Le secteur associatif marqué par de faibles inégalités salariales
Les associations ont procédé à des augmentations salariales relativement importantes en 2023, révèle la 3e édition du Baromètre des salaires dans le secteur associatif réalisé par le cabinet Tenzing. Elles ont notamment cherché à revaloriser les postes les moins bien rémunérés, mais aussi certains postes clés pour lesquels les compétences se font rares. Au total, l'échelle des salaires est relativement réduite dans le secteur.

Malgré un contexte marqué par la baisse des subventions publiques et par une inflation durable, le secteur associatif s’efforce de valoriser ses salariés et d’améliorer leurs rémunérations. C’est ce que montre la 3e édition du Baromètre des salaires dans le secteur associatif, réalisé par le cabinet Tenzing, lui-même constitué sous forme d’économie sociale et solidaire, mais aussi labellisé B-Corp et société à mission. Ce baromètre a été réalisé auprès de 27 associations, comprenant 54 salariés chacune en valeur médiane.
Des augmentations significatives en 2023
Premier enseignement de ce baromètre : malgré leurs difficultés, les associations ont procédé à des augmentations de salaires significatives en 2023, sous forme collective (+3,12 % en moyenne pour les cadres, +3 % pour les non-cadres) comme sous forme individuelle (+4,70 % pour les cadres, +4,27 % pour les non-cadres). Le baromètre ayant été réalisé au début de l’année 2024, ces organisations indiquaient également avoir l’intention de procéder à des augmentations collectives relativement importantes en 2024 (3,10 % pour les cadres, 3,5 % pour les non-cadres).
Rappelons que le taux d’inflation était de 4,9 % en France en 2023. Les augmentations moyennes (collectives plus individuelles) proposées par les associations étaient donc supérieures à ce taux, traduisant une volonté d’améliorer le pouvoir d’achat de leurs salariés.

Des primes individuelles et collectives
Deuxième enseignement : la pratique des primes individuelles et collectives semble se diffuser dans les associations. Le montant moyen versé en prime collective était de 710 euros pour les cadres en 2023 et de 618 euros pour les non-cadres, soit une augmentation de 14 % par rapport à 2022 pour les cadres mais une baisse de 20 % pour les non-cadres. Le montant moyen des primes individuelles était de 1271 euros (+49 %) pour les cadres et 594 euros (-10 %) pour les non-cadres.
Cette différence entre cadres et non-cadres s’explique, selon le cabinet Tenzing, par la volonté de récompenser le travail des cadres et de les fidéliser, dans un contexte de concurrence accrue avec le secteur privé et de difficultés de recrutement sur certains postes-clés.
Les postes liés au mécénat et la gestion comptable, notamment, sont de mieux en mieux rémunérés au sein des associations, dans le but d’attirer et de fidéliser les talents. Cette évolution traduit l’importance accrue de la question des financements pour les associations.
De faibles inégalités salariales
Troisième enseignement : les associations sont particulièrement attentives à la question des inégalités salariales et du partage de la valeur. Ainsi, le rapport médian entre le salaire le plus bas et le salaire le plus haut n’est que de 2,72 en 2023, alors qu’il peut être dix ou cent fois plus élevé dans l’économie conventionnelle.
En 2023, les associations interrogées dans le baromètre indiquent notamment avoir mis en place des politiques de revalorisation des bas salaires. Ainsi, les animateurs, qui ont la rémunération la plus faible du panel étudié (environ 25 000 euros bruts annuels), ont connu une revalorisation salariale moyenne de 8 % en 2023. Ce métier reste précaire, avec un fort turn-over. Néanmoins, cette évolution des rémunérations montre une volonté des associations de valoriser ce métier et de fidéliser davantage ses animateurs.
Des écarts de rémunération entre siège et terrain
Enfin, on note des écarts de rémunération entre les postes situés dans les sièges des associations et ceux situés sur le terrain. Sur les fonctions de directeurs, les postes « siège » sont en moyenne 1,5 fois mieux payés que sur les postes « terrain ». Sur les postes de « responsables », ce rapport est de 1,26, le salaire médian pour l’ensemble des postes de responsables étant de 41 000 euros bruts. Sur les postes de « chargés », le rapport est de 1,18 entre siège et terrain, et le salaire médian d’ensemble de 30 555 euros bruts par an.
Camille Dorival