Baisse des émissions de GES, KLM condamnée pour greenwashing... Les brèves RSE de la semaine

• En 2023, les émissions de CO2 de la France continuent de baisser

En 2023, la France a réduit ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 4,8 % par rapport à l'année précédente selon le ministère de la Transition écologique. Ce recul s'inscrit dans une tendance positive observée ces dernières années, après une hausse en 2021 attribuée à la reprise économique post-pandémie.

La réduction des émissions brutes de GES est particulièrement notable dans le secteur de l'énergie, enregistrant une diminution de 14,1 %. Dans l'industrie, les émissions ont diminué de 7,8 %, porté par les performances de l'agroalimentaire (-12,3 %) et de la métallurgie des matériaux ferreux/sidérurgie (-14,1 %). De même, les émissions des bâtiments résidentiels et tertiaires ont enregistré une baisse de 6 %, principalement en raison d'une diminution de 7 % de la consommation de chauffage.

Avec une baisse de seulement 2 % des émissions, les transports restent le maillon faible de la transition vers la décarbonation. Si les chiffres ne sont pas encore connus pour le transport aérien, ses émissions continuaient d'augmenter de 21 % pour les vols nationaux et de 27 % pour les vols internationaux sur les neufs premiers mois de 2023.

Des ONG environnementales pointent toutefois que cette accélération reste insuffisante pour que la France atteigne la neutralité carbone en 2050. Pour cela, une baisse de 34 % des émissions entre 2022 et 2030, soit 5 % par an est nécessaire. 

• Des actionnaires exhortent Nestlé à limiter la vente d'aliments malsains

En vue de son assemblée générale annuelle d'avril 2024, un groupe d'investisseurs, représentant 1,68 milliard de dollars d'actifs, presse Nestlé de limiter la vente d'aliments nocifs pour la santé.

Alors que le géant de l'agro-business avait annoncé son intention d'augmenter de 50 % d'ici à 2030 les ventes de produits « nutritifs », cette coalition d’actionnaires conduite par l'ONG ShareAction, estime que cet objectif est insuffisant. En effet, Nestlé continue de générer des revenus considérables grâce à la vente de produits peu sains. Seulement 38 % de ses ventes nettes ont obtenu une note supérieure à 3,5 d’après les critères du Health Star Rating.

En outre, dans un document interne révélé en 2021 par le Financial Times, Nestlé admettait que plus de 60% de ses produits alimentaires et boissons grand public ne répondent pas à une « définition reconnue de la santé » et que certains de ces produits ne seront jamais « sains » quelles que soient les reformulations effectuées. 

La direction du groupe suisse continue pourtant de s’opposer à l'introduction d'un objectif proportionnel sur les ventes de produits « sains », affirmant que cela affaiblirait son portefeuille de produits sans bénéfices pour la santé publique.

• BNP Paribas Immobilier renonce à déboiser pour des logements 

Le groupe BNP Paribas Immobilier renonce finalement à ériger 450 logements à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) sur une parcelle boisée de 2 hectares abritant une large biodiversité. « Ce qui motive notre décision est le fait qu’il n’y ait pas d’apaisement ni de consensus cinq ans après le lancement du projet. », explique Séverine Chapus de BNP Paribas Real Estate. 

Ce projet avait en effet suscité de vives réactions parmi les riverains et les associations écologistes. Selon des études de la Ligue pour la protection des oiseaux et de l’association Renard, la forêt sur laquelle le projet devait être déployé abritait des arbres centenaires, vingt-quatre espèces d’oiseaux et des chauves-souris. 

La maire de Noisy-le-Grand, Brigitte Marsigny ne cache toutefois pas son mécontentement face à l’arrêt du projet. « Contrairement à ce qu’affirme BNPPI, le dialogue a toujours existé avec la Ville, la Métropole et Epamarne mais il semble qu’il ne soit pas en mesure de réaliser un projet économiquement équilibré et compatible avec l’étude environnementale et surtout les attentes et besoins des habitants », affirme-t–elle dans un communiqué envoyé à Novethic.

Malgré cette victoire pour les défenseurs de l'environnement, la vigilance reste de mise. Comme l'assure Jean Galvier, vice-président de l’association Renard : « Ce terrain peut être convoité par d’autres promoteurs. Mais s’il faut une Zad, on en fera une ! »

• Greenwashing : la justice néerlandaise condamne la publicité trompeuse de KLM

Le 20 mars, la justice néerlandaise a tranché en faveur des ONG Fossielvrij NL et ClientEarth dans leur litige avec KLM. La compagnie a été condamnée pour avoir diffusé des publicités jugées trompeuses concernant la durabilité de ses vols. Le tribunal a estimé que les déclarations de KLM sur l'utilisation d'un carburant  « durable » et la reforestation étaient trop vagues et idéalisées, induisant ainsi les consommateurs en erreur.

Parallèlement, KLM fait l'objet d'une plainte commune à 16 autres compagnies aériennes. 23 associations de 19 pays les accusent de « greenwashing » mais aussi de « pratiques commerciales trompeuses ». Une affaire qui s'inscrit dans la lignée de la position de l'Union européenne qui témoigne d'une plus large préoccupation concernant le greenwashing. En effet, mi-mars, les députés européens ont adopté un projet législatif interdisant les allégations environnementales non étayées par des faits, tandis qu'en janvier, le Parlement européen a validé un accord pour interdire les allégations environnementales génériques jugées trompeuses. Ces mesures visent à protéger les consommateurs contre les informations fallacieuses et à promouvoir une publicité environnementale honnête et transparente.

À lire également : Au fait, c'est quoi le greenwashing ? 

Félicité Dussel