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Par Lecture Jeunesse - Publié le 16 janvier 2024 - 09:00 - Mise à jour le 16 janvier 2024 - 11:26
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Pourquoi les filles s’orientent-elles de moins en moins vers les filières scientifiques ?

À l’heure où la science est partout (IA, réchauffement climatique…), cette question devient cruciale. L'Observatoire de Lecture Jeunesse a voulu comprendre de quelle manière les livres, films, séries… et autres objets culturels structurent le rapport aux sciences des adolescentes ? Quelle influence exercent-ils sur leurs choix d’orientation ? À quel point les objets culturels, par les représentations qu’ils véhiculent, permettent-ils d’agir contre les inégalités de genre en sciences ?

Pourquoi les filles s’orientent-elles de moins en moins vers les filières scientifiques ?   - Crédit photo : DR.
Pourquoi les filles s’orientent-elles de moins en moins vers les filières scientifiques ? - Crédit photo : DR.

Telle est la question traitée dans l'enquête publiée en 2023 par l'Observatoire de la lecture et de l'écriture des adolescents, piloté par l'association Lecture Jeunesse. 

Enquête conduite par les sociologues Alice Pavie et Clémence Perronnet, encadrée par Lecture Jeunesse avec le soutien du Ministère de la Culture.



 

La recherche a un coût et l'Observatoire recherche de nouveaux mécènes. N'hésitez pas à nous contacter (amelie.vincon@lecturejeunesse.com) si vous souhaitez devenir partenaire  !

POURQUOI L'enquête ?

Malgré des progrès incontestables ces dernières décennies, les femmes restent minoritaires dans les professions scientifiques dont elles occupent le plus souvent des métiers dits du care. Numérique, mathématiques et physique sont des domaines dans lesquels les femmes sont sous-représentées en France au sein des professions scientifiques où elles sont déjà bien moins présentes que les hommes. Or ce sont des secteurs à fort potentiel de développement, d’évolution, et de créations de nouveaux emplois.

Les femmes seront-elles en marge des métiers d’avenir, de la technologie de demain, de l’ingénierie numérique ? Doivent-elles rester anecdotiques dans les domaines de pointe de notre pays ?

De nombreux travaux existent sur les filles et les sciences, leur rapport aux disciplines scientifiques, leurs critères d’orientation. Mais peu s’intéressent aux jeux, aux fictions ou aux modèles construisant des schémas mentaux qui excluent ou intègrent les filles des univers technologiques, numériques ou scientifiques

QUELLES QUESTIONS ?

L’enquête de terrain menée par entretiens auprès de 45 lycéennes de 16 ans amatrices de maths* a cherché à répondre aux questions suivantes :

  • Quels contenus culturels les filles qui aiment les sciences connaissent-elles et consomment-elles ? Quel rapport ont-elles à ces contenus et comment ceux-ci façonnent-ils leurs représentations des sciences ?

  • Existe-t-il des role models féminins – réels ou fictifs – dans ces objets culturels qui encouragent les filles à s’engager dans des voies scientifiques ?

QUELQUES RÉSULTATS

  • Les loisirs scientifiques, une pratique minoritaire chez les adolescentes

Seulement 9 des 45 lycéennes interrogées ont des loisirs scientifiques réguliers. Les filles issues des milieux les plus dotés en capital économique et culturel ont davantage de loisirs scientifiques que les autres.

  • Un faible attachement des filles aux objets culturels scientifiques

Les filles ne consomment qu’occasionnellement ces contenus, et rarement de leur propre initiative (film imposé en classe, regardé en famille, etc.). Contrairement aux garçons, elles les utilisent rarement comme supports d’apprentissage et d’exploration des sciences. Lorsqu’elles disent les apprécier, ce n’est pas prioritairement en raison de leur dimension scientifique

  • Avoir des loisirs scientifiques, un truc de geek

Pour la majorité des filles, les sciences relèvent du champ scolaire, qu’elles opposent très nettement à celui des loisirs. Certaines rejettent même avec véhémence l’idée d’avoir une passion extrascolaire pour les sciences. À travers ce rejet se joue une mise à distance de la figure repoussoir masculine du geek. Pour les filles, placer les sciences hors du champ des loisirs revient à rejeter l’assignation au masculin qui accompagne l’investissement des sciences.

La mise à distance des loisirs scientifiques alimente un sentiment d’incompétence en sciences

Cette mise à distance empêche la naissance d’un sentiment de familiarité avec les sciences qui alimente la confiance en soi dans ces disciplines (plus on fréquente les sciences sur son temps libre, plus on s’y sent à l’aise).

Or, la culture scientifique est un attendu implicite des filières académiques puis des milieux professionnels scientifiques. La méconnaissance de certaines références culturelles scientifiques est perçue comme un manquement et exclut les filles des dynamiques de groupe dans ces environnements. Au bout de compte, cela alimente chez les filles le sentiment que leur travail ne fera jamais le poids contre la culture accumulée des garçons, et conduit en parallèle leurs camarades et collègues masculins à les juger incompétentes.

 



En savoir plus
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