Depuis 15 ans, le REC accompagne les entrepreneurs de l’ESS dans leur développement
Depuis 2010, le Réseau des entrepreneurs citoyens (REC) accompagne des entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans leur structuration et leur développement. Il s’adresse notamment aux femmes entrepreneures des quartiers fragilisés, aux structures de l’insertion par l’activité économique et aux petites entreprises industrielles de l’ESS.

« Nous avons déjà accompagné 400 "pépites" de l’économie sociale et solidaire », se félicite Morgane Gauquelin, directrice générale du Réseau des entrepreneurs citoyens (REC) à l’occasion des 15 ans de la structure, organisés le 1er juillet à Paris. Créée en 2010, cette association loi 1901 a pour objet d’accompagner les associations et entreprises à forte utilité sociale ou environnementale à se structurer et à se développer.
Quatre programmes d'accompagnement différents
Le REC a ainsi créé quatre programmes d’accompagnement spécifiques. Le premier, « REC Développement », vise à accompagner les structures de l’ESS dans leur changement d’échelle, afin de leur permettre d’accroître leur impact social et environnemental sur les territoires fragiles. Il s’adresse en particulier aux structures portées par des femmes dans les quartiers prioritaires de la ville ou les zones de revitalisation rurale.
Le deuxième, « REC Accélération », s’adresse aux acteurs de l’insertion par l’activité économique (IAE) pour les accompagner là aussi dans leur changement d’échelle. Chaque année, une dizaine de structures bénéficient ainsi d’un accompagnement gratuit d’une durée de 8 à 18 mois.
Le troisième, l’École des nouveaux métiers, a été conçu à destination des jeunes de 18 à 25 ans en difficulté scolaire ou en recherche d’orientation, et en quête de sens. Il leur propose un parcours d’une durée de 9 à 12 semaines, visant à leur permettre d’expérimenter l’entrepreneuriat social et environnemental et à éclairer leurs choix professionnels à venir.
Enfin, le REC a développé le programme « Métiers de la fabrication », qui accompagne pendant un an des dirigeants et dirigeantes de petites et moyennes industries relevant de l’ESS, pour les aider à optimiser leur outil de production. « Il s’agit d’un programme unique en France, souligne Morgane Gauquelin. Notre volonté est de démontrer qu’on peut compter sur l’ESS pour représenter une troisième voie industrielle, plus soucieuse des enjeux sociaux et environnementaux et plus ancrée sur les territoires. »
Une mise en réseau des structures accompagnées
Dans le cadre de ce dernier parcours, le REC a notamment accompagné Mijuin, atelier de confection de lin en circuit court situé en Normandie, et créé sous forme d’entreprise d’insertion. « Notre région assure la moitié de la production de lin dans le monde, mais une grande partie de cette matière première part ensuite pour être transformée en Chine ou en Inde, et revient ensuite en France, ce qui est une aberration écologique », note Pauline Beuzelin, fondatrice de l’entreprise. « Nous voulons montrer qu’il est possible de transformer le lin en France et nous travaillons pour cela en lien avec des filatures et tisseurs qui souhaitent relocaliser en France », ajoute-t-elle.
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Autre exemple de structure accompagnée dans le cadre de ce programme, l’association Bon et rebond, située à Rambouillet dans les Yvelines, transforme des fruits et légumes invendus en confitures, tartinades et autres compotes, à travers un chantier d’insertion. Pierre Rouche, son fondateur, raconte ce qui a motivé la création de sa structure : « Ingénieur de formation, j’étais cadre dans un grand groupe américain qui fabrique des films plastiques pour l’industrie agro-alimentaire. À partir de 2019, l’entreprise a mis de plus en plus l’accent sur la recherche de rentabilité immédiate, ce qui ne me convenait pas du tout. J’ai suivi le Mooc "Devenir entrepreneur du changement" de Ticket for change, ce qui m’a permis de réfléchir à mes priorités et m’a conduit à quitter mon poste pour créer une structure permettant à chacun de trouver sa place, et en même temps de réduire le gaspillage alimentaire. »
Les deux structures soulignent l’utilité de l’accompagnement du REC. « J’ai notamment apprécié l’approche très concrète de l’accompagnement, notamment pour nous aider à réfléchir à la manière dont nous pouvions optimiser notre chaîne de production », explique Pauline Beuzelin. Pierre Rouche note en outre la pertinence de la mise en réseau de toutes les structures accompagnées par le REC : « On discute, on se rassure les uns les autres, on échange de bonnes idées. Cela est très précieux », se réjouit-il.
Camille Dorival