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Par Apprendre les gestes et attitudes - Publié le 21 septembre 2014 - 21:21 - Mise à jour le 21 septembre 2014 - 21:23
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Apprendre les gestes et attitudes

Ce matin en prenant un café, j’ai écouté à la radio, le témoignage d’un homme qui a été aidant. Sa voix semblait jeune. Il devait avoir comme moi la quarantaine passée. Interrogé dans le cadre de la journée Alzheimer, il expliquait son parcours avec son père. Il remerciait les auxiliaires de vie et les professionnels de santé qui l’avait accompagné au domicile.

 

Le plus important pour moi dans ce témoignage fut le moment où il expliqua combien il avait été utile pour lui d’observer les gestes et attitudes des professionnels pour les reproduire, lui-même. Grâce à cet apprentissage, cette observation, il avait pu retrouver un échange avec son père qui ne le reconnaissait plus. En donnant de la patience, du temps et de l’amour à son père, ce dernier lui avait témoigné des gestes d’affection et de reconnaissance.

Il est essentiel de ne pas considérer le malade comme un dément, un fou, mais comme une personne à part entière, avec laquelle communiquer est possible si l’on s’en donne la peine. Je me souviens qu’au début de la maladie de mon père ( maladie de Richardson) le dialogue père fils était devenu très conflictuel. Je m’énervais et perdais patience, mon père n’acceptant pas de devenir dépendant des autres au quotidien. Ce n’est que bien plus tard au contact des professionnels que j’ai appris à maîtriser mes attitudes et anticiper celles de mon père. Au lieu de m’énerver je tournais les problèmes différemment, en faisant parfois diversion ou en prenant le temps d’expliquer différemment et de comprendre pourquoi une situation particulière générait une angoisse conflictuelle pour nous deux.

Il faut un peu de temps pour comprendre les mécanismes de certains comportements chez un malade qui en aucun cas ne doit être infantilisé ou traité comme une personne désocialisée. Stimuler, jouer, rire et s’inscrire dans une vie positive n’est pas interdit surtout face à la maladie. Il n’y a pas toujours une évidence à trouver les bons mots, les bons gestes et à se comporter en aidant. Un temps d’adaptation est nécessaire. L’accompagnement peut nous faire voir la vie différemment, nous faire souffrir tout en nous apportant une richesse que nous n’avions pas soupçonnée au départ. Même si la fatigue, l’épuisement et la tristesse l’emportent parfois, l’expérience d’être aidant peut cacher et révéler des richesses intérieures.

Pierre DENIS

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