La Fondation du patrimoine a récolté plus de 100 millions d’euros en 2024
2024 a été une année record pour la Fondation du patrimoine, qui a collecté 102,7 millions d’euros de dons, hors Notre-Dame de Paris, et mobilisé plus de 1000 bénévoles. Dédiée traditionnellement à la préservation du patrimoine bâti en zone rurale, la structure soutient également des activités en faveur du patrimoine naturel et immatériel.

L’année 2024 a été riche en évènements comme en chiffres pour la Fondation du patrimoine. Ses ressources ont atteint les 102, 7 millions d’euros récoltés, en excluant les collectes à destination de Notre-Dame de Paris. Une somme record, en hausse de 45 % par rapport à l’année précédente, qui témoigne « à la fois d’un intérêt et de besoins croissants », analyse Guillaume Poitrinal, le président de la fondation.
Car, malgré des ressources en croissance et de plus en plus diversifiées et le cap des 1 000 bénévoles franchi cette même année, les besoins restent largement supérieurs à l’aide qui peut être apportée par la fondation, prévient-il.
La structure a été créée en 1996 avec la volonté de de mobiliser les grandes entreprises françaises pour la protection du petit patrimoine du pays dont l’état de conservation s’altère. Au fil des années, la fondation s’est élargie au mécénat des entreprises locales et à l’ouverture de collectes citoyennes notamment via son site.
Depuis ses différentes fédérations départementales, elle cherche aujourd’hui à mobiliser financeurs publics et privés pour contrer les effets du temps, dont la pression se fait de plus en plus forte sur le patrimoine français. La fondation voudrait aussi doubler son nombre de bénévoles, aujourd’hui constitués majoritairement d’hommes retraités, et élargir leurs profils.
Notre Dame, un cas unique qui « n’a pas créé d’habitude de dons »
« Le temps joue contre nous », alerte à son tour Alexandre Giuglaris, directeur général de la fondation, en expliquant la nécessité de mener les collectes de fonds pour chaque bâtiment dans des délais serrés.
En décembre 2024, la Fondation du patrimoine a profité de la réouverture de Notre-Dame de Paris pour mener sa première campagne de publicité. Des affiches montrant un château, une église de campagne, un phare ou encore un pont emballé dans du papier cadeau ont été placardés dans les transports en commun, la presse et les réseaux sociaux. Le message est axé sur la transmission du patrimoine au générations futures. Il a également été porté à la radio, à la télévision et dans les cinémas par l’ancien sociétaire de la Comédie française Guillaume Gallienne.
La reconstruction de Notre-Dame de Paris à la suite de l’incendie a mobilisé durant plus de quatre ans la fondation. Cette dernière a en effet récolté les deux tiers des dons, en nombre et en volume, réalisés à destination du monument parisien, à l’exclusion de ceux des plus grands mécènes. Soit 225 millions d’euros depuis 2019, mobilisés par plus de 236 000 donateurs.
Pour autant, Guillaume Poitrinal estime que l’évènement n’a eu qu’une portée limitée sur le développement de la fondation. « Nous avons dû conquérir une vingtaine de milliers de donateurs. Mais Notre-Dame n’a pas créé une habitude de dons. C’est un cas unique », affirme-t-il.
Afin d’augmenter son nombre de donateurs, la fondation réfléchit à solliciter les amoureux étrangers du patrimoine français. Une délégation a été ouverte à Londres.
Des opérations pour la protection du patrimoine naturel et du patrimoine immatériel
Le cœur de son activité est la préservation du petit patrimoine bâti oublié, notamment dans les communes rurales avec peu d’habitants. Mais ces dernières années, la Fondation du patrimoine a soutenu les appels aux dons en faveur d’autres monuments emblématiques menacés, comme le village d’Oradour-sur-Glane ou le fort Boyard. Elle aussi développé ses actions au-delà des bâtiments historiques, en faveur de la protection du patrimoine naturel et du patrimoine immatériel.
« Le programme en faveur du patrimoine naturel existe quasiment depuis le début de la fondation mais nous avons décidé de le relancer », explique Alexandre Giuglaris. Depuis 2009, un programme spécifique intitulé « Patrimoine naturel et biodiversité » est dédié à la collecte de fonds pour des projets de restauration des écosystèmes partout en France.
Depuis ses débuts, 240 projets ont été soutenus, dont 31 sélectionnés durant l’année 2024. Parmi eux, se trouvent par exemple la renaturation d’un village corse, des actions en faveur de la préservation d’espèces de papillon ou la préservation d’un marais.
Pour réaliser ces actions, des partenariats sont noués avec d’autres institutions, comme les parcs naturels régionaux, la Fondation de la mer ou le Conservatoire du littoral. Un délégué au patrimoine naturel a été nommé et un conseil scientifique constitué. « Les actions en faveur du patrimoine naturel viennent en plus. Elles ne limitent pas nos autres actions », assure le directeur général de la fondation.
« La protection de la biodiversité mobilise beaucoup les entreprises », ajoute quant à lui Guillaume Poitrinal, qui voit là une opportunité de développer davantage le programme.
Le patrimoine immatériel désigne de son côté les savoir-faire artisanaux et les métiers d’art traditionnels. En 2024, la fondation a lancé un fond de soutien à ces derniers via une fondation abritée, la Fondation Belle Main. Son activité consiste à la restauration et la conservation de mobiliers anciens ainsi que la sauvegarde de l’artisanat et des savoir manuels.
Des trophées à impact
Autre initiative, le Fonds impact, créé en 2020 et renommé les Trophées Impact, vise à soutenir des projets qui restaurent des bâtiments du patrimoine tout en portant une activité à impact socio-économique ou environnementale. Cette année, treize lauréats ont reçu des dotations allant de 150 000 à 300 000 euros.
Parmi eux, se trouve le projet de restauration d’un château dans les Pyrénées-Atlantiques pour y loger des personnes fragilisées et favoriser l’insertion sociale, porté par l’association Le village de François. La réhabilitation d’une ancienne maison de maître en Saône-et-Loire, en un tiers-lieu dédié à l’éco-rénovation des bâtiments anciens s’est également vu récompensé, ainsi que celle d’une longère dans les Hauts-de-France qui doit être transformée en un lieu éducatif et touristique dédié à la transmission des savoir-faire artisanaux du cuir et du textile.
Elisabeth Crépin-Leblond