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Par PIE - Publié le 23 novembre 2021 - 09:00 - Mise à jour le 25 mars 2022 - 15:16
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Homiz : une plateforme qui met le digital au service de l’humain

Homiz est une plateforme de cohabitation intergénérationnelle qui permet à des jeunes d’habiter chez des séniors. Face à ce concept innovant, Paris Initiative Entreprise (PIE) propose au créateur de porter son projet en Place de l'Émergence pour trouver des financeurs. Lancé par France Active, ce dispositif permet de financer des projets engagés en amorçage via une subvention et une mise en relation avec mécènes et structures d’accompagnement. Retour sur cette expérience avec Yoan Levy, co-fondateur d’Homiz.

Yoan Viel, co-fondateur de Homiz
Yoan Viel, co-fondateur de Homiz

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à créer Homiz

Mon frère, qui est aussi mon associé, et moi, nous n’avons plus nos grands-parents. Depuis leur départ, on s’est rendu compte que nos liens avec les séniors étaient devenus inexistants, qu’il nous manquait quelque chose. J’ai eu l’intuition très forte qu’il y avait beaucoup de choses à faire pour développer le lien intergénérationnel, qui est d’une richesse inouïe. Il y a quelques années, alors que j’étais consultant pour Toulouse Métropole en Smart City, je me suis rendu compte que la ville de demain devrait être plus solidaire. Cette idée de résilience, de force collective, par la solidarité entre les habitants, m’a beaucoup plu. 

En quoi votre plateforme de cohabitation encourage la solidarité entre jeunes et séniors ? 

On est allé voir des jeunes, des moins jeunes, et on s’est rendu compte que ce sont des populations fragiles. Qui ont des besoins qui se répondent. Qui sont symétriques. Que les uns ont les solutions aux problèmes des autres. Côté jeune, une précarité qui s’accentue avec notamment la problématique du mal logement. Un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. 70% de leur budget part dans le logement. Côté sénior, 85% ont un logement beaucoup trop grand, se sentent seuls mais veulent rester chez eux. Face à cette réalité, on se dit que c’est évident qu’il faudrait faire cohabiter les uns chez les autres. Le jeune a ainsi accès à un logement abordable, confortable et mieux situé, et le sénior, lui, perçoit un petit complément de retraite, des petits services au quotidien et une présence rassurante.

Qui sont vos concurrents ? Comment vous démarquez-vous ?

D’un côté il y a les associations historiques (Cosi, Ensemble2générations, Réseau LIS) qui ne sont pas digitalisées. Homiz a un modèle d’avantage sur mesure, des délais plus rapides et on se déploie sur tout le territoire national. De l’autre, nous avons les plateformes qui se créent aujourd’hui. Elles sont toutes digitales donc aussi fluides que nous, mais ne sont pas du tout dans une logique sociale. Elles ne plafonnent pas les loyers, ce qui risque d’entraîner une marchandisation des chambres libres des séniors si ces plateformes triomphent. Elles incitent les séniors à valoriser leur actif, en jouant sur la cupidité individuelle. L’autre avantage de notre plateforme par rapport aux autres, c’est que nous avons une présélection poussée de nos jeunes et nos séniors par nos partenaires. Nous déployons aussi une technologie inclusive pour les séniors qui n’utilisent pas internet, via le téléphone et les SMS. Notre modèle hybride permet d’être très agile technologiquement tout en créant de la confiance à grande échelle.

Comment gérez-vous la crise sanitaire, a-t-elle freiné votre développement ? 

Elle a freiné la mobilité des jeunes, donc la cohabitation. Mais on pense que le déconfinement, la vaccination va entraîner une forte reprise de cette cohabitation. Le Covid a mis la lumière sur des problématiques qui existent depuis longtemps : l’isolement des séniors et la précarité des jeunes. Le monde d’après sera plus solidaire, et la cohabitation en fera partie. Il y a un fort besoin de liens sociaux. Notre modèle peut être une des réponses.

Quelle est votre stratégie pour continuer à vous développer ?

L’un de nos partenaires m’a dit : « vous Yoan, ce que vous proposez aujourd’hui, ce n’est pas un nouveau service, c’est un nouveau projet de société ». C’est exactement ça ! Pour réussir ce projet, on travaille avec des acteurs qui sont préoccupés par les mêmes choses que nous. On a par exemple remporté un appel à projet de La Poste, très préoccupée par la problématique du bien vieillir, ce qui nous a permis d’être identifié par le groupe avec qui on discute sur des synergies opérationnelles. On a aussi remporté le prix ESS du Crédit Coopératif, un acteur qui croit beaucoup en nous, qui veut communiquer assez massivement au niveau national sur notre action.

Mobilisée dans le cadre du pacte Émergence, la Place de l’Émergence est un nouveau programme fort et innovant de France Active. Il favorise l’émergence de nouveaux entrepreneurs sociaux qui transforment la société, en les aidant à tester, expérimenter et concrétiser leur projet avant de démarrer leur activité, et en leur donnant accès à un réseau bienveillant.

Hélène m’a beaucoup aidé à structurer la présentation de mon projet, en posant les bonnes questions, en éclaircissant les zones d’ombres.

Qu’est-ce qui vous a amené à candidater au programme Place de L'Émergence ? 

Au tout début du projet, j’ai contacté plusieurs acteurs capables d’accompagner les jeunes entrepreneurs, et notamment PIE (Paris Initiative Entreprise). C’est Hélène Marchand, consultante de l’association, qui m’a orienté vers ce programme créé par France Active. Elle m’a dit : “Yoan, je pense que votre opinion, l’originalité de votre démarche sur un sujet très porteur et qui n’a jamais vraiment décollé, pourra convaincre des mécènes”. Hélène m’a beaucoup aidé à structurer la présentation de mon projet, en posant les bonnes questions, en éclaircissant les zones d’ombres. Elle a challengé le projet, pour que nous puissions mieux le porter auprès des mécènes.

Vous avez obtenu 30 000 euros de subvention, comment les avez-vous utilisés ?

Grâce à cet argent, nous avons fait des études. Nous sommes allés voir des gens pour découvrir pourquoi il n’y a qu’entre 1000 et 1500 cohabitations intergénérationnelles aujourd’hui en France, alors que nous on estime à plusieurs millions leur nombre potentiel. Nous avons rencontré des jeunes et des séniors qui cohabitent déjà, pour prendre ce qui leur plaît et enlever ce qui ne fonctionne pas. On a pu identifier tous les freins par rapport auxquels on s’est positionné. Ensuite, l’argent nous a permis en parallèle de ces études de développer une plateforme digitale qu’on ajustait et qu’on testait en temps réel, avec les retours de terrain qu’on avait. Nous pensons que le digital, utilisé à bon escient, au service de l’humain, peut être un levier de rapprochement, et pas seulement d’éloignement.

Gardez-vous contact avec les mécènes financeurs du programme qui vous ont accordé cette subvention ? 

Oui, avec tous. Par exemple, nous avions une vision nationale et thématique sur la cohabitation entre générations. Et la Banque des Territoires nous a permis de la nourrir avec son expertise territoriale. Quels sont les acteurs du territoire qui pourront aider à faire adopter le modèle de la cohabitation partout en France ? On échange en permanence sur ces questions.

Avec Klésia et Malakoff Humanis, deux mutuelles et groupes de protection sociale qui croient beaucoup au projet, on réfléchit à des synergies opérationnelles pour faire bénéficier nos services de cohabitation à leurs adhérents, leurs allocataires séniors comme aidants.

Comment résumeriez-vous la vocation de La Place de l'Émergence ? 

Déjà ce programme permet de tester, d’aller au bout de la conception d’un service, d’une offre, d’un produit. C’est très important l’étude de la faisabilité. Une fois que l’on a une idée très précise et qu’on veut la développer, on peut l’ajuster, de façon agile, pour permettre à l’offre de vraiment rencontrer son marché. Ensuite la Place de l'Émergence est un vrai tremplin ! Cela nous a permis d’être hébergé au MAIF starter club. Aujourd’hui, on a Station F et des structures d’accompagnement très prestigieuses, très sélectives qui nous aident. Live for Good par exemple, autre réseau sur l’entrepreneuriat social. Nous avons aussi été soutenus par l’incubateur La Ruche et le réseau Pépite qui nous a mis en relation avec des étudiants. 

Le regard d’Hélène Marchand, référente émergence chez PIE. Elle identifie les projets parisiens éligibles au dispositif et les accompagne dans le processus de sélection national.

 

Hélène Marchand, consultante chez Paris Initiative Entreprise

 

Quelle est la singularité de ce programme d’accompagnement par rapport aux autres ? 

Il n’y a pas beaucoup de dispositifs dans notre écosystème qui permettent de financer des projets en amont de leur création. La Place de l'Émergence finance des projets qui sont à un stade où l’on ne sait pas encore exactement comment ils vont évoluer. Stade où la subvention est très pertinente.

Comment sélectionnes-tu les dossiers que tu envoies en Place de l’émergence ? 

Ce que je mesure, c’est l’impact positif du projet : environnemental, social, en matière de cohésion territoriale, de lutte contre l’exclusion, car ce sont les critères de nos mécènes qui financent le dispositif. Homiz répondait parfaitement aux critères de ceux positionnés sur le secteur du bien-vieillir comme La Caisse des Dépôts, Klesia ou Malakoff Humanis.

Ton regard sur l’impact social d’Homiz ? 

Depuis l’attribution du prix à Homiz, j’ai vu pas mal de projets de cohabitation intergénérationnelle se monter donc je peux témoigner qu’en 2019, le projet était précurseur. À l’époque, il y en avait très peu. Ensuite, avec le Covid, on se rend compte que c’est un projet qui a énormément de sens parce que beaucoup de jeunes, parfois mal logés, et de personnes âgées, se sont retrouvées seuls chez eux. Ce projet propose une réponse intéressante à cette problématique. Le défi que Yoan a su relever durant sa phase d’émergence, c’est de trouver le juste prix, à la fois pour les étudiants et pour les séniors.

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