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Par Carenews INFO - Publié le 18 décembre 2024 - 17:56 - Mise à jour le 20 décembre 2024 - 11:05 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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La location de sapins de Noël en pots : une alternative écolo ?

Importés des États-Unis, une nouvelle pratique apparaît à l’approche des fêtes de Noël : la location de sapins en pot. Proposé par de plus en plus d’entreprises, ce système vise à préserver l’arbre vivant au fil des années. Alors que la pratique est encore récente en France, son impact réel est encore incertain.

La location de sapins de Noël en pot émerge en France au fil des années. Crédit : iStock
La location de sapins de Noël en pot émerge en France au fil des années. Crédit : iStock

 

Chaque année en France, cinq millions de sapins naturels et un million de sapins synthétiques sont achetés à l’occasion des fêtes de Noël. Les arbres résineux sont cultivés dans des champs dédiés durant plusieurs années avant d’être coupés et disposés pour quelques semaines dans les intérieurs, puis de devenir des déchets, qui devront être récoltés et traités. 

Face à la production de déchets organiques induits par une consommation éphémère des sapins, une alternative s’est dessinée au fil des années : des sapins en pot, loués pour les fêtes aux particuliers ou aux professionnels, puis retournés à l’entreprise qui les commercialise et se charge de leur pérennité.  

La solution est présentée par ceux qui l’ont mis en place comme plus écologique et plus respectueuse du vivant. Mais est-ce réellement le cas ? 

  

 Réserve n° 1 : la durée de vie réelle des sapins en pot 

  

« Le point positif de la location est qu’elle met en avant une économie de la fonctionnalité », estime Ingrid Vanhée, ancienne directrice adjointe de l’ONG Noé et qui accompagne aujourd’hui les entreprises à agir en faveur de la biodiversité. 

Si elle évite de couper un sapin pour seulement quelques semaines, la location se heurte toutefois à un obstacle principal : celui de la pérennité des sapins après leur passage dans un intérieur chauffé, en plein hiver. « Cette situation créée un stress pour les arbres qui ont poussé en extérieur, ce qui entraîne des taux de mortalité non négligeable », explique Ingrid Vanhée. 

Exemple de cette difficulté, le site Sapins-noel.fr a indiqué l’arrêt de son opération « Adopte un sapin », qui consistait à louer un sapin pour Noël et à le replanter ensuite, après deux années d’essais. « Nos sapins en pot ne sont pas repartis. Il est en effet très compliqué de faire repousser un sapin après avoir subi des changements de températures entre les saisons », met en avant le site qui propose d’autres alternatives à un sapin naturel coupé comme l’achat d’un sapin en bois ou d’un sapin en carton. 

De son côté, l’Agence de la transition écologique (Ademe) estime qu’un sapin en pot « est une bonne option, à condition de ne pas tarder à le replanter. S'il est conservé trop longtemps à l'intérieur, ses racines se dessèchent et il ne pourra pas reprendre vie en pleine terre », analyse-t-elle dans son guide intitulé « Comment organiser un Noël plus écolo ? ». 

Certains pépiniéristes ont également fixé à quinze jours la durée maximale de séjour du sapin chez les locataires, tandis que des pratiques permettent de protéger le sapin en pot, comme le fait de ne pas le placer à proximité d’une source de chaleur, de l’arroser régulièrement, et de mettre en place un retour progressif vers l’extérieur. 

 

Des variétés particulières ?

 

« Il ne faut pas oublier que c’est une plante vivante, qui dépend des moyens qu’on met pour la faire vivre », rappelle Nathan Dauphin. Le jeune agriculteur propose des sapins à la location, en région parisienne et dans les Hauts-de-France, via le site d’origine suisse et spécialisé dans la location de sapins à destination de particuliers ou d’entreprises Ecosapin.fr.  

Installé en Picardie depuis deux ans, Nathan Dauphin s’est lancé cette année dans la location de sapins, pour compléter son activité et parce qu’il trouvait « la démarche vertueuse ». Pour sa première saison, il a reçu 400 commandes de livraisonlivrées par camionnette et récupèrées après les fêtes dans son exploitation.  

 

sapins de noel en pot
Exemples de sapins de Noël proposés par Nathan Dauphin.

 

Provenant d’une pépinière belge, les sapins en pot coûtent à la location entre 95 et 115 euros. Ils appartiennent à la variété « Fraseri », dont les racines sont adaptées à la croissance en pot, à l’inverse des sapins Nordmann, explique Nathan Dauphin. Selon l’agriculteur, la franchise à laquelle il appartient, et qui existe depuis une dizaine d’années, parvient à conserver environ la moitié des sapins loués, après usage. 

 


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Pesticides, croissance des sapins… des questions qui persistent 

 

Sur son site, Ecosapin.fr, assure que si un résineux n’a pas repris son cycle de vie après avoir été replanté, ce dernier sera revalorisé en biogaz, via un processus de méthanisation agricole. Ils peuvent également être replantés sous formes de haies, pour reboiser une parcelle, ou encore être transformés en nutriment pour les chèvres, et en copeaux, complète Nathan Dauphin.  

Fréquemment mise en avant dans la fin de vie des sapins, « la valorisation énergétique des végétaux est un terme pompeux pour dire qu’on les brûle », estime de son côté Ingrid Vanhée. Pour éviter l’émissions de particules fines dans l’atmosphère lors de la combustion, l’opération doit être réalisée en respectant plusieurs critères de mise en œuvre. « Il faut s’assurer que l’on ne transfère pas un problème vers un autre », pointe l’ex-directrice adjointe de Noé. 

L’autre problème persistant avec les sapins naturels, même en pot et loués, est celui des pesticides utilisés lors de la culture. Un rapport de l’association Agir pour l’environnement de 2022 avait notamment montré que sur 13 sapins conventionnels achetés, 11 contenaient des traces de 13 pesticides différents. Une situation causée par les monocultures de sapins, particulièrement fragiles face aux insectes et maladies, mais qui peut potentiellement impacter la biodiversité des forêts avoisinantes.  

En France, seulement 1 % des sapins naturels commercialisés chaque année sont labellisés biologiques, et donc garantis sans pesticides. De nouveaux labels apparaissent cependant pour la culture de sapins, comme le label IGP Morvan, dont le dossier validé par l’Institut national des appellations d’origine est en cours d’évaluation par l’Union européenne, et qui comprend des critères environnementaux, dont l’obtention d’une certification Plante bleue ou Agriculture biologique. 

D’autres enjeux persistent en outre, comme l’impact écologique du transport ou le stockage au fil de la croissance des sapins, qui peuvent atteindre à l’état naturel plus de 60 mètres de haut, en fonction des variétés. 

 


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D’autres solutions existent 

  

Pour Nathan Dauphin, le stockage à venir n'est pas un problème, grâce aux bâtiments agricoles. En revanche, l'agriculteur confie de « ne pas avoir encore de recul sur les manières dont les sapins vont évoluer », après leur passage chez ses clients. 

« La location de sapins en pot est encore récente en France et il y a besoin de recul sur plusieurs années pour se rendre compte véritablement des impacts », considère également Ingrid Vanhée. « La pratique est intéressante, car elle évite d’acheter un arbre mort mais elle n’est pas une solution miracle », résume-t-elle.

Celle qui accompagne les entreprises à prendre en compte la biodiversité appuie sur les autres solutions qui existent pour célébrer Noël, tout en respectant la nature. Décorer un arbre de son jardin ou une de ses plantes d’intérieur, fabriquer un faux sapin soi-même en bois ou en carton, « il y a mille manières d’être plus respectueux. À nous d’être créatifs et curieux tout en faisant évoluer notre rapport au vivant », met-elle en avant. 

Les sapins en plastique, fabriqués majoritairement en Asie, sont quant à eux peu recommandés. Ils doivent en effet être conservés au moins vingt ans pour compenser leur impact carbone et ne sont pas recyclables. 

 

Élisabeth Crépin-Leblond

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