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Par Aux captifs, la libération - Publié le 13 mai 2022 - 14:17 - Mise à jour le 13 mai 2022 - 14:20
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Prostitution : parole de bénévole aux Captifs

Aux Captifs, nous ne sommes rien sans l’aide de nos bénévoles. Chaque année, nous accueillons quelques 50 nouveaux bénévoles. Des personnes de tous les âges s’engagent, en journée ou en soirée, dans tous les secteurs de Paris et certaines villes en région. Tournées-rue, permanences accueil, sorties et ateliers, soutien administratif … les missions sont possibles et variées ! Chacun y vit la rencontre. Témoignage d’Hortense, bénévole à l’antenne Sainte Rita (Paris 9ième) donné à la messe des jeunes de la Trinité (Paris 9ième).

Personne accueillie en situation de prostitution.
Personne accueillie en situation de prostitution.

 

« J’avais besoin de découvrir un autre monde, un autre monde qui est en fait notre monde, que je vois tous les jours mais que je n’ose regarder parce que je ne sais pas faire, parce que mon impuissance m’affaiblit, parce que mes yeux deviennent aveugles à ce quotidien de détresse, parce que ma compassion s’est peut-être amoindrie aussi…

Bien sûr, je croise régulièrement des sans-abris, mais aussi des personnes prostituées pour qui mes regards sont plus froids, probablement parce que je comprends moins les raisons de leur situation…

C’est en fin de compte ce qui m’a poussée à me lancer, et je tourne depuis maintenant quelques temps à la rencontre des personnes prostituées en plein Paris 18e.

En partant la première fois, on se demande réellement de quoi on pourra discuter après le « Pas trop froid ce soir ? Couvre-toi bien hein, il fait si froid ce soir ! ». Alors que ces femmes, elles sont là, quasi statiques depuis la fin d’après-midi jusqu’à des heures tardives, en attente de potentiels clients. Mais alors, que peut-on faire, malgré l’envie irrésistible de leur demander comment chacune en est arrivée là.

Eh bien avec les Captifs, on vient les mains nues, avec une oreille attentive, prête à écouter. Puis, pas à pas, les relations se créent dans une confiance infinie.

Certaines femmes sont plus difficiles d’accès, le temps qu’elles nous reconnaissent et qu’elles soient certaines qu’on ne leur veut aucun mal. Et après plusieurs tournées, on comprend rapidement que chacune est une pépite, que chacune a une histoire de vie tellement différente : réfugiée politique devenue apatride, maman dont les enfants vivent dans un tierce pays, célibataire qui a une petite chambre à plus de 2h de Paris… Puis le Covid est également passé par là, ne laissant à certaines femmes que l’ultime choix de rendre leur détresse moins âpre, quoiqu’il en coûte.

Avec ces tournées, c’est autant d’amour, de joies, de rires, de partages passionnants et confiants, que de moments plus difficiles, entre soucis financiers et administratifs, non-respect, incompréhensions, déceptions, injustices, colères, révoltes, pleurs aussi… qui animent ces femmes qui nous remercient de venir les trouver dans leur pauvreté.

Malgré ma peur initiale de ne pas réussir à tenir cet engagement, je sais maintenant qu’elles nous attendent comme nous les attendons, et que le cadeau de nos échanges est si simple, si beau, si fort, qu’il est devenu pour moi une deuxième Eucharistie.

Je repars régulièrement le cœur serré de toutes nos conversations, mais aussi le cœur inondé de tous ces partages puissants et vrais, qui élèvent le cœur et l’esprit.

On ne juge plus. On écoute, on apprend, on grandit, on essaye d’aider. On se bat aussi pour elles, et avec elles. C’est simple, c’est pur. C’est dur aussi.

Mais leurs sourires, leurs câlins et leurs mercis nous le rendent infiniment.

Donc surtout, n’hésitez pas à nous rejoindre pour cette aventure avec les Captifs, c’est une réelle chance de trouver le Christ là où on l’attend peut-être le moins. »

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