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Par Carenews INFO - Publié le 24 octobre 2023 - 15:39 - Mise à jour le 24 octobre 2023 - 16:02
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Guerre Israël-Hamas : l’association Coexister veut faire « couler le sang pour la paix »

Les tensions entre les communautés juives et arabes sont palpables en France, depuis le déclenchement de la guerre par le Hamas contre Israël le 7 octobre. Face à la recrudescence des actes de discrimination, l’association Coexister qui œuvre depuis quinze ans au service du vivre ensemble dans l’hexagone, organise prochainement une collecte de don du sang, pour faire « couler le sang pour la paix ».

L'association Coexister France fédère des jeunes de 15 à 35 ans sur les enjeux de la laïcité, du vivre ensemble et du lien social. Crédit : Corinne Simon
L'association Coexister France fédère des jeunes de 15 à 35 ans sur les enjeux de la laïcité, du vivre ensemble et du lien social. Crédit : Corinne Simon

 

« Sidération, abattement, tristesse, colère ». Ce sont les premières émotions qui ont envahi les membres de l’association Coexister France, il y a plus de deux semaines déjà, confie Éloi Deschamps, son co-directeur. Les yeux rivés sur leurs écrans connectés, ils suivent avec angoisse au jour le jour la situation sur le territoire israélo-palestinien, qui ne cesse de s’aggraver. 

Le 7 octobre, le mouvement islamiste palestinien du Hamas lance un assaut meurtrier contre Israël, faisant plus de 1 400 morts, selon les autorités du pays. Des bombardements s’abattent alors en représailles sur la bande de Gaza, où le bilan humain est actuellement de 5 000 morts, dont plus de 2 000 enfants, d’après le ministère de la Santé du Hamas. 

Un siège complet est rapidement décrété par l’État hébreu à Gaza. Privés d’eau, d’électricité et de gaz, les 2,3 millions d’habitants de l’enclave palestinienne sous blocus israélien depuis 2007, doivent fuir leur domicile. C’est l’épisode le plus sanglant depuis plus de 70 ans de conflits dans la région. 

Les communautés juives et arabes françaises dans l'angoisse 

 

L’onde de choc retentit jusqu’en France. Au-delà des familles des civils impactées par cette guerre, ce sont les communautés juives et arabes françaises toutes entières, qui ressentent dans leur chair le poids de cette tragédie. C’est ce qu’a constaté l’association pour le vivre ensemble Coexister France.

« Il nous a fallu cinq jours pour sortir notre communiqué de presse, mais nous voulions nous positionner comme des partisans de l’action. Cela évite de se torturer l’esprit ou d’entrer dans des débats stériles. Quand il y a autant de victimes et que les communautés ne se parlent plus, il faut agir pour protéger la paix coûte que coûte », soutient Éloi Deschamps. 

L'opération Ensemble À sang %

 

L’association avait pourtant récemment décidé de ne plus se positionner publiquement sur des événements internationaux, pour éviter d’invisibiliser certaines crises. Elle a choisi cette fois de déroger à sa propre règle, car son histoire est intrinsèquement liée à celle du territoire israélo-palestinien. 

Créée il y a près de quinze ans, Coexister France a vu le jour peu après l'opération militaire israélienne contre le Hamas à Gaza, entre décembre 2008 et janvier 2009. « Face à l’importation de la violence, à l’angoisse et aux traumatismes, une quinzaine de jeunes aux convictions religieuses et philosophiques différentes se sont réunis avec l’idée de faire couler le sang pour la paix en organisant une collecte de don du sang », raconte Éloi Deschamps. Une opération intitulée « Ensemble à Sang % » que l’association souhaite renouveler dans les prochains jours grâce aux actions de leurs groupes établis dans les grandes villes françaises comme Strasbourg, Marseille, Lyon ou encore Toulon. 

 


 À écouter aussi : #CeuxQuiFont [Hors-série] : Radia Bakkouch, bénévole au sein du mouvement Coexister


 

Un dispositif d'écoute avec des experts en résolution de conflits

 

Aujourd’hui, le mouvement « interconvictionnel » rassemble près de 500 jeunes de 15 à 35 ans dans une trentaine de groupes locaux. Des jeunes de confession juive, musulmane ou catholique, mais également des jeunes athées et agnostiques. Pour venir en aide à leurs adhérents, Coexister France a décidé de mettre en place très prochainement un dispositif d’écoute en collaboration avec des experts en préservation de la paix (peacebuilding) et en résolution de conflits.  

« S’il y a un endroit où les gens veulent déposer de la haine, de la tristesse, de la colère ou de l’incompréhension, il faut que cela puisse se faire dans de bonnes conditions et qu’on puisse transformer cette énergie - qu’elle soit positive ou négative - en énergie constructive au service de l’action. On est tous démunis face à ce qu’il se passe à des milliers de kilomètres (...) mais nous sommes coresponsables de l’ambiance et du vivre ensemble en France », explique Éloi Deschamps. 

Sensibilisation à la laïcité

 

Tous les membres de l’association ne sont pas encore prêts à échanger sur le sujet, admet-il avant de souligner qu’un sentiment d’unité commence tout de même à se reconstruire, avec la demande unanime d’un cessez-le-feu et de la mise en place de couloirs humanitaires.  

Sur le terrain, les actions principales de l’association se poursuivent tout de même : l’organisation d’événements de dialogue par des groupes constitués d’au moins trois jeunes de convictions religieuses ou philosophiques différentes, la mise en place d’actions de solidarité comme des maraudes et la sensibilisation de jeunes collégiens ou lycéens aux enjeux de la laïcité. « Diversité de convictions, unité dans l'action », c’est d’ailleurs la devise de l’association.

L'enjeu du vivre ensemble aussi important que le dérèglement climatique

 

« Le vivre ensemble français est sur le fil. Il faut être en action, sinon d’autres se saisissent de ces interstices-là et disséminent la haine, le repli et la peur. Dire à une personne qu’on la soutient, qu’on est là pour elle et qu’elle pourra toujours compter sur nous… ça fait du bien, ça sauve. En ce moment, les soutiens extracommunautaires, c’est cela qui touche le plus », rapporte Éloi Deschamps. 

Des actions d’autant plus nécessaires alors que la tension se ressent également dans les établissements scolaires après l’attentat d’Arras, où le professeur Dominique Bernard a été poignardé par un ancien élève radicalisé le 13 octobre. La sensibilisation à la laïcité ne devrait néanmoins pas seulement concerner les jeunes, souligne Éloi Deschamps. 

« Les adultes aussi doivent prendre au sérieux et comprendre le cadre juridique de la laïcité. Il doit être défendu. La gestion du fait religieux n’est pas enseignée dans les écoles, c’est donc normal de se sentir démuni. Mais c’est un sujet de société dont l’importance mérite qu’on s’y intéresse comme au dérèglement climatique ou à l’égalité de genre », tient-il à rappeler.  

Investir dans la paix pour lutter contre la recrudescence des violences 

 

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a relevé lundi 23 octobre que 588 faits antisémites avaient été signalés en France depuis le 7 octobre. C’est plus que durant toute l’année 2022. Face à la recrudescence de ces actes de violence et au « climat politique qui se prépare », Coexister France milite pour l’investissement financier en faveur du lien social. 

« Il faut protéger la paix. Des millions d’euros sont débloqués chaque année pour la prévention routière, mais il n’y a aucune enveloppe pour la prévention de la paix ou pour créer du lien social (...) Les entreprises, les fondations, les gouvernements et tous les Français doivent se préoccuper du maintien du lien social et de la fraternité en France (...) c’est quand même le troisième pilier de notre devise républicaine », défend le co-directeur de Coexister France. 

 

Leticia Farine 

 

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