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Par Carenews INFO - Publié le 19 novembre 2025 - 11:25 - Mise à jour le 19 novembre 2025 - 17:09
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TRIBUNE - Menaces sur l’OIT : l’Europe doit réagir pour défendre son modèle social

À la fin septembre, 85 États membres de l'Organisation internationale du travail (OIT) ne lui ont pas versé la totalité de leurs contributions pour 2025. Ce qui menace l'existence de cette institution des Nations unies pourtant garante, entre autres, du modèle social européen. Dans cette tribune, des acteurs et réseaux de l'économie sociale et solidaire (ESS) appellent les États, employeurs et travailleurs européens à soutenir l'OIT et son action en faveur de l'ESS.

Le siège de l'Organisation internationale du travail, à Genève, en Suisse. Crédit : diegograndi / Istock.
Le siège de l'Organisation internationale du travail, à Genève, en Suisse. Crédit : diegograndi / Istock.

 

 

La crise du multilatéralisme déstabilise les institutions internationales et frappe d’austérité les Nations unies, laissant planer la possibilité d’une faillite, conséquence d’arriérés élevés et de retards de versement.

Les institutions spécialisées des Nations unies, dont les programmes et budgets sont distincts de ceux de l’ONU, ne sont pas épargnées. À la fin septembre 2025, 85 États membres de l’Organisation internationale du travail (OIT) n’avaient pas versé la totalité de leurs contributions pour 2025. La coupe annoncée de 107 millions de dollars de la part des Etats-Unis en est un autre signal.

 

L'OIT, garante du modèle social européen 

 

Dans ce contexte, l’Europe doit réagir pour défendre son modèle social. L’OIT en est un instrument privilégié.

C’est un coopérateur européen, Albert Thomas, qui le premier a dirigé le Bureau international du travail (BIT) en 1919. Dès l’année suivante, il a créé une section de la coopération, qui a largement contribué à unifier le mouvement coopératif en lien avec l’Alliance coopérative internationale (ACI), avant de s’étendre plus récemment à l’économie sociale et solidaire (ESS).

C’est cette section qui a fortement contribué à la seule norme mondiale sur les coopératives en 2002 et à la proclamation par les Nations unies de 2012 puis de 2025 comme années internationales des coopératives. C'est elle enfin qui en 2022, lors de la Conférence internationale du travail, a adopté la résolution concernant le travail décent et l’économie sociale et solidaire, éclairant les résolutions de l’assemblée générale des Nations unies en 2023 et 2024 sur la promotion de l’ESS au service du développement durable.

 

un outil de promotion de la justice sociale

 

L’OIT se consacre à la promotion de la justice sociale et des droits de l’homme et du travail. Elle reconnaît pleinement le rôle de l’ESS dans la promotion du travail décent et de la protection sociale pour réduire les inégalités et soutenir les groupes défavorisés et en situation de vulnérabilité. C’est un relais indispensable pour déployer l’ESS à l’échelle internationale, alors qu’il devient urgent de mettre en œuvre des modèles de développement à la fois plus durables, plus inclusifs et qui concourent à la paix.

Préparant la reconstruction d’après-guerre et une paix durable, la déclaration de Philadelphie adoptée en 1944 avait réaffirmé les missions et principes majeurs de l’OIT comme la non-marchandisation du travail, la liberté d’association et la coopération ou encore la sécurité économique et l’égalité des chances. L’ESS est un levier essentiel pour la réalisation de ces principes. Elle contribue aux mandats fondamentaux de l’OIT.

À l’heure où l’agence est invitée à réduire ses missions, nous, acteurs, actrices, réseaux de l’économie sociale et solidaire appelons l’Europe à renforcer sa contribution à l’OIT et à réaffirmer son rôle d’instance indispensable à la paix et au dialogue social mondial.

Nous en appelons à l’ensemble des États, des employeurs et des travailleurs européens pour soutenir l’OIT et son action en faveur de l’ESS.

 

Signataires :

  • Benoît HAMON, président d’ESS France
  • Juan Antonio PEDREÑO, président de Social economy Europe (SEE) et président de la Confédération espagnole des entreprises de l'économie sociale (CEPES)
  • Alain COHEUR, président d'ESS Forum International
  • Giuseppe GUERINI, président de Cooperatives Europe
  • Jérôme SADDIER, président de Coop FR
  • Aude SALDANA, secrétaire générale du GSEF
  • Timothée DUVERGER, responsable de la Chaire TerrESS de Sciences Po Bordeaux et président du comité scientifique du GSEF Bordeaux 2025
  • Stéphane MONTUZET, président de la CRESS Nouvelle Aquitaine et vice-président d’ESS France en charge de l’Europe et de l’international

 

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