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Par Association Française des Fundraisers (AFF) - Publié le 10 mars 2020 - 12:23 - Mise à jour le 10 mars 2020 - 12:26
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Jeff Bezos engage 10 milliards pour la planète

Alors que le journal américain The Chronicle of Philanthropy publie sa liste annuelle des 50 plus grands philanthropes US, notant une année 2019 de tous les records, Jeff Bezos s'empare de la tête du futur classement 2020, en annonçant dans un post Instagram, l'intention d'engager 10 milliards de dollars dans la lutte contre le changement climatique.

Il y avait eu le Tweet à 2 milliards. En septembre 2018, c'est en effet via Twitter que le patron d'Amazon, et homme le plus riche du monde (fortune estimée à 115 milliards de dollars fin 2019 par Bloomberg), avait annoncé une initiative en faveur de l'enfance : 2 milliards de dollars pour créer le Day One Fund, organisation qui doit soutenir des associations agissant pour l'hébergement des familles sans-abri et développer un réseau d'écoles maternelles inspirées de la pédagogie Montessori implantées dans des communautés défavorisées (voir ici notre article). Depuis cette annonce, le Day One Fund revendique 97 millions de dollars distribués en 2018 et tout autant en 2019 pour son axe "familles", en attendant plus d'infos sur le développement des écoles.  

Changement de réseau social. Le 18 février, c'est via Instagram que Jeff Bezos annonce son engagement de 10 milliards de dollars en faveur de l'environnement. "Je suis ravi d'annoncer le lancement du Bezos Earth Fund, écrit-il. Le changement climatique est la plus importante menace qui pèse sur notre planète. Je veux travailler aux côtés d'autres acteurs pour amplifier les moyens connus et explorer de nouveaux moyens de lutter contre l'impact dévastateur du changement climatique sur cette planète que nous partageons. Cette initiative financera des scientifiques, des activistes, des ONG (…). Nous pouvons sauver la planète. Cela demande une action collective des grandes et petites entreprises, des Etats, des organisations internationales et des individus. J'engage 10 milliards de dollars pour débuter et commencerai à distribuer des fonds cet été. La Terre est l'unique chose que nous avons en commun, protégeons-là ensemble. Jeff".

Comme il y a deux ans, l'annonce n'a pas manqué de soulever des réactions variées à commencer par des questions (sur la nature du véhicule, sa gouvernance, les montants à venir après cet engagement "pour débuter", etc.) ou des applaudissements (modérés parfois, mais notant le potentiel de "game changer", pour reprendre les mots du Président de la Hewlett Foundation, d'une telle initiative dans le paysage de la lutte environnementale)… et évidemment critiques. La première étant que cette annonce arrive opportunément après que 300 employés d’Amazon (regroupés sous la bannière Amazon Employees for Climate Justice) ont signé, le 26 janvier, un texte contestant la politique environnementale du groupe, déjà largement attaquée en externe sur le sujet.

Autre question critique : 10 milliards engagés d'un post Instagram… Est-ce trop peu au regard de la fortune de Jeff Bezos ? Ou est-ce trop pour un seul homme, attaqué pourtant par le passé pour son manque de générosité ? Le débat est désormais incontournable face à ces manifestations de giga philanthropie qui semblent s'installer comme une nouvelle norme. Publié le 11 Février, le classement Philanthropy 50 du magazine The Chronicle of Philanthropy qui liste chaque année les plus grands donateurs du pays le souligne : "en 2019, les super-riches américains ont battu tous les records : cinq personnes ont donné plus de 1 milliard de dollars, c'est la première fois qu'autant de donateurs passent ce seuil dans les 20 années d'existence du classement".

Le cumul des contributions de ces 50 top philanthropes se monterait ainsi à près de 16 milliards de dollars pour l'année dernière (dont un peu plus de 9 milliards pour les 5 plus gros contributeurs), contre 8 milliards en 2018. Un engagement massif qui signe, selon le journal, "un sentiment d'urgence croissant au regard des problèmes du monde qui pousse les américains les plus riches à donner à des causes qui ne recueillaient pas forcément leur attention auparavant. Ils réagissent à la pression montante pour réduire les inégalités, combattre le changement climatique et le sans-abrisme ou promouvoir la justice sociale". En haut du classement 2019, Michael Bloomberg, aspirant à l'investiture démocrate à la présidentielle américaine, a ainsi donné 3,3 milliards de dollars en 2019, dont la moitié pour permettre à des jeunes de classes défavorisées ou moyennes de faire des études au sein de l'université John Hopkins – son alma mater -  sans contracter de prêts.

Croisant sa liste de philanthropes avec le classement Forbes des 400 plus grandes fortunes US, le journal note également que seuls 21 donateurs figurent dans les deux classements et qu'ils ont donné en 2019 en moyenne 4,4% de leur fortune (contre 2,6% en moyenne sur les 5 dernières années). Avec une contribution de 10 milliards, équivalant à 7,7% de sa fortune (sur la base de l'estimation de fortune Forbes de 130 milliards au printemps dernier) voire de 8,7% sur la base de l'estimation plus modeste de Bloomberg en fin d'année 2019, le patron d'Amazon signe donc une contribution qui devrait lui permettre de retrouver en 2020 la tête du classement des philanthropes américains (position qu'il avait déjà occupée en 2018). A moins qu'il ne se fasse damer le pion par Mackenzie Bezos, son ex-épouse, qui a rejoint l'été dernier le Giving Pledge, promettant de donner à des causes la moitié des 35 milliards de dollars engrangés l'an dernier dans son divorce…

 

Source de l'image de couverture de l'article

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