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Par Carenews INFO - Publié le 31 janvier 2024 - 18:42 - Mise à jour le 1 février 2024 - 14:55
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Baromètre de la Fraternité 2024 : le diagnostic d’une fraternité en déclin

Le Labo de la Fraternité a publié la 6ᵉ édition de son baromètre, à l'occasion de la Journée internationale de la fraternité humaine. Si l'état de la fraternité en France semble globalement se dégrader, une majorité de Français estime qu’elle est utile et qu’elle sera même centrale dans la société de demain.

Pour 82 % des Français, la fraternité est bonne pour la santé mentale. Crédit : Alessandro Biascioli.
Pour 82 % des Français, la fraternité est bonne pour la santé mentale. Crédit : Alessandro Biascioli.

 

« Derrière le mot fraternité il y a le vivre-ensemble, la solidarité, la cohésion, le bien commun, pourtant aucune définition juridique ne permet de véritablement l'appréhender », commente la journaliste Leticia Farine, à l’occasion de l’inauguration de la conférence de presse présentant les résultats du baromètre 2024 sur la Fraternité. « C’est pour la quantifier et la rendre visible que les acteurs et actrices de la solidarité se mobilisent », continue-t-elle.

Cette année, le Labo de la Fraternité publie la 6ᵉ édition de son baromètre en collaboration avec le Collectif du 4 février qui rassemble une soixantaine d'associations, à l'occasion de la Journée internationale de la fraternité humaine, organisée par l'Organisation des Nations-unies depuis 2021. 

L'enquête, réalisée du 9 au 15 janvier 2024, a été menée sur un échantillon de 1 500 personnes représentatif de la population française.

 

Qu’est-ce que la fraternité pour les Français ?

 

Pour la majorité des Français, la fraternité s’incarne majoritairement à travers les notions d’aide et de solidarité. Il s'agit, en premier lieu, de « traiter tous les individus avec respect, quelle que soit leur origine ou leur statut », selon 52 % des citations ; en deuxième lieu, de « se montrer chaleureux et respectueux au quotidien avec les personnes que l’on côtoie (collègues, voisins…) » ; et enfin, d’« aider les personnes en difficulté sans attendre de retour », selon 37 % des sondés. 

Quelles fonctions joue la fraternité ? Pour 82 % des sondés, la fraternité est bonne pour la santé mentale. Pour 71 %, elle permet de renforcer le sentiment de sécurité, tandis que 68 % considèrent qu’elle permet de répondre à un besoin de se sentir relié. « C'est le substrat du lien social », affirme Sofiane Harabi, directeur du Labo du lien du Social Bar.

 

La France, de moins en moins un pays de fraternité

 

Pourtant, seulement 49 % des Français estiment que la France est un pays de fraternité, contre 65 % en 2021. Ce qui représente le plus bas niveau évalué depuis le début de la mise en place du baromètre. Dans l’esprit de la majorité des Français (62 %), elle occupe la dernière position dans les valeurs de la devise de la France, derrière la liberté et l’égalité.

En 2024, le premier qualificatif attribué à la France reste la diversité, et en particulier la diversité en termes d’origine ethnique et de couleur de peau.

Toutefois, les résultats démontrent l’existence d’une tension autour de cette notion : la propension de Français qui estiment que la diversité est source de conflits a significativement augmenté par rapport à la dernière enquête menée, pour atteindre son plus haut niveau, avec 76 % des sondés. 

 

Une tendance à la méfiance à l’égard des autres 

 

En 2024, le Labo de la Fraternité note une progression assez spectaculaire de la méfiance à l’égard d’autrui, avec 79 % des Français qui se considèrent méfiants, contre 62 % en 2019. Aussi, seulement un quart des sondés estime que l'on peut faire confiance à la plupart des gens. Il est à noter que plus les personnes sont diplômées, plus elles ont tendance à faire confiance. 

Quant à l'attitude des Français à l’égard des autres, 54 % disent ressentir la responsabilité d’apporter leur aide aux personnes en difficulté qu’ils connaissent et un quart disent ressentir la responsabilité d’apporter leur aide aux personnes, qu’ils les connaissent ou non. Les résultats montrent toutefois une augmentation de la propension des Français qui disent ne pas ressentir de responsabilité vis-à-vis des personnes en difficulté et qu’il est davantage important de prendre soin de soi-même (21 % en 2023 contre 15 % en 2019). 

 

Un sentiment de solitude qui se renforce

 

L’enquête dévoile également un niveau de solitude assez élevé en France. 55 % des Français disent en effet se sentir souvent ou de temps en temps seuls, un sentiment davantage présent chez les moins de 25 ans (76 %) que chez les plus de 65 ans (48 %). 15 % des Français sont même touchés par la solitude chronique (le fait de se sentir souvent seuls). 

Autre enseignement de l’étude, plus les personnes utilisent les réseaux sociaux, plus elles ressentent de la solitude. « Face à la digitalisation de la société liée au Covid, il y a une nécessité de recréer du lien en présentiel pour répondre à cette problématique de solitude », commente François Legrand, directeur d’études à l'Institut français d'opinion publique (Ifop).

 

De l’espoir pour l’avenir malgré tout

 

Pour 95 % des Français, la fraternité est toutefois utile, et pour 75 % elle sera centrale dans la société de demain. 

En ce qui concerne la propension à interagir avec des personnes ayant des appartenances différentes, le panel affiche une tendance favorable, stable depuis 2019, avec 74 % des sondés qui s'estiment prêts à passer à l'action et à s'engager davantage dans la rencontre. 

Les principaux freins à cette action incluent le manque d'occasions (46 %), le manque de temps (30 %), et l'absence de structures ou de lieux favorisant la rencontre (22 %). Ces résultats soulignent que les obstacles à l'interaction avec autrui sont donc principalement externes, confirmant que la volonté d'agir avec des personnes différentes est bien présente chez la majorité des sondés. 

Alors quels leviers d’actions mobiliser pour inverser la tendance ?  C'est l'éducation à la paix, avec 31 % des sondés, qui arrive en tête du palmarès des actions à prioriser pour favoriser la fraternité. L'éducation à l'empathie, avec 30 % du panel, suit de près, puis vient l'éducation à la diversité (22 %). 

Concernant les acteurs, ce qui ressort de façon évidente des résultats du baromètre, c'est la confiance des Français envers la société civile (les associations et les citoyens) pour agir en faveur de la fraternité. A contrario, peu de Français croient en la capacité du gouvernement à constituer un relai efficace en faveur de la fraternité. 

 

 

Félicité Dussel  

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