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Par Aux captifs, la libération - Publié le 6 août 2021 - 09:53 - Mise à jour le 6 août 2021 - 09:56
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Témoignages de Captifs : le corps comme lieu de rencontre

Aussi bien pour les personnes de la rue, que pour les personnes en situation de prostitution, la question du corps est centrale. Dans ces témoignages, Nancy Krawczyk et le Père Pierre-Oliviers Picard nous exposent leur point de vue de Captifs.

Poignée de main entre une personne accueillie et un bénévole.
Poignée de main entre une personne accueillie et un bénévole.

 

Nancy Krawczyk travaille pour les Captifs depuis 7 ans. Sa mission aux Captifs est d’accueillir les personnes qui se présentent à l’espace hygiène de l’antenne Saint-Vincent-de-Paul du 10ième arrondissement de Paris. Et plus particulièrement d’accueillir les personnes les plus cassées.  Pour la douche, ces derniers ont besoin d’aide pour se déshabiller, se laver et se rhabiller. D’autres sont plus autonomes et se débrouillent donc seuls. Enfin toujours dans le cadre de l’espace hygiène, Nancy s’occupe de laver et sécher le linge des personnes accueillies.

Pour elle, le corps est « le lieu de rencontre avec les autres », c’est ce qui maintient les personnes accueillies connectées au réel. Elle ajoute : « Prendre soin de son corps dépend directement de notre santé mentale, un corps négligé est le reflet d’un mal-être intérieur profond. Le corps de ces personnes accueillies est le reflet de leur être intérieur. Bien sûr, toute personne est différente et je ne veux surtout pas faire de généralité, mais ce que je comprends, pour les personnes les plus cassées, c’est qu’à un moment dans leur vie c’est comme si toute la personne était pétrifiée dans une souffrance qui accapare tout son être. Ainsi, cette personne n’a plus de force vive pour faire face à la réalité et notamment aux besoins élémentaires quotidiens comme se laver. ».

« Prendre soin de son corps dépend directement de notre santé mentale, un corps négligé est le reflet d’un mal-être intérieur profond. » Nancy Krawczyk

Très souvent, après une douche, Nancy les entend dire avec un soupir de bien être : « Ah, ça fait du bien de prendre une bonne douche ! ». A ce moment-là elle réalise qu’il y a une réconciliation avec leur corps.

 

Quant au Père Pierre-Oliviers Picard, il est Chapelain de la chapelle Sainte-Rita où les Captifs ont une antenne dédiée aux personnes en situation de prostitution.  

Pour le Père POP, comme l’appelle les femmes accompagnées de l’antenne, « Le corps est un lieu de rencontre, le corps va signifier quelque chose derrière, il doit signifier une parole. Notamment en tournée-rue, c’était important pour moi avant la pandémie de serrer les mains, de bien signifier que le corps peut rentrer dans une relation chaste. Une poignée de main amicale, bienveillante. C’était important et pour moi et pour elles. D’autant plus que je parle mal espagnol et anglais et que même avec les francophones, j’ai parfois du mal à trouver les mots, tant nos mondes sont différents, pourtant cette poignée, ce regard est une manière de dire, je veux vraiment être en relation avec vous. Je veux être dans une relation différente de celle que vous avez l’habitude de vivre en prostitution. ».

Il ajoute : « Le fait de vendre son corps ne permet plus à l’esprit d’agir complétement. Il est obligé de s’enfuir ailleurs, il y a une espèce de dislocation de la personne, entre son corps et son esprit. D’où l’importance des dynamisations proposées par l’antenne pour retrouver cette unité. ».

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