipalités ont décidé d’offrir des séances de conseil conjugal à leurs habitants avec des premiers résultats probants*. Un exemple à suivre pour la France ?
*« Si nous pouvons garder les familles unies, nous économiserons de l’argent à long terme. C’est très bon pour les couples, mais aussi pour la municipalité, car il vaut toujours mieux prévenir que guérir. » (Jette Haislund, responsable des questions de santé à la municipalité de Ringkobing-Skjern)
[1] Source DRESS : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sources-outils-et-enquetes/les-ruptures-familiales-les-separations-et-les-familles-separees#:~:text=R%C3%A9sum%C3%A9,qui%20en%20ont%20la%20charge
[2] Source Observatoire des Inégalités : https://inegalites.fr/Famille-monoparentale-rime-souvent-avec-pauvrete