"Quand la générosité humaine sauve en 25 ans 12 000 enfants cambodgiens de la rue, de la décharge et de la mendicité" par Patrice Leconte

"J’ai connu Pour un Sourire d’Enfant il y a près de vingt ans. Je faisais un voyage au Cambodge, où mon frère cadet travaillait depuis quelques années. Il m’a présenté Christian et Marie France des Pallières, qu’il connaissait. Ce fut une rencontre fondamentale. Une de ces rencontres qu’on n’oublie pas, qu’on ne peut oublier, et que, pour ma part, je n’oublierai jamais. C’était simple, immédiat, direct, chaleureux, nous avions le sentiment de nous connaître depuis toujours.

Au Cambodge, comme dans hélas tant d’autres pays sur cette Terre qui ne tourne pas toujours très rond, les conditions de vie d’un trop grand nombre d’enfants sont intolérables. Nous assistons, démunis, désemparés, à toutes ces tristesses insupportables. Les des Pallières, eux, ne sont pas restés inactifs. Et c’est pour cela qu’ils forcent mon admiration. Pour toujours.

Christian m’a emmené sur la décharge de Phnom Penh, qui ressemblait à l’enfer, où, dans des conditions effarantes d’insalubrité, des centaines d’enfants triaient les ordures pour récolter des sommes dérisoires. C’est cette décharge qui fut le déclencheur pour Christian et Marie France, qui abandonnent leur vie en France pour agir au Cambodge.

Ce qu’ils ont imaginé et réussi, est magnifique.

Aujourd’hui, Pour un Sourire d’Enfant a 25 ans. Le chemin parcouru depuis ces 25 années est exemplaire, émouvant : 12.000 enfants sortis de la rue, de la décharge, de la mendicité, et à présent scolarisés, éduqués, formés à de nombreuses disciplines professionnelles.

Quand je vois d’où Marie France et Christian sont partis, quelle a été leur humanité et leur abnégation, leur courage aussi, leur ténacité, je suis émerveillé et ému. Ils sont la preuve vivante qu’aucun rêve n’est impossible. Même les plus fous.

On pourrait penser qu’à présent tout est sur les rails. Hélas, il n’en est rien. Pour un Sourire d’Enfant n’est aidé par aucune organisation gouvernementale, et ne vit que grâce à nous, vous, moi, parrains, donateurs, partenaires, toutes personnes humaines et sensibles qui, par respect d’autrui, vont parrainer, aider, participer. "Être avec" est plus valorisant que "être ailleurs".

La crise sanitaire a eu, là aussi, des conséquences terribles, dont les écoles fermées pendant de nombreux mois, les enfants les plus pauvres à nouveau livrés à eux-mêmes.

Christian des Pallières n’est plus. Il est parti il y a quelques années, épuisé sans doute, mais heureux. Heureux d’avoir mené à bien ce rêve fou. Marie France, sa femme, continue à se battre, convaincre, pour que vive toujours Pour un Sourire d’Enfant. Elle a écrit un livre bouleversant qui raconte toute cette aventure formidable. Un livre unique, indispensable. Il est sorti cet automne dans les librairies.

Le lundi 6 décembre, à 21h, au théâtre La Scala Paris, boulevard de Strasbourg, il y aura une grande et belle soirée, pour fêter les 25 ans, qui sera retransmise en direct sur les réseaux sociaux de l’association (www.pse.ong/25ans). Il y aura des témoignages, des lectures, avec Isabelle Carré et François Cluzet, il y aura du monde, il y aura quelques émotions qui planeront, des émotions fortes, quelques larmes peut-être, mais c’est normal : il n’est pas possible de parler de Pour un Sourire d’Enfant sans être ému.

Depuis près de vingt ans, je suis parrain de Pour un Sourire d’Enfant et fier de l’être, si vous saviez. Et je ferai tout pour que l’œuvre admirable de Christian et Marie France existe toujours, et toujours, et toujours.

Je ne laisserai jamais tomber Pour un Sourire d’Enfant."

Patrice Leconte, Cinéaste et ambassadeur de Pour un Sourire d'Enfant