Une COP de la nutrition à Paris 2025 et personne n’en parle ? Action contre la Faim alerte sur les enjeux du sommet N4G
À l’occasion du Sommet Nutrition for Growth (N4G) à Paris les 27 et 28 mars prochains, Action contre la Faim tire la sonnette d’alarme. 3 personnes sur 10 dans le monde n’ont pas accès à une nourriture saine, nutritive et adéquate. C’est pourquoi Action contre la Faim a développé des recommandations spécifiques pour le gouvernement français.

La COP est à l’environnement ce que le sommet N4G est à la nutrition
Depuis 2013, cet évènement, organisé tous les 4 ans, par le pays hôte des Jeux Olympiques, vise à faire de la nutrition une priorité de l’agenda international du développement, notamment à travers des engagements financiers et politiques. Les éditions précédentes ont permis de mobiliser des ressources financières significatives, mais face à l’augmentation des conflits, à l’intensification du réchauffement climatique et au recul criant du multilatéralisme accéléré par le début du mandat de Donald Trump aux Etats-Unis, la détermination de la communauté internationale à lutter contre la malnutrition doit rester entière.
À Paris, sont attendus chef.fe.s d’État, ministres, représentant.e.s de la société civile, agences onusiennes, bailleurs internationaux, entreprises et instituts de recherche. Pour garantir le succès du sommet N4G, une implication active des plus hautes autorités françaises est essentielle. La présence du Président Emmanuel Macron et du ministre des Affaires étrangères est cruciale pour encourager la participation d’autres chefs d’État et d’ainsi sécuriser des engagements ambitieux.
3 personnes sur 10 dans le monde n’ont pas accès à une nourriture saine, nutritive et adéquate
Alors qu’il y a assez de nourriture sur notre planète pour garantir le droit à l’alimentation de toutes et tous, un enfant de moins de 5 ans meurt de faim toutes les 11 secondes. Alors que la malnutrition s’aggrave partout dans le monde, les besoins financiers additionnels sont estimés entre 13 milliards US$ et 15 milliers de milliards US$ par an d’ici à 2030. D’après la Banque Mondiale, l’inaction, quant à elle, se chiffre à 41 000 milliards US$ sur les dix prochaines années.
Action contre la Faim rappelle que la seule façon de mettre fin à cette catastrophe et d’atteindre l’objectif zéro faim est d’adresser les causes profondes de la faim : les conflits, les inégalités socio-économiques et les inégalités de genre, la crise climatique et les atteintes à l’espace civique. Or malgré l’urgence, la faim et ses causes profondes ne sont toujours pas une priorité politique de la France. Pire encore, les financements pour la solidarité internationale reculent avec une baisse drastique de l’Aide Publique au Développement en France et plus globalement en Europe. Ces coupes qui s’ajoutent aux gels des financements américains, mettent en danger les programmes d’aide et développement dans des contextes déjà fragiles et participent au recul des droits humains. Par exemple, on constate des ruptures d’approvisionnement de traitements nutritionnels.
Les attentes d’Action contre la Faim pour ce sommet sont nombreuses
Action contre la Faim exhorte la communauté internationale et notamment les Etats et les bailleurs, à prendre des engagements financiers et politiques ambitieux, en faveur de la lutte contre les causes profondes de la faim et de la malnutrition. Plus que jamais, l’ONG de solidarité internationale alerte sur la nécessité de défendre les droits humains face aux intérêts financiers et privés ou encore de soutenir les capacités des sociétés civiles à se mobiliser contre la malnutrition et à se faire entendre auprès des gouvernements.
Plus spécifiquement, Action contre la Faim appelle la France, en sa qualité d’hôte du sommet, à confirmer le rôle majeur qu’elle entend jouer dans la lutte contre la malnutrition par un engagement financier à la hauteur des enjeux. Pour cela, la France doit s’engager à adopter une stratégie ambitieuse de lutte contre la faim à l'international en mobilisant 1,5 milliards d’euros d’ici 2030, soit 300 millions d’euros par an à partir de 2025, pour intensifier la lutte contre la malnutrition. La France doit également s’engager lors du Sommet N4G à soutenir et promouvoir l’adoption d’un cadre politique de l’Union Européenne renouvelé d’ici 2026, sur la base des besoins des pays et des populations les plus vulnérables.
Dans ce contexte politique instable, où les clivages sociétaux se creuse, le Gouvernement français et l’Union Européenne doivent montrer leur leadership auprès de la communauté internationale lors du Sommet N4G pour maintenir le dialogue, la collaboration et le multilatéralisme, en s’engageant à mettre la lutte contre la faim au cœur de leurs politiques de développement.
Contacts :
Michael Siegel, Directeur Déléguée Plaidoyer : msiegel@actioncontrelafaim.org
Audrey Gouimenou, Responsable du pôle Campagnes et Mobilisation : agouimenou@actioncontrelafaim.org