Inflation alimentaire : les associations pas vraiment convaincues après les annonces de Bruno Le Maire sur le blocage des prix de 5000 produits
« Un quart des produits des supermarchés devraient voir leur prix stagner ou baisser », a annoncé Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, ce jeudi, sur le plateau du journal de 13 heures de France 2. Une annonce qui n’a pas rassuré les associations d’aide alimentaire, préoccupées par la hausse constante du nombre de leurs bénéficiaires.
« C’est la moindre des choses (...) on n’est pas confiants, ça va permettre de limiter la casse », tempère Myriam Boudali, responsable des programmes et du plaidoyer de Linkee, qui lutte contre la précarité étudiante. L’entreprise sociale a distribué via sa branche associative plus de 1,5 million de repas aux étudiants en difficulté depuis janvier 2023, contre 1 million à la même époque l’an passé.
#CeuxQuiFont : Julien Meimon, président-cofondateur de Linkee
À l’aube de la rentrée universitaire qui aura lieu mi-septembre, la structure se dit inquiète face au « pic de la rentrée ». La période qui court jusqu’en décembre devrait être la plus chargée de l’année pour Linkee car de nombreux bénéficiaires n’ont pas encore trouvé de job étudiant, se désole Myriam Boudali. Face à l’augmentation du prix de l’immobilier locatif et de l’énergie, l’association attend « des mesures plus ambitieuses pour déprécariser la jeunesse sur le long terme » de la part du gouvernement.
« Ce que j’espère, c’est une baisse de prix, c’est pas un arrêt de la hausse »
Malgré un ralentissement de l’inflation alimentaire pour le cinquième mois consécutif - 11,1 % en août contre 12,7 % un mois plus tôt - selon les derniers chiffres de l’Insee, le nombre de bénéficiaires continue d’augmenter, constate Jean-Arnaud de Lasa, le cofondateur d’Août Secours Alimentaire. L’association, qui prend le relais des structures de banques alimentaires en Ile-de-France pour les congés estivaux, a distribué près de 20 000 repas cette année, soit 15 % de plus que l’an passé.
« Ce que j’espère, c’est une baisse de prix, c’est pas un arrêt de la hausse », déclare Jean-Arnaud Lasa, au sujet des nouvelles mesures ambiguës annoncées par le ministre de l'Économie, tout en concédant que « c’est déjà un premier pas ». La diminution des prix des produits de première nécessité ainsi que des fruits et légumes est selon lui “nécessaire” car les « revenus des classes les plus défavorisées », n’ont pas augmenté au même niveau que l’inflation.
Le bilan 2023 de l’association est sans appel : « C’est extrêmement douloureux de voir que plus de 20 000 personnes dont une majorité d’enfants souffrent de la faim aujourd’hui en région parisienne, c’est une réalité importante avec des chiffres extrêmement préoccupants », alerte son cofondateur.
Des contrôles pour assurer la mise en place des mesures anti-inflation
« Il était nécessaire de rappeler tout le monde à l’ordre (...) de conclure un accord global entre industriels et distributeurs tout simplement pour (...) casser cette spirale de l’inflation alimentaire qui pénalise tous nos compatriotes », a affirmé à la mi-journée Bruno Le Maire. Le ministre de l’Economie et des finances a ajouté que des contrôles seraient effectués par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) afin de s’assurer qu’il y ait une répercussion « immédiate » de cette mesure sur le ticket de caisse des Français.
Contactés par la rédaction, les Restos du Cœur, le Secours Populaire, la fondation Abbé Pierre ainsi que le réseau Banques Alimentaires, n’ont pas répondu aux sollicitations de Carenews.
Leticia Farine